Looking for Eric de Ken Loach (2009)

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Fan de football invétéré, Ken Loach invite Eric Cantona dans son univers et signe avec « Looking for Eric » une comédie sociale réussie, dans la grande tradition anglaise.

Je ne peux absolument pas être objectif devant un film qui fait d’une certaine manière l’éloge d’Eric Cantona, mon idole de jeunesse, une idole qui ne s’est jamais consumée dans mon esprit. Looking for Eric n’est cependant ni à la gloire totale de Canto, ni à celle du football, mais plutôt à celle des fans de football. Eric Bishop, modeste postier pour qui la vie est lourde depuis  sa séparation d’avec la femme de sa vie, est l’un d’entre eux.

Malgré sa légèreté, Looking for Eric est une fable sociale dans la tradition du cinéma de Ken Loach. Le sujet est néanmoins largement moins profond que la plupart des drames sociaux réalisés par le cinéaste. Ici, Loach pointe du doigt un problème sociale très particulier et circonscrit aux stades de football. Les drames provoqués par les hooligans dans les années 80 ont aboutit à des dispositions drastiques. En clair, les responsables du foot anglais ont fait le ménage dans les stades avec des prix prohibitifs et des places assises. Les fans les plus populaires, la base même du peuple supporter, s’est retrouvée malgré elle reléguée dans les pubs.  Ce problème, en fan de football convaincu, Ken Loach le cinéaste défenseur des défavorisés sociaux, ne pouvait l’occulter. Celà dit, ca ne constitue qu’une part anecdotique du film.

Looking for Eric est plus une fable légère, avec un héros lambda, au fond du trou, et qui arrive à se relever progressivement grâce à son ange-gardien. Cet ange-gardien est incarné par Eric Cantona lui même, dans son propre rôle. Canto est vénéré par Eric Bishop, dont la chambre est tapissée de poster de l’ex numéro 7 mancunien. Le film marche grâce à la dérision dont Cantona fait preuve. L’ancien joueur devenu comédien joue de son image et converti son charisme de star du foot à l’écran.

Si le film est drôle, on ne peut s’empêcher de considérer Looking for Eric comme mineur dans la filmo du cinéaste. Loach n’est pas Peter Cattaneo (The Full Monty), on attend plus de lui… Looking for Eric est assez mièvre, le personnage principale par forcément très sympathique etc. Reste que l’on s’amuse, avec une conclusion très sympathique qui met à l’honneur la solidarité des fans de football.

Looking for Eric n’est pas spécialement destinés aux fans de Canto mais ceux-ci s’y retrouveront obligatoirement. Il y a un certain plaisirs à reconnaître les allusions, à revoir certaines images d’archives etc.

Looking for Eric prouve aussi que Cannes sait faire de la place aux comédies populaires, car le film de Loach en est une – et devrait susciter une large adhésion – et le film d’Ang Lee (Taking Woodstock) aussi. Cannes s’est en plus ouvert au genre (Antichrist, Kinatai, Inglorious Basterds, Thirst, et peut-être d’autres encore) ce qui est un signe d’ouverture, et une curiosité, une quasi nouveauté par rapport aux éditions précédente et à la réputation du festival.

Benoit Thevenin


Looking for Eric – Note pour ce film :

Sortie française le 27 mai 2009

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Aucun commentaire sur “Looking for Eric de Ken Loach (2009)”

  1. Vlad dit :

    Il a l’air sympa comme film. Dans la BA, j’aime beaucoup le « I’m Cantonna » ^^

  2. MaGaLi dit :

    j’ai été un peu déçue … tu résume mieux que moi l’impression que m’a laissé ce film … Ken Loach n’est pas Peter Cattaneo … et Peter Cattaneo, dans le genre a fait mieux …

    reste Canto …

  3. Axel dit :

    Et le film ne dépareille pas avec l’univers de l’écrivain Nick Hornby, qui est lui aussi fan de foot (et surtout d’Arsenal). On retrouve d’ailleurs dans son premier roman « Carton Jaune » cette même pensée que dans le film (grosso modo) : « On peut divorcer de sa femme,mais jamais du club de foot qu’on supporte. Et puis dans son dernier roman « Slam », le jeune héros s’identifiait au skateboarder Tony Hawk et dialoguait avec lui par le biais d’une affiche à son effigie (ça, on l’avait vu ailleurs aussi).

    Pas totalement convaincu par le film, il montre néanmoins l’intelligence de Canto quant à ses choix de carrière (et de vie), ou plutôt ne fait que la confirmer.

  4. Benoît Thevenin dit :

    Très très juste Axel :). Merci de l’évoquer 😉

    J’adore « Carton Jaune », c’est avec ce roman que j’ai découvert Nick Hornby. Pendant la projection, je pensais au livre aussi d’ailleurs, car les univers sont très proches effectivement, sans doute parce qu’ils dépeignent chacun un même univers et parce que les personnages se ressemblent beaucoup. Eric Bishop et le Nick du livre sont un peu des doubles, avec un Eric qui a juste plus de bouteille et qui aura finalement subit une vie difficile. La situation initiale de « Looking for Eric », c’est un peu la version désenchantée de « Carton Jaune ».

    Cantona est tellement addicted au foot anglais et à la culture anglaise qu’il est impossible qu’il n’ait pas lu le roman de Nick Hornby. C’est un roman qui déjà donne l’impression de ne pouvoir être adapté que par quelqu’un comme Ken Loach (parce que l’adaptation qui en a déjà été faite n’est vraiment pas terrible). C’était donc un choix parfaitement sensé que de proposer ce pitch à Ken Loach.

    J’espère que Canto s’est anoblit aux yeux des producteurs avec ce film même si son caractère imprévisible, indomptable et… son accent marseillais, risquent de continuer à être pour lui des obstacles. Ses choix restent en tout cas intéressants comme tu le dis d’ailleurs si bien. Il ne se conforme pas mais il lutte et se débrouille pas si mal. « L’outremangeur », fallait oser. Sa prestation dans le téléfilm évènement de TF1 « Papillon noir », c’était également très très intéressant.

    « Slam », je n’ai pas lu. J’ai du retard sur les derniers livres de Nick Hornby. J’ai lu que les 3 premiers en fait (High Fidelity et About a boy)

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