Kes de Ken Loach (1969)

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En 1969, pour son second film, Ken Loach s’affirme déjà comme le grand cinéaste social qu’il allait devenir. « Kes » est un film pleinement aboutit…

Ce qui constitue la richesse de Kes, c’est cette notion d’apprentissage qui est déclinée tout le long de l’intrigue sous plusieurs niveaux de lecture. Billy, le jeune héros du film est un garçon d’une douzaine d’années, un peu sauvage, peu doué pour l’école et qui vit avec une mère absente et un demi-frère qui le malmène. Il est la tête de turc de ses camarades, plus forts que lui qui est petit et frêle, ainsi que le bouc-émissaire de ses professeurs.

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Billy trouve la paix et la clé de son épanouissement personnel en se prenant d’intérêt pour un faucon qu’il nomme Kes. Il se met en quête de le dresser. « Un faucon ne s’apprivoise pas » dit-il, « Il se dirige ». C’est effectivement cette idée qui nourrit le film dont il est évident que la relation qu’entretien le garçon l’oiseau est une métaphore parfaite de ce qui se passe par ailleurs autour de lui. Le faucon n’est pas le seul animal sauvage que l’on met en cage et à qui on souhaite enseigner quelques notions. Billy, comme ses camarades, sont des garçons issus de milieux sociaux et qui se retrouvent comme emprisonnés par un système éducatif rigoriste qui le leur apprend rien sinon la soumission face à la discipline, face à la menace.

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Kes est un film dur pour son héros, lequel n’est pas épargné, moins encore que les autres enfants lesquels sont tous exploités et doivent lutter pour exister. Ils subissent la tyrannie d’adultes qui n’éprouvent que peu de considérations pour eux. Néanmoins, la peinture sociale très noire trouve un peu de lumière, notamment dans cette très belle scène ou le paria Billy captive son professeur et ses camarades de classe en exposant sa méthode de dressage de son faucon.

Réalisé en 1969, le film correspond évidemment dans sa façon de décrire les rapports entre la jeunesse et leurs parents, à quelques enjeux de Mai 68 (pour la France, car le phénomène n’était pas circonscrit à la Sorbonne, loin de là).

Le cinéaste est crédité au générique sous le nom de Kenneth Loach. Le diminutif viendra plus tard mais ce qui est déjà là, c’est tout ce qui fera la singularité, la marque du cinéma de Ken Loach jusqu’à aujourd’hui. Loach aura toujours manifesté son intérêt pour les laissés pour compte de la société, ceux qui se débattent avec leurs moyens, pas forcément légaux, pour rester droits et dignes, pour trouver une place dans la société. Kes est l’oeuvre d’un jeune cinéaste qui se cherchait encore sans doute mais qui affichait déjà une belle maîtrise narrative, une profondeur humaniste, et une manière unique de capter le réel.

Benoît Thevenin


Kes – Note pour ce film :

Sortie française le 1 mai 1970

Lire aussi :

  1. Route Irish de Ken Loach (2010)
  2. Moi, Daniel Blake de Ken Loach (2016)
  3. Looking for Eric de Ken Loach (2009)
  4. La Part des anges (The Angel’s share) de Ken Loach (2012)
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Aucun commentaire sur “Kes de Ken Loach (1969)”

  1. Foxart dit :

    Une splendeur ce film… Un chef d’oeuvre !
    Moi je lui mets 4 étoiles !
    RADIN !

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