La Cabane dans les bois (The Cabin in the Woods) de Drew Goddard (2012)

Cinq amis partent pour un week-end dans une cabane perdue au fond des bois. Ce point de départ est commun à d’innombrables films d’horreur mais, de la même manière que toutes les histoires sont possibles à partir du plus lapidaire des canevas – boy meets girlLa Cabane dans les bois utilise un principe ultra éculé mais pour mieux le détourner et, au final, livrer un des films les plus hallucinant et inventif depuis des lustres…

Le film est né de la collaboration entre Drew Goddard, connu comme scénariste de Cloverfield, et Joss Whedon, le créateur de la culte série Buffy contre les vampires, revenu sur le devant de la scène avec la sortie de Avengers, sa deuxième réalisation. Concernant  Drew Goddard, admettons que Cloverfield vaut davantage pour sa mise en scène en immersion complète par Matt Reeves, que pour son scénario, somme toute basique. Quant à Joss Whedon, son travail avec Buffy suffit à prouver son goût pour la mythologie fantastique. Les deux ont co-écrit La Cabane dans les bois et partagé la réalisation, quand bien même Whedon n’est crédité là qu’en tant que réalisateur de seconde équipe.

Le scénario délivre sans ménagement des informations pour le moins étonnantes et, puisque rien ne nous est cependant expliqué, intrigantes. Les cinq amis sont en route pour leur cabane perdue mais ils sont surveillés à distance depuis une salle de contrôle, comme s’ils étaient les cobayes d’une expérience grandeur nature ou bien les participants malgré eux d’un vaste show de télé-réalité à l’exemple du Truman Show. La vérité sera très éloignée de ces deux possibilités là.

La réussite de La Cabane dans les bois consiste à déjouer toutes les attentes possibles, à détourner tous les codes inhérent aux genres horrifico-fantastique, le tout dans un esprit de révérence envers ces mêmes genres. Les auteurs offrent un film qui doit tout au fantastique. Mieux que ça, La Cabane dans les bois réussit la prouesse de condenser en 1h30 de film toute l’histoire des arts fantastiques et de l’horreur, convoquant au passage tout le bestiaire né de l’imaginaire de tous les auteurs fantastiques du monde depuis au moins trois siècles !

A ce stade de la critique, on vous en a déjà dit trop. Tout l’intérêt de La Cabane dans les bois réside aussi dans le le fait de ne rien savoir du tout avant de voir le film, et de se laisser surprendre par cette histoire follement originale et totalement géniale. Cela dit, on s’est quand même retenu d’en dire trop, pour justement ne rien gâcher du plaisir proposé. Le film est malin, excitant, drôle aussi, mais également un formidable exutoire. Il est a priori impossible d’anticiper ce qu’il va se passer, à aucun moment, tant les auteurs vont jusqu’au bout de leur folie et sans jamais perdre le fil.

Autant dire que le film constitue une surprise pour le moins inattendue et qui devrait pouvoir réunir à la fois les plus accrocs aux univers du fantastique (le cameo final est d’ailleurs un autre très beau cadeau qui nous est offert), et un public bien plus large, adepte des films d’horreur soft, dans lesquels il n’y a pas trop de sang et une peur timidement distillée. Joss Whedon et Drew Goddard jouent tellement habilement de tous les registres, qu’il y en a pour tout le monde, faisant preuve d’une générosité proprement monstrueuse et réjouissante.

Benoît Thevenin

La Cabane dans les bois ****

Sortie française le 2 mai 2012

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  1. Robin des bois (Robin Hood) de Ridley Scott (2010)
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3 commentaires sur “La Cabane dans les bois (The Cabin in the Woods) de Drew Goddard (2012)”

  1. Bruce kraft dit :

    Je savais qu’il y avait une arnaque « adepte des films d’horreur soft, dans lesquels il n’y a pas trop de sang et une peur timidement distillée »….je ne suis pas vraiment de ce genre mais bon faut aussi de temps à autre manger du film d’horreur mainstream ça fait du bien et c’est divertissant. Un avis qui me ferait presque changer d’avis sur ce film!! 😉

  2. J’entends par là que le film n’est pas du tout gore, ce que certains regretterons peut-être.. A tord car le gore ne serait d’aucune utilité ici. Le film n’a rien a priori qui est susceptible de faire tourner de l’oeil quelques âmes sensibles, mais il y’a quand même assez de surprises à mon avis, et à tous points de vue, pour que l’on sursaute quelques fois 😉

  3. Axel dit :

    Note pour plus tard : Ne plus jamais lire de critiques avant d’avoir le film.
    Note pour plus tard : Ne plus regarder les bandes annonces.

    Ce qui ne m’a pas empêché de prendre bien du plaisir devant ce film, reconnaissant la patte de Joss Whedon, que j’ai pu tant apprécier dans Buffy et Angel.

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