Les Meilleurs films de 2012 selon Laterna Magica

Et voilà, bye bye 2012. L’année cinéphile se sera avérée  mi figue, mi raisin. Non pas tant qu’elle ait été tellement décevante, mais plutôt parce qu’elle a ménagé le chaud et le froid, entre premiers films flamboyants, et des grandes signatures qui n’ont cette année pas forcément livrés leur meilleur cuvée.  Il faut dire que le festival de Cannes, généralement pourvoyeur des plus grand films de l’année et un très bon indicateur de l’état général du monde cinématographique, a largement laissé ses festivaliers sur leur faim. Dans notre classement, on en relève seulement trois qui ont concouru pour la Palme d’Or, plus un autre que l’on a vu à Un Certain regard et qui a remporté sur la Croisette la Caméra d’Or. Heureusement, il n’y a pas qu’à Cannes que l’on peut voir les meilleurs films de l’année. Ce classement en témoigne, composé de films provenant d’horizons (à tout point de vue) très divers. On l’admet, beaucoup de ces films ont connu une diffusion en salle dès plus confidentielles. Hélas… En tout cas, ce sont vraiment les films que l’on a adoré cette année.

C’est là aussi que 2012 n’aura pas été tout à fait à la hauteur : on aura pas défendu tous ces films comme ils le méritaient pourtant tellement. Laterna Magica s’est complètement perdu tout le deuxième semestre, pour des raisons variées et qui se sont malheureusement cumulées. On s’est promis d’y remédier, de revenir à plus d’assiduité, parce que certains films valent vraiment la peine que l’on parle d’eux, et parce qu’a vue de nez, 2013 s’annonce plein de promesses.

Avec tous nos voeux pour la nouvelle année,

Benoît Thevenin

 

Le classement 2012 de Laterna Magica

1. Portrait au crépuscule d’Angelina Nikonova (Russie)

Radiographie d’une société russe malade, en perdition, ce premier film de la jeune réalisatrice Angelina Nikonova est un sommet de noirceur. Un film dérangeant, malsain, qui ne sonde pas seulement la société russe, mais qui explore l’âme humaine jusqu’à ses profondeurs les plus ténébreuses. Portrait au crépuscule, porté par la sublime et impressionnante Olga Dykhovichnaya (également co-scénariste du film et qui collabore de nouveau avec Angelina Nikonova pour leur prochain long-métrage) provoque, met mal à l’aise, questionne, et s’est installé très durablement dans nos consciences.

 

2. Holy Motors de Leos Carax (France)

Pour la beauté du geste. Peut-être le film le plus libre et le plus fou de cette année. Holy Motors est presque le chef d’oeuvre d’une vie entière, celle d’un cinéaste immense et insaisissable. (Lire notre critique)

3. Quelques heures de printemps de Stéphane Brizé (France)

Le talent de Stéphane Brizé n’est pas encore reconnu au niveau qu’il devrait. Quelques heures de printemps, sur un sujet très proche d’Amour, que l’on a beaucoup aimé aussi (souvenez vous en) est un film infiniment plus sincère, plus beau, plus fort, plus pur et plus honnête que celui de Michael Haneke. Quelques heures de printemps n’ambitionne certes aucune claque d’ordre esthétique, et pourtant, le talent du cinéaste est immense. Toute la richesse du film se situe bel et bien dans la finesse et la justesse de son regard, à tel point que les scènes les plus simples en apparence, sont les plus bouleversantes. L’affiche (Brizé, Lindon, Vincent) n’est pas aussi clinquante que celle d’Amour (Haneke, Trintignant, Riva), mais il ne faut pas s’y tromper…

4. Les Bêtes du sud sauvage de Benh Zeitlin (Etats-Unis)

Il s’agit là aussi d’un premier film. Et quel premier film ! Un véritable feu d’artifice, un film au confluent des genres, des influences, des mythes etc. Une leçon de courage, un hymne à la vie, un cri d’amour. Benh Zeitlin décrit le chaos à sa manière, dans un mélange d’innocence et de poésie toute fantasmagorique, et sa maîtrise totale est simplement stupéfiante. (Lire notre critique).

5. Le Sommeil d’or de David Chou (France)

En partant à la recherche des vestiges d’un cinéma cambodgien disparu, David Chou réussi d’abord à recréer lui même du cinéma, et ce n’est pas une mince réussite. Le Sommeil d’or n’est pas qu’un simple documentaire en forme de retour aux racines, il s’agit d’un film précieux, un témoignage poignant, le récit d’un âge d’or et celui d’une utopie cinéphile. Le Sommeil d’or est un merveilleux hommage à la persistance de la mémoire.

