Being born de Mohsen Abdolvahab (2016)

BeingBorn

Immergé d’emblée dans une conversation houleuse entre deux personnages sur une scène de théâtre, Being Born confronte sans préambule le spectateur à un sentiment d’urgence. L’urgence au coeur du récit, ce sera celle de Farhad, réalisateur de cinéma qui souhaite que Pari, son épouse comédienne de théâtre, avorte au plus vite de l’enfant qu’elle porte.

Le film s’attaque ainsi à l’un des tabous de la société iranienne, celui de l’avortement. La pratique est illégale, mais semble socialement admise au sein de la moyenne bourgeoisie de Téhéran. La gynécologue consulte librement et sans faux semblant, quand bien même elle rappelle qu’elle risque gros dans le cas où ses pratiques seraient découvertes. Face au médecin, Farhad monopolise la parole, laissant imaginer que l’idée de l’avortement est davantage son choix que celui de Pari.

Au début, Pari semble s’accommoder du choix de son mari. Elle est une comédienne sollicitée, vient de recevoir une proposition de rôle par un metteur en scène réputé, et parait ainsi privilégier sa carrière. Farhad travaille lui à un documentaire sur la réalité sociale dans le quartier qu’ils habitent avec leur fils adolescent à Téhéran.

Dans cette famille moderne, qui ne semble manquer de rien, dont le fils semble pleinement épanoui et qui écoute de la pop américaine, l’argent n’est apparemment pas un problème. Farhad argue pourtant que l’éducation d’un deuxième enfant leur coûterait trop cher et nécessiterait des sacrifices quant à leurs carrières artistiques respectives. Lorsque Pari consulte sa soeur sur sa décision d’avorter, la réaction de celle-ci provoque chez elle un basculement. Elle n’est plus certaine de vouloir interrompre sa grossesse. Elle est même convaincue du contraire. Tout l’argument du film va dès lors consister à ce rapport de force qui soudain va s’imposer au sein du couple.

On retrouve dans Being Born, la même intelligence, les mêmes qualités d’écriture, la même intensité dans les confrontations entre les personnages que dans les films du plus illustre des cinéastes iraniens actuel, Asghar Farhadi. La recette est semblable, le contexte aussi (celui d’une élite bourgeoise et culturelle de Téhéran), et la comparaison ne dessert absolument pas Mohsen Abdolvahab, au contraire. Son film se classe exactement dans la lignée de films comme Une Séparation ou Le Client, et il passionne tout autant. Le public intéressé par le cinéma d’Asghar Farhadi devrait y trouver naturellement son compte. Et si les qualités du film de Mohsen Abdolvahab sont manifestes, on notera de fait l’influence tout autant évidente du cinéma de Farhadi, son importance, et combien il essaime autour de lui.

B.T

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