Terminator 3 : le Soulèvement des Machines (Terminator 3: Rise of the Machines) de Jonathan Mostow (2003)

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Une décennie après le mythique Terminator 2, qui avait non seulement révolutionné le cinéma de science-fiction mais aussi le cinéma tout court, voilà que surgit Terminator 3 : Rise of the machines. James Cameron cède cette fois son fauteuil de réalisateur à Jonathan Mostow, à qui l’on devait les très efficaces Breakdown et U-571. Pour son sens du rythme et le dynamisme de ses réalisations, Mostow s’avérait un choix pertinent pour T3.

En 2003, John Connor vit comme un reclus pour échapper à l’éventuelle (et improbable) attaque d’un nouveau Terminator. Pourtant, une nouvelle machine va être envoyée du futur pour retrouver sa trace. On apprend alors qu’en 2032, l’épouse de John Connor en a aussi envoyé une… pour le protéger.

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Si Cameron a donné son aval pour le film, bien qu’il n’ait pas souhaité s’en charger, Schwarzenegger a lui longtemps refusé de reprendre le rôle titre, sans doute trop accaparé par la préparation de sa campagne pour le poste de gouverneur de Californie qu’il occupe désormais.

A sa sortie, ce troisième opus a souffert de la comparaison avec ses deux prédécesseurs. On le dit moins profond, uniquement centré sur l’action, trop second degré, trop elliptique, trop « copié » sur les anciens, etc. Il faut dire que reprendre le flambeau laissé par James Cameron n’était pas une mince affaire. Pourtant, Mostow s’en sort honorablement, réalisant, sans se hisser à la hauteur de Terminator 2, un grand film d’action. Et si le deuxième opus trainait parfois en longueur quand il s’agissait de développer ses personnages,  Terminator 3 enchaine lui les morceaux de bravoure sans jamais nous laisser souffler.

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T3 revient à l’esprit du premier épisode, c’est à dire à un long métrage court mais efficace, où le développement se fait dans l’action, une course poursuite effrénée où les personnages multiplient les moments d’héroïsmes (mention spéciale à Claire Danes, plus que convaincante en futur épouse de John Connor) et où les méchants sont aussi terrifiants que peu locaces. La T-X, incarnée par Kristanna Loken, est la digne version féminine du T-800. Le budget du film le permettant, on découvre aussi toute une armée de robots qui flatte notre âme d’enfant !

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Le montage est dynamique, la mise en scène musclée, les effets spéciaux remarquables (un grand bravo au regretté Stan Winston) et la musique de Marco Beltrami palpitante. Le scénario, en revanche, est peut-être le point faible du film, car souffrant de plusieurs incohérences, à commencer par le fameux Jugement dernier.  Skynet ayant été détruit dans le second épisode, c’est à dire en 1997, comment se fait-il qu’il existe encore en 2003 ? Les scénaristes s’en sortent par une pirouette à laquelle on ne croit pas vraiment, à savoir que Skynet est un logiciel dans le cyberespace, qu’il n’y a pas de mémoire centrale que l’on pourrait débrancher, et que le Jugement dernier est inévitable.

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Cet argument contredit tout ce qui a été énoncé dans le deuxième épisode, et annihile même tout ce pourquoi Sarah Connor s’est battue (Les Connor, le Terminator et Miles Dyson se rendaient chez Cyberdine pour tout détruire, rappelez-vous). La continuité narrative n’est donc pas assurée, mais en même temps, on se laisse porter par le film tel qu’il est, et l’on savoure le plaisir de retrouver le Terminator et la famille Connor une troisième fois à l’écran ! Le Terminator is back, plus fort que jamais. D’ailleurs, bien s’il se définisse lui-même comme une machine obsolète, le  T-800 se permet des prouesses qui auraient été impensables dans les deux premiers (traverser des murs, arracher une portière ou renverser une camionnette d’un simple coup de pied). Du coup, on en vient à se demander s’il s’agit vraiment du même modèle.

