5150, rue des Ormes d’Eric Tessier (2009)


Yannick Bérubé (Marc-André Grondin) est étudiant en cinéma fraichement promu dans une nouvelle école. Un après-midi dans sa nouvelle ville, un chat noir traverse la route et provoque sa chute de vélo. Un petit peu amoché, Yannick sollicite l’aide du plus proche voisin, un type apparemment tout ce qu’il y a de plus normal. Sauf que Yannick entend quelques plaintes dans la maison, rentre à l’insu du propriétaire et découvre un jeune homme séquestré appelant à l’aide. Yannick n’a pas le temps de se retourner que le chef de famille le surprend et décide de l’enfermer à son tour…

Le film est une adaptation d’un roman éponyme de Patrick Sénécal, auteur en vogue au Québec, et dont le cinéaste Eric Tessier avait déjà porté à l’écran un précédent roman, Sur le seuil en 2003. On imagine le genre de littérature dont il s’agit, thriller à tiroirs plus ou moins tirés par les cheveux, un peu à l’exemple des livres de Jean-Christophe Grangé, lesquels posent depuis toujours un problème pour leurs adaptations au cinéma. C’est un peu la même problématique qui se dessine là. Sans avoir lu le livre, on distingue assez bien à la vision du film, les ficelles du roman de Sénécal et comment le récit peut captiver son lectorat. Tous l’enjeu de la transposition au cinéma consiste à rendre acceptable une histoire totalement improbable dans ses révélations sans heurter l’indulgence des spectateurs.

Eric Tessier réussit assez bien son entreprise, livrant un film plutôt efficace et assez bien équilibré. Dans un premier temps, Yannick cherche par tous les moyens à s’échapper mais n’y arrive pas. Il se résigne ensuite à une approche plus psychologique, misant sur la mégalomanie du chef de famille, joueur d’échec prétendu invaincu depuis toujours et que le héros va se mettre en quête de destabiliser. Le film est assez bien équilibré pour cette raison même que le comportement du personnage principal est assez réfléchi et parce que le récit parvient à se renouveller quand cela est nécessaire.

Pour autant, le film avance sur un fil fragile, toujours à la lisière de retournements un peu facile et ridicules. Si le héros martyr est étudiant en cinéma, cela lui offre le prétexte de la possession d’une caméra. L’idée est plutôt déconcertante mais bon, pourquoi pas. La fabrication du témoignage vidéo, le parcours le la cassette DV, déroulé dans le récit par petites touches, n’est franchement pas la partie la plus convaincante, d’autant qu’elle mènera le héros nulle part. La révélation du projet du chef de famille, est également délirante même si elle coïncide avec la folie du personnage.

Si le film fonctionne, c’est parce que malgré tous les pièges qui se posent devant lui, le réalisateur parvient à livrer un film limpide, ni excessif, ni grotesque, alors même que ses marges de manoeuvres sont plus qu’étroites. Il est bien aidé par ses comédiens, Normand d’Amour, dans le rôle du père, en tête, face à un Marc-André Grondin qui lui offre une assez bonne opposition, et Sonia Vachon pour la mère,  participent également de la bonne tenue d’un film qui remplit sa fonction d’honnête thriller psychologique, malgré une conclusion attendue et plus que bancale.

Benoît Thevenin


5150, rue des Ormes – Note pour ce film :

Lire aussi :

  1. Independencia de Raya Martin (2009)
  2. Les Femmes de mes amis (Jal Aljido Motamyunseo) de Hong Sang-soo (2009)
  3. Panique au village de Vincent Patar et Stéphane Aubier (2009)
  4. The Eternal (Abohmaan) de Rituparno Ghosh (2009)
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Aucun commentaire sur “5150, rue des Ormes d’Eric Tessier (2009)”

  1. Foxart dit :

    Hummmm… je crois qu’on a pas vu le même film lol

    Personnellement, le grotesque, je trouve qu’il s’y vautre du début à la fin…

    Tu soulignes plusieurs invraisemblances dans le récit, c’est le moins qu’on puisse dire !
    Pour avoir peur au cinéma, personnellement il faut que j’y crois… et là, pas une seconde !

    Tu évoques le coup de la caméra et de la K7, tu admettras qu’en dehors du fait qu’il soit totalement ahurissant que le pater lui refile la caméra, le parcours pénible de cette cassette qui finit par faire effet boomerang à la fin est vraiment un cul de sac, dont le réalisateur use à plusieurs reprises, petit garçon 1 puis petit garçon 2, puis grand garçon mais pas n’importe qui…je n’en dirais pas plus pour ne pas spoiler, mais tout de même, il y a des limites a l’indulgence et au n’importe quoi…

    Les pièces d’échec de la cave et notamment le roi et la reine blanche… waow, comment ne pas rire ?

    Mais le pire c’est le personnage du père, pour moi qui ne tient pas une seconde debout…

    Et puis, comme je te l’ai dit c’est un pur plagiat de Mum & Dad… mais en version téléfilm NRJ 12.

    ça va vraiment sortir en salle ce truc ???

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