Starry Starry Night (Xing kong) de Tom Shu-Yu Lin (2011)

Une jeune fille de 14 ans, Mei, vivant avec des parents au bord du divorce fait la connaissance d’un nouveau garçon dans sa classe. Tout d’abord amis, leur relation va peu à peu évoluer et les plonger dans un été qu’ils n’oublieront jamais.

Ce pitch, désespérément classique est le gros point noir de Starry Starry Night. Dès le moment où le jeune garçon rentre dans la classe, on pourrait prédire quasiment à la scène près la suite des évènements. On est dans un récit d’apprentissage et de passage à l’âge adulte comme on a l’impression d’en avoir déjà vu des dizaines, et des plus réussis. Le film est d’ailleurs assez proche, dans sa construction, du récent Moonrise Kingdom de Wes Anderson avec qui il partage d’ailleurs cette évidente tendance à lorgner plutôt du côté du conte que du récit réaliste. Mais là où le film de Wes Anderson fonctionnait, par sa foi absolue dans ses personnages et par sa fantaisie, Tom Lin nous offre une pure coquille vide. Le film n’est pas exempt de scènes concepts et d’idées poétiques mais, quand tout ceci vient enrober du vide, et bien ça ne provoque pas grand-chose chez le spectateur. Les personnages ne sont pas nécessairement inintéressants et le scénario pas foncièrement mal écrit mais, simplement, tout est traité avec une superficialité égale, sans émotion vraie et fourni un catalogue de mauvaises idées. Un flocon de neige qui se dépose sur une joue et qui se transforme en larme est une belle idée visuelle mais, si l’affect qu’elle est supposée amener n’est pas préparé par le récit ou par la mise-en-scène alors ça reste simplement une idée visuelle, comme il y en a des dizaines dans les spots de publicité.

Cet exemple est vraiment à l’image du film entier, des idées visuelles (mais pas de mise-en-scène) tantôt mignonnes (des personnages d’origami qui prennent vie) tantôt hideuses (le décor qui se change en un puzzle), tantôt ridicules (une scène à Paris d’une niaiserie écœurante) mais surtout constamment inutiles. La poésie au cinéma se construit et se bâtit sur des émotions, sur des personnages, sur une histoire que l’on raconte, et le film manque un peu de tout ça.

Starry Starry Night est un film parfaitement inoffensif et qui plaira certainement à un public jeune, mais on peut regretter le formatage stérile par lequel il a été conçu et qui le cantonne à être une œuvre extrêmement mineure et dispensable.

Grégory Audermatte

Starry Starry Night **

Lire aussi :

  1. Let’s spend the night together de Hal Ashby
  2. La Nuit nous appartient (We own the night) de James Gray (2007)
  3. Night and fog (Tin shui wai dik ye yu mo) d’Ann Hui (2009)
  4. Good Night, and Good Luck de George Clooney (2005)
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