6. Tabou de Miguel Gomes (Portugal)

Peut-être la première partie du film est un peu âpre, et il faut une nécessaire patience pour être éblouie par la magie de cette aventure incroyable et largement nourrie par le cinéma de l’âge d’or Hollywoodien. Il est cependant ridicule de réduire le film à cette seule dimension. Tabou est un film étrange, audacieux, résolument moderne, en même temps qu’une aventure exceptionnelle. (Lire notre critique)

7. Le Temps dure longtemps d’Özcan Alper (Turquie)

Le film d’Özcan Alper n’épouse pas la même démarche que celle de David Chou pour Le Sommeil d’or, et pourtant, d’une certaine manière les films se répondent, sans chercher tout à fait la même chose, sans aboutir à un même résultat. Ils se ressemblent par leur profondeur poétique, pour leur ambivalence entre fiction et documentaire, et parce que comme chez David Chou, Özcan Alper suit à travers son héroïne les traces d’une tragédie historique. Le film, le second du cinéaste turc, est un film dur, ambitieux, par forcément évident à saisir entièrement, mais dont la puissance nous ravage littéralement. L’expérience de ce film a été pour nous, la première autant que la deuxième fois, sublime. (Lire notre critique)

8. Le Voyage de Monsieur Crulic d’Anca Damian (Roumanie)

Entre Les Enfants-Loups et Couleur de peau : Miel, le cinéma d’animation nous a encore gâté cette année. Le film le plus impressionnant demeure cependant, pour nous, ce Voyage de Monsieur Crulic. Anca Damian utilise les moyens de l’animation et réalise un documentaire terrible, qui relate la mort des suites d’une grève de la faim d’un jeune roumain victime d’un système judiciaire et politique injuste, corrompu, et qui nie ses propres erreurs. L’histoire de Crulic, en elle même, ne manque pas d’interpeller. Mais si le film est si remarquable, c’est parce que l’animation est audacieuse, inventive, et totalement au service de son sujet. On ne ressort pas tout à fait indemne d’un tel film. (Notez sinon, que Le Voyage de Monsieur Crulic, sorti en salle en catimini et quelques jours avant Noël, a remporté le Cristal du meilleur long-métrage lors de la dernière édition du festival d’Annecy).

9. God Bless America de Bobcat Goldthwait (Etats-Unis)

Bobcat Goldthwait ne doit pas être loin d’être le cinéaste  comique le plus corrosif en activité actuellement aux Etats-Unis. Avec God Bless America, petit bijoux de misanthropie et d’humour noir, le cinéaste tape juste et fort, n’épargne quasiment personne, même si l’on regrette un  petit poil de moral qu’il n’aurait pas été déplaisant de dégoupiller aussi.

10. Cosmopolis de David Cronenberg (Canada)

Cronenberg a transposé très habilement, et fidèlement, le ténébreux et déroutant roman de Don De Lillo. Le résultat n’est pas moins étrange et fascinant, et même si le film a largement divisé, il nous parait un sommet de l’oeuvre de David Cronenberg. (Lire notre critique)

 

11. Margin Call de J. C. Chandor (Etats-Unis) Lire notre critique

12. Au dela des collines de Cristian Mungiu (Roumanie) Lire notre critique

13. Les Adieux à la Reine de Benoît Jacquot (France) Lire notre critique

14. La Cabane dans les bois de Drew Goddard (Etats-Unis) Lire notre critique

15. Le Raid de Gareth Evans (Indonésie) Lire notre critique

 

Maintenant, à vous de jouer ! Nous vous invitons à partager en commentaire ici, ou bien par mail à cette adresse laternamagica@hotmail.fr , vos propres classement des meilleurs films de l’année écoulée. Comme tous les ans, cela servira a établir le classement des lecteurs 

Lire aussi :

  1. Les meilleurs films de 2011 selon Laterna Magica
  2. Cannes 2012 : Le Palmarès de Laterna Magica
  3. Best of 2011 : le classement des lecteurs de Laterna Magica
  4. [Le Monde selon Bush] Portrait du réalisateur William Karel
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3 commentaires sur “Les Meilleurs films de 2012 selon Laterna Magica”

  1. FredMJG dit :

    Ozcan a bien de la chance d’avoir fait un si beau film :)

  2. selenie dit :

    Quel joie de voir « Quelques heures de printemps » sur ton podium ! Je me sens moins seul :)

  3. Cyrmen dit :

    Avec pas mal de retard, pas mal de trous dont certains que je verrais très prochainement (dont Tabou, God Bless America, Amour, les Bêtes du Sud sauvage et pas mal d’autres…), mon top 20 « plus ou moins dans l’ordre ».

    Millenium, De Rouille et d’Os, Café de Flore, Broken, Moonrise Kingdom, Laurence Anyway, Portrait au Crépuscule, , Louise Wimmer, Tyranosaur, Take Shelter, Summertime, Oslo 31 aout, Cloclo, Cosmopolis, Kill List, Holy Motors, Faust, Twixt, Le Grand soir, Le temps dure longtemps.

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