Prends l’oseille et tire-toi (Take the money and run) de Woody Allen (1969)

19121728_w434_h_q80

Prends l’oseille et tire-toi marque les débuts en 1968 et à 33 ans de Woody Allen derrière la caméra. Le jeune réalisateur est déjà un comique réputé et un auteur convoité. Il doit sa notoriété à ses spectacles sur scène et à ses apparitions à quelques talk show à la télévision américaine, mais cette activité le lasse. Pour le cinéma, il a (co)écrit quelques scénarii, dont ceux de Lily la tigresse et Casino Royal, dans lesquels il apparaît aussi en tant qu’acteur. Le projet de Prends l’oseille et tire-toi figure dans ses tiroirs depuis quelques années déjà quand l’opportunité de le porter à l’écran s’offre enfin.

Le film est un faux documentaire à propos de Virgil Starkwell, gangster minable que Woody Allen incarne lui-même. Virgil est un éternel maladroit, un gangster raté qui enchaîne les petits larçins qu’il rate perpétuellement ou presque, un expert de l’évasion mais dans un style toujours extrêmement laborieux, un mythomane improbable et dont tout le monde (ou presque) à honte, y compris ses propres parents.

Cette première tentative est tout à fait attachante même si le film apparaît encore très maladroit, au minimum dans sa forme (montage, cadrage) et dans son rythme. Ca ne nuit pas tout à fait au caractère loufoque du métrage, bien que tous les gags ne soient pas toujours très aboutis, donnant l’impression d’être parfois abandonnés par l’auteur en pleine exécution. Woody Allen fait tout de même déjà preuve d’une belle inventivité comique, d’un sens évident de la formule et l’ont rit ou sourit tout du long des excentricités et des maladresses de son personnages.

12

Même si ce premier film apparaît encore très naïf, on découvre un Woody Allen truculent et singulier et qui cite déjà Groucho Marx, un de ses maîtres à penser la comédie, à travers les masques que portent les personnages des parents de Virgil. Le film est également mignon pour cette romance attendrissante avec la belle blanchisseuse, pure, innocente et amoureuse, jouée par Janet Margolin (que Woody Allen dirigera encore dans Annie Hall)

Le film n’est que la première tentative du cinéaste-auteur-interprète, on trouve donc normal,  ou à tout le moins pardonnable, que Woody Allen balbutie son cinéma, d’autant que le résultat n’est jamais honteux et même tout à fait plaisant, charmant même.
Construit tel un documentaire, Prends l’oseille… annonce aussi d’une certaine manière un des chef d’oeuvres à venir de Woody Allen, son documenteur Zelig, réalisé en 83.

Benoît Thevenin


Prends l’oseille et tire-toi ***1/2

Sortie française le 1er juin 1972

Lire aussi :

  1. Woody Allen : A documentary de Robert B. Weide (2012)
  2. Café Society de Woody Allen (2016)
  3. Whatever Works de Woody Allen (2009)
  4. Match Point de Woody Allen (2005)
Email

Laisser une réponse