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L’autre incohérence majeure concerne le personnage de John Connor, que les scénaristes ont cru bon transformer en couard qui fuit ses responsabilités et son destin. Non seulement cela ne fonctionne pas, car la formation et le conditionnement de John par sa mère aurait normalement dû porter ses fruits (d’autant qu’il était plutôt courageux dans T2), mais cela devient agaçant à longue, notamment lors de la séquence où il menace de se faire sauter la tête pour échapper au futur. Les scénaristes ont sans doute voulu en faire un anti-héros, mais au final, il ressemble plus à un side-kick de buddy-movie ! Le choix de l’acteur, Nick Stahl, épouvantable cabotin dans ce rôle, est aussi très contestable.

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Le scénario nous confronte également à un paradoxe intéressant. La machine envoyée dans le passé pour protéger John Connor est également celle qui l’a tué en 2032 ! Ainsi, John connait à l’avance son futur assassin…

Du reste, on s’amuse énormément ! On est happé par le suspense (la poursuite dans l’accélérateur de particule en est un bon exemple), on rit (les répliques sont cinglantes), et on est surpris à d’autres moments, notamment lors de la scène où le T-X prend possession du corps de son adversaire pour le reprogrammer.

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Pour autant, Terminator 3 n’est pas juste un bon divertissement, et même si sa structure narrative se repose beaucoup sur ce qui a déjà été fait, sa mise en scène n’est pas dénuée de sens. L’introduction, notamment, est très réussie, alternant fondus au noir, voix off et images choc (la bombe atomique, les armées de Terminators dont un qui s’arrête carrément pour nous scruter). Peut-être même s’agit-il  de la meilleure intro des trois films ! Comme dans le second, elle a quelque chose de prophétique et même d’onirique. En témoigne cette scène où John Connor lâche une bouteille dans l’eau, laquelle va finir par s’écraser sur un sol jonché de cranes humains, puis la caméra sort de l’eau et on découvre que l’on est dans le futur… jusqu’à ce que John se réveille ! (voir la vidéo ci-dessous). Le final sous les bombes est également remarquable, à mi-chemin entre le pessimisme le plus noir et l’espoir le plus tenace.

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En revanche, l’atmosphère visuelle change radicalement sous la direction de Jonathan Mostow. Le cinéaste délaisse les bleus chromés de James Cameron pour une esthétique plus chaude, avec des tons oranges, flamboyants, et opte pour un montage beaucoup plus « cut » que celui de James Cameron, lequel nous avait plutôt habitué à de longs plans fluides.

Terminator 3 surprend et s’impose finalement comme une belle réussite. Jonathan Mostow a su se démarquer de son prédécesseur avec brio. Il y aura toujours des réfractaires pour dire que le film est raté, mais le recul nous permet de constater que le film s’est forgé une certaine réputation, y compris même  auprès des fans de la première heure. A présent, il nous reste à juger la future trilogie en cours…

Michaël Frasse-Mathon


Terminator 3 – Note pour ce film :
Sortie française le 6 août 2003

Lire aussi :

  1. Terminator (The Terminator) de James Cameron (1985)
  2. Terminator 2 : le Jugement dernier (Terminator 2: Judgment Day) de James Cameron (1991)
  3. Clones (Surrogates) de Jonathan Mostow (2009)
  4. Point de rupture (Breakdown) de Jonathan Mostow (1997)
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Aucun commentaire sur “Terminator 3 : le Soulèvement des Machines (Terminator 3: Rise of the Machines) de Jonathan Mostow (2003)”

  1. mariaque dit :

    Titanesque et furieusement indus’, cet episode 3 convainc bien davantage par sa farouche et puissante volonté à rendre réaliste le moindre crash d’hélicoptère ou son plus contre-nature enclin à cabosser les corps metalliques qu’en manipulant une énième fois les méandres spatio-temporelles et tentant d’épaissir la légendaire faction prochainement resistante (à ce titre l’arrivée de l’Eve Future (mal) tenue par Claire Danes ne prend guère (pas plus que Nick Stahl en l’Adam John Connor)). Volontiers ahurissant tout en tenant à distance le sacro-saint rythme virtuosément clipesque en vogue depuis quelques années maintenant et se débarassant rapidement de la fausse ironie Schwarzienne (passée l’inaugurale séquence du bar à chipendales peu d’occasions de ricaner), T3 remplit son contrat et fait office de discret (bien qu’assourdissant) jalon du genre (après Matrix (pourtant méchament influencé par le Cameron originnel), on est bien d’accord !)… au point de ne pas être étranger à la massive minéralité du 007 de Martin Campbell.

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