[FICA 2016] Under Construction de Rubaiyat Hossain

underconstruction

Festival des Cinémas d’Asie de Vesoul – En compétition

Roya interprète depuis 12 ans le rôle de Nandini dans la pièce politique « Les Lauriers-rouges-roses » de Rabindranath Tagore. La jeune femme est mise sur la touche, remplacée par une actrice plus jeune, en même temps qu’elle est lasse d’incarner ce rôle, un archétype de la femme Bengalie, mais qu’elle juge trop dévouée aux autres et qui ne correspond pas à sa conception moderne de la condition féminine. Roya vit d’ailleurs en toute indépendance, mariée à un homme d’affaire qui ne la délaisse pas mais qui lui met un peu la pression pour fonder une famille. Roya est aussi très proche de sa jeune servante, Moyna, laquelle entretien une relation secrète avec un ouvrier.

L’histoire se déroule à Dacca (capitale du Bangladesh), une ville en pleine expansion économique et dont la croissance dépend principalement de l’industrie textile. Des panneaux publicitaires s’affichent même dans les rues pour vanter l’importance de cette industrie pour l’économie du pays. Roya, elle, n’est guère concernée par cette problématique là. Elle est une femme de la classe moyenne, une comédienne respectée mais en plein doute. Alors que Dacca se transforme à grande vitesse, elle n’est qu’une témoin passive de cette marche en avant. Derrière sa télé, ou depuis la vitre du taxi la promenant dans les rues, elle observe tout à la fois les immeubles qui se construisent, la misère des petites gens et la pression de plus en plus forte mise par les islamistes.

Ce Dacca est celui qui verra bientôt l’effondrement du Rana Plaza, cet immeuble qui abritait les ateliers de confection textiles et où 1135 personnes ont trouvé la mort le 24 avril 2013. Le personnage de Roya est intéressant pour la position neutre qu’elle occupe dans cette société en pleine mutation, en plein développement, et où de nouveaux espoirs naissent. Roya elle-même caresse le rêve d’une adaptation moderne de la pièce de Tagore, laquelle se déroule dans le décor d’un atelier de confection, et qu’elle pourrait jouer à travers le monde, notamment en Europe. En mettant ainsi en parallèle l’émancipation d’une jeune femme de la classe moyenne, et celle de toute une société en prise avec ses contradictions, la réalisatrice Rubaiyat Hossain réussi un beau portrait de femme et permet en même temps de révéler en partie la situation économique d’un petit pays longtemps réputé comme étant l’un des plus pauvres au monde, et qui a payé cher le 24 avril 2013, le prix de sa croissance économique.

B.T

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