[FICA 2016] La Nuit d’Erden Kiral

 

la nuit

 

Festival des cinémas d’Asie de Vesoul 2016 – En compétition

La dispute inaugurale entre Süsen, épicentre du récit à venir, et Yusuf, son mari-maquereau, donne immédiatement le LA d’un film ambitieux où s’affrontent diverses contradictions, à commencer par celle entre amour et haine. Süsen, sa soeur et ses deux frères se débattent chacun dans leur coin, dans le milieu interlope de la nuit à Izmir. Les relations sont tendues, violentes, mais les enjeux narratifs ne sont pas vraiment expliqués. Tout juste comprend t’on que l’engagement politique des deux frères, le plus jeune surtout, tout à la fois menace la famille de se désintégrer et en même temps permet un rapprochement peu évident entre les membres.

Erden Kiral prend le parti de ne pas expliciter les enjeux politique qui nouent cette histoire, preuve en est que ce qui l’intéresse d’abord, ce sont les personnages. Süsen est en effet au centre de toutes les attentions et de toutes les convoitises. Elle est à la fois l’appât, la femme-fatale, la séductrice, mais aussi la femme-courage, une battante fragile et qui ne renonce jamais.

Le film donne parfois l’impression de brasser du vent, s’étire dans des scènes longues dont on ne perçoit pas exactement la justification. La mise en scène esthétisante, le montage qui à certains moments s’accélère de manière quasi frénétique, tout ceci confine un peu à l’esbroufe en même temps que cela emporte le spectateur dans une sorte de grand tourbillon. Cette plongée dans La Nuit est noire, dangereuse, et laissera peu de place à l’hypothèse d’une sortie, pour les personnages, par le haut. La trajectoire de Sûsen, omniprésente tout au long du film, est supportée par Nurgül Yesilçay,  impressionnante ici et déjà vue dans De l’autre côté de Fatih Akin (dans le rôle de la jeune militante). Son personnage est le catalyseur de toutes les tensions et de toutes les poussées de fièvre, et c’est par elle principalement que l’on vibre ou que l’on désespère.

B.T

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