[FICA 2016] Another way de Cho Chang-ho

anotherwayweb

 

Festival des cinémas d’Asie de Vesoul 2016 – En compétition

Le rideau ouvre sur une discussion en ligne entre deux inconnus. Deux personnes en souffrance se cachent derrière les pseudonymes de Blackbird et Whitebird. Les mots sont relativement évasifs, mais l’on devine qu’un sombre projet est en préparation. Les identités des protagonistes sont vite révélées. La jeune Jeon-wan s’occupe de sa mère paralysée et subit un père répugnant. Han Su-won est lui un policier traumatisé par le suicide de sa mère quand il était enfant et qui va bientôt endosser la responsabilité d’un grave accident de la route.

C’est une constante dans le cinéma coréen, le cadre narratif est particulièrement sombre, affecté, sinon désespéré. Cho Chang-ho échappe pourtant à l’écueil du mélo lourdingue et livre un film tout en retenue, dans lequel les personnages ne semblent jamais condamnés d’avance. C’est même toute la force de ce métrage – peut-être même tout le sens de ce titre Another Way – de ne pas emprunter nécessairement les chemins les plus balisés et de construire de l’espoir là où il est a priori éteint.

Présenté en compétition à Vesoul, Another Way illustre un phénomène de société préoccupant en Corée. Le pays enregistre depuis plusieurs années l’un des plus fort taux de suicide parmi les pays de l’OCDE. Ce que le film montre de la vie des personnages, au delà du mal être qui affecte si lourdement leur existence, c’est cette absence de combativité, d’idée et d’initiative pour s’extraire de la douleur qui les accable. Jeon-wan autant que Han Su-won, semble résignés et abattus. Le pathos qui menace de dégouliner à chaque instant ne se déverse cependant jamais. Cela tient pour beaucoup à l’incarnation des comédiens, tous les deux attachants et sensibles, malgré le poids de la tristesse qu’ils portent en eux, mais aussi au caractère sensible du regard du cinéaste Cho Chang-ho, plutôt bienveillant et doux, avec une manière très éloquente de ne jamais appuyer là où ça fait le plus mal aux personnages.

B.T

Lire aussi :

  1. [FICA 2016] La Nuit d’Erden Kiral
  2. [FICA 2016] Invisible de Lawrence Fajardo
  3. [FICA 2016] Walnut tree de Yerlan Nurmukhambetov
  4. [FICA 2016] Tharlo de Pema Tseden
Email

Laisser une réponse