Paterson de Jim Jarmusch (2016)

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Il y a tellement peu de hasard dans l’attention portée aux détails dans le cinéma de Jim Jarmusch que l’on peut se demander si le choix de confier le rôle principal à Adam Driver pour interpréter un chauffeur de bus dans Paterson tient à la fantaisie du cinéaste ou bien à son attrait sincère pour l’acteur formidable qu’est Adam Driver.

Le comédien révélé par la série Girls de Lena Dunham (2012-2016) promène depuis un flegme attachant de film en film, notamment chez Noah Baumbach (Frances Ha (2012), While we’re young (2014), qui ne pouvait en tout cas que séduire et intéresser celui qui a fait de son cinéma un territoire zen parfaitement délimité, sans grand équivalent, et dans lequel Paterson trouve toute sa place.

Paterson (Adam Driver) vit et conduit des bus à Paterson, New Jersey, ville des poètes William Carlos William et Allan Ginsberg. Il mène une vie simple, parfaitement réglée, qu’il partage avec Laura (Golshifteh Farahani) et leur bouledogue anglais particulière vachard – et donc irrésistible – Marvin.

Dans Paterson, Jim Jarmusch déroule sept jours de la vie routinière de son personnage, trentenaire humble et poète pudique sans cesse travaillé par son art littéraire qu’il consigne dans un petit carnet. Il construit des vers libres eux mêmes ancrés dans la trivialité du quotidien. A sa manière discrète il oeuvre à la sublimation des choses simples. C’est tout à fait la même chose du côté de la très enthousiaste Laura, chaque jour porteuse d’une nouvelle idée et qui a aussi entrepris de repeindre par des motifs en noir et blanc chacun des éléments du décor de leur maison.

A l’image de ses personnages Jarmusch s’applique, de part une mise en scène précise et sophistiquée, à enchanter le quotidien. Les journées se succèdent, apparemment toujours identiques, et toujours dépourvues d’enjeux dramatiques véritables. C’est dans la répétition des micro évènements, dans les infimes variations de points de vue et dans l’attention permanente concédée à quelques détails récurrents que Jarmusch parvient à séduire, amuser et émouvoir. A sa manière simple et minimaliste, le cinéaste exalte la banalité, la colore et la teinte d’une touche fantaisiste, et transmet quelque chose d’essentiel, cette sensation de bien être qui est aussi totalement bienfaitrice.

Benoît Thevenin

Lire aussi :

  1. Broken Flowers de Jim Jarmusch (2005)
  2. The Limits of control de Jim Jarmusch (2009)
  3. Mademoiselle de Park Chan-wook (2016)
  4. Moi, Daniel Blake de Ken Loach (2016)
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