Whatever Works de Woody Allen (2009)

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Woody Allen tournera bientôt à Paris, c’est acquis. Il continuera donc son périple européen initié avec « Match Point » mais en attendant le cinéaste s’offre une parenthèse, un petit retour dans sa bulle new-yorkaise. Et c’est un petit bijoux d’humour comme seul Woody Allen en a le secret…

L’âge avançant, Woody Allen ne perd rien de sa verve, de son délicieux sens sarcastique, ni même de son étonnante capacité à tenir le rythme d’un film par an. Whatever Works (ndlr : du moment que ça marche), débarque dans les salles dans une certaine indifférence. Woody Allen a délaissé l’ambition de ses derniers films et revient a quelque chose de simple et quelque peu épuré : retour à New York pour un vaudeville très théâtral et porté par des acteurs jeunes et moins jeunes dont la notoriété internationale reste à établir. On est loin du faste et du glamour de ses dernières productions. Et pourtant, si rien ne semble indiquer a priori un grand cru, ce nouveau Woody Allen est délectable, plein d’esprit et rafraîchissant.

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Preuve de la malice intacte du cinéaste, cette ouverture d’abord très banale dans laquelle on découvre le personnage principal (un vieux scientifique très érudit et misanthrope), mais qui se conclut délicieusement par un échange directe avec le public de la salle. Cette interpellation à notre endroit est simplement savoureuse.

Le héros et narrateur est incarné par Larry David (Radio Days, Seinfeld). Il est un véritable double de Woody Allen lui même, le petit génie new-yorkais n’apparaissant plus dans ses films depuis un moment déjà (Anything Else en 2003 et Scoop en 2006). Larry David est donc Boris, un vieil intellectuel sarcastique qui autant physiquement que dans ses mimiques évoque les personnages qu’a pu incarner  Woody Allen. Boris fait la rencontre avec une jeune fille très naïve et très idiote (Evan Rachel Wood) qu’il recueille chez lui et qui le navre. Les deux ne partagent rien de commun et c’est ce qui va finir par les attirer, cette complète opposition à tous les étages de leur relation. Résultat, ils se marient…

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Inévitablement on pense au propre mariage de Woody Allen avec Soon-Yi Prévin, mais ce n’est pas de celà qu’il s’agit. Les dialogues sont succulent, les situations irrésistiblement drôles. On passe un excellent moment. Mais on se rend compte aussi d’une relative audace de la part du cinéaste. On s’est aperçu depuis quelques années, depuis Match Point en particulier, d’un certain tournant dans la manière qu’a le cinéaste de raconter l’amour, les sentiments. On est pas dans le registre de Vicky Cristina Barcelona mais tout ce qui constitue les unions de nouveaux ménages très improbables dans la dernière partie du film, relève quand même d’un caractère assez inédit de la part de Woody.

Le cinéaste arrive donc encore à nous surprendre, prouve que son intelligence, sa science de la comédie pure etc. restent particulièrement affûtés. Alors Whatever Works ne paye pas de mine mais on vous garantis un vrai plaisir à la découverte de ce nouvel opus tout de même typiquement Allenien.

Benoît Thevenin


Whatever Works ****

Sortie française le 1e juillet 2009

Lire aussi :

  1. Match Point de Woody Allen (2005)
  2. Woody Allen : A documentary de Robert B. Weide (2012)
  3. Prends l’oseille et tire-toi (Take the money and run) de Woody Allen (1969)
  4. Café Society de Woody Allen (2016)
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Aucun commentaire sur “Whatever Works de Woody Allen (2009)”

  1. cyrmen dit :

    J’ai vraiment adoré ^^
    Franchement ça faisait un moment que Woody et moi on s’entendait plus trop. Vicky Cristina, je suis passé totallement à côté, Scoop est oublié depuis un bail…Match Point était bon mais bon c’était pas du pur Woody Allen.
    Bref, coup de coeur pour moi. La Bande annonce gache un peu la surprise de l’ensemble mais bon…
    Vive les névroses de Monsieur Allen.

  2. Un très bon Woody Allen qui semble renouer avec ses vieilles névroses new-yorkaises. J’ai passé un excellent moment, on rit souvent, bref encore une petite pépite dans le cinéma de ce cher bonhomme aux lunettes rigolotes. A voir !
    p.s : J’ai découvert ton blog aujourd’hui et je le trouve drôlement bien, tu as une très bonne plume, tu devrais écrire aux Cahiers !! :) Bonne continuation et @+

  3. Benoît Thevenin dit :

    Merci beaucoup :).

    A bientôt 😉

  4. yacine_ dit :

    Ce film m’a enchanté. Larry David est l’interprète idéal & une joie de vivre non feinte imprègne l’ensemble. Autre signe de qualité, les moindres personnages secndaires sont soignés. J’ai bcp aimé.

  5. Foxart dit :

    Un vrai plaisir en effet, mais la plus grande idée du film est de ne pas l’avoir interprété lui même. Le personnage semble taillé sur mesure pour Allen mais Larry David y est bien meilleur que Allen n’aurait pu l’être et je crois même que le même film, avec Woody Allen dans le rôle, aurait sans doute été insupportable…
    Façon Hollywood Ending… pouah !

    Là c’est hilarant, malin et touchant.
    Un vrai « feel good movie » contrairement au pronostic pessimiste du personnage pendant le prélude (génial prélude d’ailleurs)

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