Alyah d’Elie Wajeman (2012)

Un jeune juif parisien, désœuvré, vivant de petits deals de drogue, a pour projet de quitter la France pour Tel-Aviv pour redonner un sens à sa vie mais, en plus de devoir réunir l’argent nécessaire à son installation sur place, il va devoir faire son « Alyah », profession de foi judaïque officielle attestant de la sincérité de sa foi et de sa démarche.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser ce n’est pas un film sur la religion ou même sur la foi. Elie Wajeman évacue d’emblée cette thématique pour s’intéresser plutôt à la trajectoire de ce jeune homme (épatant Pio Marmaï) qui veut rentrer dans le droit chemin mais ne sait pas comment s’y prendre. Alors que l’on pouvait craindre un film un peu fermé sur sa communauté et ses coutumes il n’en est finalement rien. Loin d’imposer un quelconque didactisme le réalisateur, à l’image de son personnage, ne voit dans l’Alyah, qu’un moyen de commencer une nouvelle vie. De ce fait film déroule en parallèle son intrigue un peu mafieuse de deals de drogue avec de petites sous-intrigues intimes au personnage comme sa relation avec son frère (incarné par le réalisateur Cédric Kahn), son père et une jeune fille qu’il rencontre et dont il va rapidement tomber amoureux (la ravissante Adèle Haenel).

Il y a quelque chose hérité d’un certain cinéma américain des années 70, des premiers Scorsese notamment comme Mean Streets avec ce feeling très urbain et cette nervosité constante. Un film de la rue et de ses petits trafics autour de son personnage principal. C’est d’ailleurs là que le film est le meilleur, quand il s’intéresse à lui, jeune homme paumé qui ne sait pas très bien quoi faire de sa vie.

Le film est porté par un casting très sympathique (avec notamment l’excellent Guillaume Gouix en meilleur ami du héros) qui apporte une fraîcheur et une intensité à un scénario au final très scolaire qui accumule un peu les tics de premier film, comme la volonté de trop en mettre quitte à ne pas raconter grand-chose, ou la présence de scènes à « concepts » amusantes sur le papier mais qui au final ne fonctionnent pas à l’écran.

Cela dit on n’a pas envie d’être méchant avec ce petit film plutôt bien fait, très propre et bien construit, qui pêche peut-être un peu par manque de spontanéité mais qui laisse tout de même entrevoir un certain talent , aussi bien du côté du réalisateur que du côté du casting.

Grégory Auderrmatte

Alyah ***

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