Sunny days (Solnetchniye dni) de Nariman Turebaev (2011)

Le titre est ironique, tant au sens propre comme au figuré, aucun rayon de soleil ne vient traverser la vie du personnage. Sunny days est le portrait désabusé d’un jeune kazakh en perdition. Le réalisateur Nariman Turebaev était déjà venu à Vesoul présenter en 2004 son premier long-métrage, Les Petites gens. Dans ce film, il décrivait le quotidien de deux amis un peu marginaux et  comment ils se débrouillaient pour survivre sans travail etc. L'(anti)-héros de Sunny Days n’est pas plus gâté. Il ne possède pas grand chose et, parce qu’il s’agit du principe du film, un lent processus va lui faire progressivement tout perdre.

Le personnage n’a même pas de nom, c’est dire s’il est profondément déconnecté de la société. Le jeune homme perd sa petite amie, puis on le menace de couper l’eau et l’électricité dans son appartement s’il ne rembourse pas rapidement ses dettes. Sans grande conviction, en déambulant nonchalamment dans les rues de la ville, il va tenter de sauver ce qu’il peut mais, malheureusement pour lui, la malchance va ponctuer son parcours.

Nariman Turebaev conduit son récit par petites touches, toujours empreintes d’un certain cynisme. A chaque séquence ou presque, son anti-héros perd quelque chose : ses affaires, ses papiers, ses relations, mais rien ne semble l’affecter. Ce décalage produit quelques grincements amer.Le personnage ne semble pas savoir quoi faire de sa vie. Il se contente finalement de laisser le temps filer, ne donne pas l’impression de subir un quelconque stress. Son horizon se rétrécit inexorablement, il  s’approche du néant, et pourtant, tout semble glisser sur lui, comme si rien n’était grave. Une seule fois il trahit un énervement, après s’être fait voler quelques affaires qu’ils comptait vendre dans la rue.

Le personnage réussit cependant à être attachant mais on se demande quand même qu’elle est, en fait, la finalité du film. On est dans un univers pas très éloigné des films d’Aki Kaurismaki, sauf que la mélancolie est ici quelque peu anesthésiée et qu’on peine à distinguer un discours social convainquant. Le cinéaste souhaite t’il dire que l’on peut vivre sereinement tout en étant affranchi d’un  système ou la consommation rime souvent avec superflu ? Le personnage du film ne semble en tout cas jamais souffrir de la malchance qui s’acharne sur lui, ou plutôt qu’il provoque par son attitude. Son détachement veut tout dire ; il est résigné à vivre en marge de la modernité. Cela lui convient peut être même mieux au final. Reste que Sunny days parait un peu vain,  surtout que Les Petites gens nous avait autrement conquis il y’a quelques années.

Benoît Thevenin

Sunny Days **1/2

Lire aussi :

  1. Radio Days de Woody Allen (1987)
  2. Beau rivage de Julien Donada (2011)
  3. Anonymous de Roland Emmerich (2011)
  4. L’Oiseau d’Yves Caumon (2011)
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