Paju (Pa-ju) de Park Chan-ok (2009)


Non, aucune faute de frappe dans notre écriture du nom de la réalisatrice, déjà auteure du très apprécié Jealousy is my middle name en 2002 – malheureusement inédit en France – et qui n’a rien à voir avec son presque homonyme responsable de Old Boy.

Paju est le nom de la cité de banlieue en marge de Séoul dans laquelle se déroule la complexe histoire de Eun-mo et Joong-shik. Eun-mo revient dans sa ville natale trois ans après l’avoir fuit suite au décès tragique de sa soeur. A son retour, Eun-mo constate que  l’immeuble dans lequel elle habitait est sur le point d’être démoli. Son beau-frère est à la tête du mouvement de protestation des anciens locataires qui continuent d’habiter les lieux de manière illégale. Eun-mo et Joong-shik se retrouvent et se lient, jusqu’à ce que ce dernier révèle un secret concernant la mort de son épouse…

La ville est le théâtre de l’entremêlement de toute une série de conflit intérieurs qui rongent chaque personnage. La réalisatrice a recours à d’incessant flash-back auxquels le spectateur n’est jamais préparé, de telle sorte que l’on a affaire à un récit tortueux, passionnant du fait des situations, de la mise en scène et de la tension qui parcoure tout le métrage, mais sur lequel nous n’avons que peu de prises. Park Chan-ok n’invite pas spécialement à ce qu’on la suive selon un chemin tout tracé, au contraire. Elle nous entraîne bien là ou elle veut nous amener, mais en laissant le soin à chacun de trouver son chemin, de reconstituer l’histoire, de lui trouver un sens qui va au-delà du fait divers vers lequel tout le film converge. La cinéaste investit l’intimité de ses personnages, plonge dans les affres de leurs âmes, dessine des caractères ambivalents qui font toute la singularité et l’intérêt d’un film pas forcément facile à appréhender mais qui, s’il parvient à achopper le spectateur, risque de le hanter longtemps.

Benoît Thevenin


Paju – Note pour ce film :


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