Shadow dancer de James Marsh (2012)

Documentariste Oscarisé pour Le Funambule, James Marsh est aussi réalisateur de fiction. On lui doit notamment le deuxième volet de l’impressionnante trilogie Red Riding. Dans cette trilogie, si des meurtres en séries constituent le fil conducteur d’une intrigue sur plus de vingt ans, l’histoire nous confronte directement à une somme de démons intérieure de la Grande-Bretagne des années 70-80. L’ombre de la guerre en Irlande, notamment, plane tout le long.

Avec Shadow Dancer, James Marsh s’attaque cette fois directement au conflit. Dans la scène d’ouverture, qui fait penser à une des séquences au début de Au-Delà de Clint Eastwood, une adolescente convainc son petit frère d’aller acheter les cigarettes de son père à sa place. Au coin de la rue, l’enfant est victime d’une balle perdue. Il ne survivra pas. Une quinzaine d’année plus tard, Colette McVeigh est une jeune femme vivant à Belfast avec sa mère et ses frères, tous activistes de l’IRA. Colette se rend à Londres pour placer une bombe dans le métro. L’attentat est déjoué et Colette est arrêté par les services de renseignement du MI5. Mac (Clive Owen), agent du MI5, lui propose un deal, espionner sa famille et rendre des comptes régulièrement, ou bien croupir 25 ans en prison. Pour protéger son jeune fils, Colette finit par accepter de trahir les siens, tout en ayant conscience du risque qu’elle encourt.

Shadow Dancer est son nom de code dans les dossiers du MI5, mais aussi une belle façon de résumer le rôle que l’on fait jouer à Colette (magnifique et impressionnante Andrea Riseborough). L’originalité est là, dans la proposition de James Marsh d’inscrire toutes les contradictions et ambiguïtés du conflit nord irlandais par le prisme d’une jeune femme et sa famille.

Le film montre un état britannique qui à travers le MI5 exerce une pression insupportable sur ses informateurs et dans un mépris absolu des libertés individuelles. Le choix de que Mac offre à Colette est d’une cruauté incroyable. Colette n’a en fait aucune alternative a son propre sacrifice. Si elle doit être sauvée, ce ne sera pas grâce au MI5 qui pourtant lui promet de la protéger, ni de part propre force tant elle est fragile et impuissante. Andrea danse sur un pied, malgré elle, sur un fil qui menace de la faire tomber à chaque instant. Shadow dancer n’a peut-être pas la profondeur et le lyrisme de Red Riding Trilogy mais n’en demeure pas moins un film comparativement autant sombre et désespéré. Shadow Dancer marque de manière assez forte et nous laisse à une impasse. Les sacrifices dans cette histoire paraissent complètement vains.

B.T

Shadow dancer ***1/2

Sortie française le 6 février

Lire aussi :

  1. Le Projet Nim (Project Nim) de James Marsh (2011)
  2. Le Funambule (Man on wire) de James Marsh (2008)
  3. The Red Riding Trilogy par Julian Jarrold, James Marsh et Anand Tucker (2009)
  4. La Dame en noir (The Woman in black) de James Watkins (2012)
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Un commentaire sur “Shadow dancer de James Marsh (2012)”

  1. selenie dit :

    Excellent thriller qui place l’humain avant l’action… 3/4

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