Fausta (La Teta Asustada) de Claudia Llosa (2009)

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Trois ans après le troublant Madeinusa, Claudia Llosa signe son second long-métrage, toujours avec Magaly Solier dans le premier rôle. Le film est d’une certaine manière dans le prolongement direct du premier, avec encore une atmosphère trouble, une forte imprégnation religieuse et un caractère réellement envoûtant. Madeinusa avait été remarqué à sa sortie.  Fausta a lui reçu le Lion d’Or du dernier festival de Berlin, augurant de belles promesses qui sont effectivement tenues.

Le titre original, La Teta Asustada, littéralement « Le sein effrayé« , est traduit dans les sous-titres qui accompagnent le film par « le lait de la douleur« . Ce sens là est plus juste.

Le film ouvre avec une vieille femme allongée sur son dernier lit et qui chante sa souffrance. On apprend qu’elle a été violée par des miliciens pendant la dictature des années 80. Le récit est affreux mais désamorcé par la douceur de la mélodie. Fausta, l’héroïne éponyme, est sa fille unique. Elle souffre d’un mal curieux, d’une peur viscérale qui selon la croyance lui aurait été transmise dès la naissance par le lait maternel. Son traumatisme elle le compense avec une ceinture de chasteté à la fois rudimentaire et monstrueuse. Elle s’est introduit une pomme de terre dans son vagin, une pomme de terre qui pourrit, germe et la rend malade, mais une pomme de terre qui tout au long du récit va aussi être le symbole de son ouverture au monde.

Le film oscille entre différents registres, entre réalité et fantasme, entre violence psychique et dureté des rapports entre les individus (et pas seulement du fait des clivages sociaux). Fausta est imprégné du folklore locale. Ce Pérou rural, on commence a en avoir une image bien déterminée tant les deux longs-métrages de Claudia Llosa se répondent et répondent aussi à Altiplano, découvert à Cannes à la Semaine de la Critique et qui devrait sortir dans les mois à venir. Ces trois films on en plus un point commun, l’incarnation par Magaly Solier d’un personnage toujours pur qui évoque à chaque fois la Vierge. L’actrice, par son charme atypique, par son jeu qui nous fait ressentir toute la pression psychologique qui pèse sur son personnage, est réellement celle par qui toutes les émotions passent. Et c’est valable pour chacun des trois films, pas seulement Fausta. Magaly Solier habite littéralement ses personnages. Elle est une fantastique révélation.

B.T

Fausta ****

Sortie française le 17 juin 2009

Lire aussi :

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Un commentaire sur “Fausta (La Teta Asustada) de Claudia Llosa (2009)”

  1. Vincent dit :

    Je confirme tout le bien que tu dis du film et de Magaly !

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