Match Point de Woody Allen (2005)

Il y a engouement pour ce film et il est vraisemblablement mérité. Depuis une dizaine d’années, Woody peine à se renouveler. C’est un point de vue assez partagé. Il est vrais que Escroc mais pas trop, Le Sortilège du Scorpion de Jade et pas mal d’autre laissaient un certain goût d’inachevé voire une profonde déception pour tous les fans d’un cinéaste qui il n’y a pas si longtemps signaient encore, quand-même, Maudite Aphrodite (94) ou Harry dans tous ces états (96). Accords et désaccords était quand même assez merveilleux. Anything Else pas si mal que ça. Idem pour Melinda et Melinda. Serait-on simplement devenu très intransigeants avec Woody Allen ? Oh… sans aucun doute. Il est vrai aussi qu’il y avait pour le moins une forte redondance dans le propos du cinéaste. Une lassitude peut-être aussi.

Match Point est un pur film Allenien. Et avec toutes les caractéristiques qui vont avec. On retrouve d’abord la verve du binoclard. Les dialogues ont toujours – et toujours l’air de rien – cette profondeur qui font la réputation du cinéma d’Allen.

Par ailleurs, il est étonnant de constater comment Woody s’approprie les décors de la ville de Londres. Woody, que l’on a largement consacré comme cinéaste New Yorkais, s’est ici exilé. Il filme Londres comme New-York et on a cette impression que l’auteur de ces images à toujours vécu dans ses lieux. Woody s’approprie Londres. C’est assez exceptionnel pour être noté. Il n’y a pas tant de films que ça, c’est même très rare, où on à ce sentiment que le cinéaste habite les lieux. Woody Allen passe donc des quartiers chics new-yorkais pour ceux tout aussi classieux de Londres.

L’art, le couple restent au cœur de ces préoccupations. Là où son propos diffère de ce qu’il nous sert habituellement c’est dans son évocation plus sombre des rapports amoureux. Le personnage principal est ici présenté sous un jour particulièrement nuancé. La part d’ombre finit par dominer. On est peut-être pas habitué au portrait d’un arriviste dans la filmo d’allen. Il y trouve pourtant une place toute naturelle. Parce qu’il a la classe, l’élégance et le parlé des personnages typiques de ces films.

Si Woody abandonne le jazz, ce n’est jamais que pour l’opéra. Et cette musique aussi traverse l’œuvre d’allen.

On retrouve aussi ce cynisme très particulier. Certes, il est ici largement accentué. Sûrement parce que la conclusion (invraisemblable mais justifiée par le titre du film et son introduction) est un modèle dans le genre.

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Au final, Match Point renferme toutes les thèmes majeurs du cinéma de Woody Allen. Une œuvre assez emblématique même si, quelque part, plus élégante encore et plus vicieuse surtout. Le couple passionné est un des plus sexy sinon le plus sexy de la filmo du cinéaste. Une évidence peut-être aussi conditionné parce que plus en phase avec notre époque. Woody Allen a t’il évolué ? Pas tant que ça. Il est fidèle à ses obsessions et recycle comme il l’a toujours fait ses thèmes de prédilection.

Plus que jamais, Allen est grand. Ce film comptera plus que beaucoup d’autres au moment de se rappeler de sa filmo. Match Point est une vraie réussite mais certainement pas une révolution.

Benoît Thevenin


Match Point – Note pour ce film :
Sortie française le 26 octobre 2005

Lire aussi :

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  2. Woody Allen : A documentary de Robert B. Weide (2012)
  3. Prends l’oseille et tire-toi (Take the money and run) de Woody Allen (1969)
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Un commentaire sur “Match Point de Woody Allen (2005)”

  1. Alastor dit :

    C’est vrai qu’il se renouvelle peu, son « Rêve de cassandre » était vraiment très très similaire à Match Point par exemple. Il devrait faire moins de films, peut être se répéterait-il moins souvent.

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