World Invasion : Battle Los Angeles de Jonathan Liebesman

A l’heure ou les villes Libyennes subissent les foudres des forces loyales au Général Khadafi, World Invasion résonne étrangement avec cette actualité. Il n’y a bien sûr aucun lien entre l’insurrection populaire retranchée à Benghazi et l’objectif unique de divertir le public américain (et plus largement occidental) du film de Liebesman.

La comparaison n’est pas non plus complètement indécente. Liebesman filme dans World Invasion uniquement des scènes de guérilla et le but des personnages est simple : la résistance à un envahisseur venu là pour imposer sa puissance. Le pitch est tellement basique qu’il renvoie à n’importe quelle situation de retranchement d’une résistance dans une ville, que ce soit l’Irak au plus fort des batailles, ou pourquoi pas alors la Libye actuellement. Il y a là comme un écho qui ne résulte que d’une convergence hasardeuse du calendrier mais qui est quand même réelle. Pour peu que l’on s’intéresse d’assez près aux évènement libyens et que l’on accepte de débrancher son cerveau deux heures pour voir ce film, la connexion s’établie d’elle même.

Cela étant dit, il est impossible de voir World Invasion autrement que comme ce qu’il est : un film d’action pur et dur, bourrin et sans grande idéologie. Bien sûr, le film exalte le sentiment patriotique américain, mais ça va dans l’ordre des choses. Dès lors qu’il y a résistance et défense du dernier endroit de replis, la cohésion se fait plus forte, l’intérêt patriotique nait de lui même.

Le film n’est pas non plus une pub pour un engagement dans les forces américaines. Il ne l’est pas plus que n’importe quel film de va t’en guerre un peu séduisant. Mais il va de soi aussi que World Invasion est à l’inverse de toutes considérations humanistes et pacifiques. Simplement, World Invasion fonce dans le tas sans réfléchir. Ce n’est pas le but. L’idée est bien de débrancher le cerveau, de se laisser immerger dans le champ de bataille, d’en prendre plein la vue sans chercher plus, de détendre un éventuel goût pour la bagarre.

Et World invasion réussit très bien dans ce qu’il ambitionne. Les scènes d’actions sont correctement et lisiblement montées. Les actes de bravoures sont là, mais les héros restent des hommes et on a le plus souvent l’impression qu’ils ne réussiront jamais à se sauver. Liebesman filme à la manière d’un reporter de guerre, la caméra à l’épaule, en plein coeur des zones de combat. L’immersion est efficace mais il ne faut probablement pas être allergique à ce style de cinéma là. Si le spectateur a déjà la nausée devant un Cloverfield, alors il est inutile de se confronter à World Invasion, c’est une évidence. Le film convient plutôt à un public fan de jeux vidéos RPG du style Call of duty.

Dans le genre film de résistance face à une invasion extra-terrestre, World Invasion relève en tout cas l’affront fait par la purge et la débilité de Skyline, sortit en France à la fin de l’année 2010. Le casting seul (Aaron Eckhart, Michelle Rodriguez etc.) a déjà plus d’allure et de charisme. La seule faiblesse véritable tient aux extra-terrestre eux même, impressionnant de puissance et là pour faire main-basse sur notre eau avec le soucis de tout détruire par ailleurs, mais qui feront aussi preuve d’une vulnérabilité tout à fait spectaculaire aussi et presque grotesque. Ce n’est qu’un détail, le film est largement appréciable pour ce qu’il est.

Benoît Thevenin


World Invasion – Note pour ce film : **1/2

Sortie française le 16 mars 2011


Lire aussi :

  1. The Killing Room de Jonathan Liebesman
  2. The Saddest music in the world de Guy Maddin (2006)
  3. U-571 de Jonathan Mostow (2000)
  4. Un Monde parfait (A perfect world) de Clint Eastwood (1993)
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4 commentaires sur “World Invasion : Battle Los Angeles de Jonathan Liebesman”

  1. Gzav dit :

    Hello,

    Merci pour l’article ! Je suis allé voir World Invasion – Battle of Los Angeles, et je n’ai absolument pas fait un seul instant le rapprochement avec la Lybie, bien que le calendrier s’y prête.

    C’est amusant, car je ne connaissais aucun acteur du film (à part Michelle Rodriguez qui est, si je ne me trompe pas Ana Lucia dans Lost), mais j’ai quand même trouvé ce film bien naze à souhait, et pourtant je ne suis pas un public difficile. Perso, je le compare à un « Independance Day » en moins bien, et je ferais plutôt un rapprochement avec 300, où il est aussi valorisant d’être un spartiate que d’être un Marine dans WI – Battle of L.A. Je vais en revanche éviter de spoiler pour toute personne tombant sur cette critique et lisant mon commentaire :)

    Alors ok, on cherche pas un bon scénario quand on va voir ce genre de films, l’action est certainement très bien tournée, mais je n’ai pas accroché les persos. Les extra-terrestres en revanche, sont assez réussis. Leur techno intéressante, mais j’ai trouvé les E.T. de District 9 sensiblement plus fun ^^

    Continue en tous cas ! J’aime bien ce que tu écris !

  2. selenie dit :

    Tout les clichés nauséabonds du genre SF y sont dont les grands moments d’émotion joués à outrance et filmés avec insistance (comme si une telle histoire avait besoin de tant d’effets appuyés). Outre le fait qu’on devine tout (on a l’impression d’avoir déjà vu les scènes dix fois) le pire reste sans doute la banalité affligeante des dialogues, j’en passe et des meilleurs sur les expressions éloquentes et si peu renouvelées sur la gloire de l’armée américaine. A oublier. 0/4

  3. J’avoue que dans ce texte je minimise vachement, et même trop, la glorification du patriotisme américain. En me relisant, je m’en rend compte de la bienveillance de cette chronique et moi même j’en suis stupéfait. Mais bon, j’assume quand même mes propos..

  4. Gzav dit :

    Quand on me demande ce que j’ai pensé de ce film, et que mon explication conduit à un « Ah ouais en gros c’est un Bruce Willis » je dis non (voire, je dis NON).
    Bruce Willis est bien trop charismatique et risquerait d’occulter la valeur de ce corps d’élite que sont les Marines 😀

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