Clones (Surrogates) de Jonathan Mostow (2009)

surrogates

Quelques années après Terminator 3, Jonathan Mostow revient avec une nouvelle histoire mettant en scène des robots. Il est bon de signaler que Clones, malgré son titre français, ne traite absolument pas du clonage mais des progrès à venir de la robotique. Dans un futur proche, les hommes mènent leur vie par le biais de « clones » de substitution, des machines connectées à leur cerveau et qu’ils contrôlent à distance, sans jamais quitter leur domicile.

Le pitch du film soulève la question de l’acceptation d’une société à la fois ultra sécurisée, aseptisée et en même temps orgiaque, tout y étant permis, les hommes ne craignant plus la mort, ni la maladie. Pourtant, dans ce faux meilleur des mondes, un meurtre va être commis, celui d’une personne importante. De là va découler toute l’intrigue. Dans ce monde futuriste, Bruce Willis incarne l’agent Greer, une tête brûlée chargée d’enquêter sur l’assassinat du fils du créateur des clones (James Cromwell), secondée par sa charmante équipière Peters (Radha Mitchell), très à cheval sur le protocole. Les deux forment un duo de flics hollywoodien parfaitement connu.

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Le défaut récurent de Clones, au-delà du fait qu’il manque d’ambition et de développement pour un projet de cette envergure, est qu’il pioche ses références parfois sans finesse, et de façon flagrante. On pense à Ghost in the shell d’Oshii (la façon dont les robots sont intégrés de façon courante dans une société où on ne distingue plus l’homme de la machine) ou à A.I de Spielberg (quand il s’agit de « dupliquer» les enfants pour les préserver de la mort). En outre, le personnage incarné par Bruce Willis évoque d’emblée celui d’un autre flic, celui de John Anderton dans Minority report, également de Spielberg. Dans les deux cas, il s’agit d’un représentant de la loi brisé par la mort de son fils, et dont le couple a volé en éclat. Mais la comparaison ne s’arrête pas là : dans les deux films, la criminalité a connu une baisse record, au point qu’elle n’est plus qu’un mauvais souvenir. On se demande alors pourquoi la police existe-t-elle encore, dans un monde purgé de toute violence, en tout cas dans le cas de Clones. Car pour ce qui était de Minority report, l’existence d’une faction policière prévoyant les meurtres commis dans un futur proche était parfaitement justifiée, et constituait même le fondement de l’intrigue. En l’occurrence, c’était grâce à elle qu’il n’y avait plus de meurtres.

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On se retrouve à la limite du plagiat si l’on compare Clones au très récent Ultimate game : dans les deux cas, il s’agissait de se glisser dans la peau de quelqu’un d’autre pour le contrôler à distance. Une scène de Clones nous saute aux yeux par sa ressemblance avec Utimate game : on y découvre un homme corpulent en train de piloter le corps d’une belle jeune femme blonde depuis son domicile. Si à cela on ajoute la comparaison avec Avatar de James Cameron, qui traite aussi de l’idée d’emprunter un corps de substitution, on se dit que Clones manque franchement d’originalité.

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Côté acteurs, Bruce Willis demeure fidèle à lui-même, une brute désabusée mais au grand cœur qui lorgne du côté de John McLane, sans l’héroïsme et le sarcasme qui le caractérisaient. Quant à Radha Mitchell, si elle avait su nous convaincre dans Pitch black, Silent hill ou encore Man on fire, elle peine ici à donner vie à son personnage, souvent présent à l’écran mais trop peu caractérisé pour que l’on s’y intéresse vraiment. A bien des égards, elle est comme une coquille vide, puisque son corps de substitution est emprunté par plusieurs personnages au cours du film, y compris par Bruce Willis (!). Ving Rhames incarne un Prophète purement anecdotique, et Rosamund Pyke, qui interprète l’épouse de Greer, a pour seul mérite d’être belle, tout comme dans Meurs un autre jour, où l’on se rendait déjà compte des limites de son talent d’actrice.

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Clones n’est cependant pas un échec total. Si l’on est peu regardant sur la qualité du cinéma de science-fiction en général, on peut même se dire qu’il s’agit d’un divertissement correct, qui nous propose un univers visuellement agréable et scénaristiquement intéressant (l’introduction sous forme de flashs télévisés ou de faux reportages est assez réussie), assez proche de notre monde actuel, mais où tout est plus clinquant, à commencer par les gens, tous plus beaux et forts. Si le traitement et la structure scénaristique tiennent la route, en dépit quelques confusions sans doute dues à la courte durée du film, la mise en scène manque de souffle et a tendance à devenir répétitive, avec notamment l’utilisation abusive de cadres penchés souvent ratés. Elle n’est pas non plus toujours de bon goût, comme en témoigne la photographie aux couleurs criardes, tirant souvent sur le rose.

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Le film ne souffre d’aucun temps mort et le récit, plutôt bien mené malgré son manque de développement, contient son lot de scènes originales et excitantes, notamment celle, citée plus haut, où l’agent Greer contrôle le clone de l’agent Peters pour sauver le monde d’un compte rebours, celle où le clone de Bruce Willis, amputé d’un bras mais quand même sérieusement avantagé par ses atouts robotiques, poursuit un membre de la coalition dans une zone délabrée (qui rappelle Robocop), celle où Bruce Willis démolit à main nue un clone en train de draguer sa femme, ou encore celle où il erre dans la rue après avoir désactivé tous les clones de la planète (même si, là encore, on a une impression de déjà-vu).

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S’attendre à un grand film d’anticipation avec Clones serait une erreur, même si après le très bon Terminator 3, on serait en droit de l’exiger. Pour un film censé traiter de l’avenir et soulever un problème éthique, à savoir « doit-on accepter de vivre notre vie par procuration via des machines conçues à notre image ? », la réflexion n’est pas aussi poussée qu’elle devrait l’être. Il ne s’agit pas non plus d’un spectacle de haut vol (on a vu nettement plus impressionnant sur un écran de cinéma), juste d’un sympathique produit hollywoodien, devant lequel on passe un agréable moment, mais qui sera sans doute vite oublié.

Michaël Frasse-Mathon


Clones – Note pour ce film :
Sortie française le 29 avril 2009

Lire aussi :

  1. U-571 de Jonathan Mostow (2000)
  2. Point de rupture (Breakdown) de Jonathan Mostow (1997)
  3. Terminator 3 : le Soulèvement des Machines (Terminator 3: Rise of the Machines) de Jonathan Mostow (2003)
  4. World Invasion : Battle Los Angeles de Jonathan Liebesman
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Aucun commentaire sur “Clones (Surrogates) de Jonathan Mostow (2009)”

  1. film dit :

    Franchement je l’ai vu il casse pas trois pattes à un canard …
    Malgré ce qui est dit dans l’article ce film se veut clairement un plaidoyer pour l’humanité et contre le clonage qui condui(rai)t à une fuite de la réalité. Tous les personnages humains utilisent leurs clones et vivent ainsi leurs vies par procuration… Pas terrible.
    Eh bien même là c’est convenu, un scenario lisible d’avance, des rebondissements prévisibles et déjà vu plusieurs fois, bref, c’est loin d’etre un grand film.
    Si vraiment vous etes des fans inconditionnels de Bruce willis allez si, sinon je vous conseille d’utiliser vos 10 € sur un autre film :)

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