Vicky Cristina Barcelona de Woody Allen (2008)

Ce n’est pas tous les ans que Woody Allen débarque à Cannes (il y a quand même présenté dix films hors-compétition, dont Match Point et celui-ci). Au-delà des paillettes, le festival peut-être assez austère, de part les films qu’il propose, souvent graves, voire radicaux. Vicky Cristina Barcelona aura cette année rafraîchi à lui seul l’ambiance générale de cette édition…

Woody Allen a depuis quelques années déjà abandonné Manhattan et établit ses quartiers, dans un premier temps, à Londres. Match Point avait fait l’évènement à Cannes – déjà – et le film était pas loin d’être le plus sombre, sans doute le plus cynique des films de l’intello rigolo new-yorkais. Cette fois, Allen pousse son aventure plus au sud, vers cette vieille Europe qu’il a toujours chéri, mais vers un soleil que l’on avait probablement jamais aperçu dans son cinéma, même concernant ces films les lumineux.

Vicky Cristina Barcelona aura donc été la bouffée de chaleur la plus incontestable du dernier festival de Cannes. Parce que le film est plaisant d’abord, et même vraiment bon. Parce qu’il est chaleureux et coloré comme peuvent l’être Barcelone et l’Espagne. Parce que malgré son cynisme là encore très affûté, le film est aussi drôle et léger.

Vicky Cristina Barcelona est dans la continuité de Match Point, et précisément pour ce cynisme qu’ils partagent. Le cinéaste continue de se renouveler mais toujours dans une certaine continuité, et plus que jamais au gré de ses pérégrinations. Le symbole du film, c’est cette chanson qui ouvre le métrage. Un film de Woody Allen s’ouvre toujours selon ce principe et la mélodie donne le ton. Celle-ci, légère et entraînante, ne contredira rien.

S’ensuit une première séquence délicieuse de drague au restaurant. Rebecca Hall est d’emblée une magnifique découverte et Scarlett Johansson, plus blonde que jamais, se confirme comme jamais mieux filmée que quand elle l’est par Allen. Javier Bardem est lui un modèle indépassable et fascinant de séducteur macho. Les personnages sont tous de caractère et tous très déterminés. Les garçons se rêverons en Javier, tandis que les filles auront le choix de se reconnaître en Rebecca, Scarlett ou même plus tard dans le tempérament de feu de Penélope Cruz, une tornade qui bouleversera et balaiera tout sur son passage.

Les femmes sont donc gagnantes à tous les niveaux, parce que Woody Allen leur offre la part belle et qu’en plus elles triomphent, même si dans une certaine douleur. Mais on revient à la séquence inaugurale, un échange direct, décomplexé, courtois, résolument moderne, ou les cartes sont distribuées et ou déjà ce sont les femmes qui dirigent et contrôle plutôt que cet homme léger qui se voit en maître…

Benoît Thevenin


Vicky Cristina Barcelona ****

Sortie française le 8 octobre 2008

Lire aussi :

  1. Whatever Works de Woody Allen (2009)
  2. Minuit à Paris (Midnight in Paris) de Woody Allen (2011)
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  4. Prends l’oseille et tire-toi (Take the money and run) de Woody Allen (1969)
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Aucun commentaire sur “Vicky Cristina Barcelona de Woody Allen (2008)”

  1. Nina dit :

    Pour résumer cet article : dans Vicky Cristina Barcelona on est en Espagne et les actrices sont belles. Et c’est effectivement tout ce qu’on peut y trouver de bien. Les quelques pseudo réflexions sur l’art ou sur la vie sont superficielles, cette histoire de ménage à trois n’est absolument pas plausible et Scarlett Johansson joue scrupuleusement le même personnage que dans Match Point. Alors d’accord, le film reste sympa, mais pourquoi, sous prétexte que c’est Allen, en faire un chef d’oeuvre?

  2. Benoît Thevenin dit :

    Bonjour Nina :)

    C’est quand même très réducteur. Déjà, loin de moi l’idée de faire de ce film un chef d’oeuvre mais.. j’ai beaucoup aimé et le tiens pour un des meilleurs films de Woody Allen de ces dernières années.

    Je suis d’accord, le ménage à trois n’est absolument pas crédible mais je crois que c’est justement la volonté de Woody Allen de forcer le trait. Le personnage de Javier Bardem c’est un peu le mec que tous les mecs veulent être, un fantasme donc. Idem pour les filles qui ont le choix de se reconnaître entre 3 tempéraments radicalement différents.

    Les considérations sur l’art sont foireuses certes, mais je pense que l’intérêt du film est ailleurs, dans un version moderne, décomplexée des rapports amoureux.

    J’aime beaucoup le film, surtout pas parce que les actrices y sont belles (d’ailleurs, je suis loin d’être fan de ces 3 là), mais pour ce que j’ai tenté d’expliquer par ailleurs.

    Et sinon, la politique des auteurs, je ne dis pas que je suis incorruptible à ce niveau, mais je fais de mon mieux pour être toujours sincère et honnête, peu importe le nom du cinéaste :)

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