Santas Claus (1898) et autres films par George A. Smith, pionnier magicien

Dans l’ombre de Méliès, un autre George, l’anglais G. A. Smith a été un des pionniers en matière de trucages cinématographiques. Les deux apprentis sorciers rivalisaient d’inventivité et ont utilisé en même temps des techniques similaires (la double exposition, la surimpression etc.), de telle sorte que l’on peut discuter de la primeur des travaux de l’un sur ceux de l’autre. La seule certitude, et c’est pour cela que l’on retient d’abord les films de Méliès, c’est que les effets les plus impressionnants ont été obtenus par le français.

George A. Smith a été un des premiers à envisager vraiment l’assemblage de séquences selon une logique de montage. Pendant que Méliès réalise La Lune à un mètre (1898), lequel consiste à la juxtaposition de trois séquences indépendantes, Smith envisage le premier une manière de morceler une même action en plusieurs plans, sans rompre la continuité, même si le film en question est autrement spectaculaire.

Dans The Kiss in the tunnel (1899), Smith à la bonne idée « d’encadrer » son action principale, celle d’un homme dans un train qui se lève et embrasse la passagère qui lui fait face. La saynète se suffit à elle même, mais Smith brode autour et invente à sa manière le fondu au noir en utilisant une « course illusoire », technique précurseur du travelling qui consiste à placer la caméra sur un véhicule en marche. Là, Smith place sa caméra à l’avant d’un train. Lorsque la locomotive rentre dans un tunnel l’image se fond dans le noir et laisse la place pour intégrer la courte scène du baiser. La sortie du tunnel constitue sur le même principe la conclusion de ce petit film. L’effet est particulièrement novateur pour l’époque, avec une caméra qui change de point de vue et un effet de montage qui crée une véritable continuité dans l’action.

G.A Smith complexifie son procédé en morcelant d’avantage la scène principale dans son film Grandma’s reading glass (1900). Le film se résume là aussi à une seule action, celle d’un enfant en train de jouer avec la loupe de sa grand-mère. Smith augmente la séquence par un découpage en plusieurs plans. L’enfant place sa loupe au dessus d’un objet et Smith insère en gros plan et en utilisant un cache noir, des vues de ces objets. L’action est belle et bien fragmentées en plusieurs plans différents et la continuité est là aussi maintenue.

Smith est également l’inventeur de l’emploi de scène annexe et incluse dans la scène principale selon le procédé de la double-exposition. Dans Santa Claus (1898), deux enfants mis au lit le soir de Noël, imaginent le Père Noël descendre la cheminée. Le songe est figuré par une scène indépendante et insérée à l’écran à l’intérieur d’un arrondi placé à droite dans un espace du cadre laissé vide, à la manière d’une bulle dans la vignette d’une bande-dessinée.

Cette chronique est la première d’une série qui aura pour but de revenir régulièrement sur les premiers temps de l’Histoire du cinéma. Rien de mieux alors que Santa Claus en ce jour de réveillon pour l’inaugurer. On vous souhaite donc un Joyeux Noël !

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  2. Qu’un seul tienne et les autres suivront de Léa Fehner (2009)
  3. Joshua de George Ratliff (2007)
  4. Les Films du président de Charles Antoine de Rouvre
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