Mademoiselle de Park Chan-wook (2016)

Mademoiselle

Adaptation libre du roman gothique de Sarah Waters « Du bout des doigts », Mademoiselle marque le retour de Park Chan-Wook dans sa Corée natale, quatre ans après Stoker et une expérience plutôt réussie aux Etats-Unis.

Alors que le roman est situé à l’époque Victorienne, Park Chan-wook transpose l’histoire dans la Corée des années 30, alors occupée par le colonisateur japonais. C’est dans ce contexte de forte acculturation coréenne et de puissante domination japonaise que Park Chan-wook commence à installer le récit d’une authentique machination. La jeune et innocente Sookee, mandatée par son oncle escroc, est engagée comme servante de la belle Hideko au sein d’un imposant manoir. Cette dernière y vit recluse, sous la coupe d’un oncle tyrannique qui souhaite l’épouser. Le plan machiavélique semble parfait et vise dans un premier temps à séduire Hideko et à l’arracher à son oncle, sauf que tout ne se passera pas comme prévu.

Le film se déroule pour l’essentiel autour de ces trois personnages dans le huis-clos du somptueux manoir. Park Chan-wook y déploie sa mise en scène, méticuleuse et élégante, dans une épure qui rappelle davantage son précédent film Stoker que les autres films qui ont fait sa réputation. Pour autant, tous les ingrédients de son cinéma sont là, dans un récit labyrinthique qui mélange complot, perversions sexuelles, passion saphique et vengeance sordide.

Captivant et sensuel, Mademoiselle, s’il est conduit de manière efficace, n’en demeure pas moins prévisible. Il est surtout un extraordinaire objet de mise en scène. A la fois classique, parsemée d’élégants mouvements de caméra, la réalisation trouve sa singularité dans l’utilisation d’un objectif anamorphique dont l’effet, par compression des perspectives, provoque un délicat sentiment d’étouffement. Cependant, au delà de l’exercice de style, Mademoiselle peine a convaincre tout à fait.

Benoît Thevenin

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