Toi, moi, les autres de Audrey Estrougo

Gabriel, fils à papa préfet de police, est sur le point d’épouser Alexandra. Au cour d’une virée en décapotable dans les rues du XIXe ou XXe arrondissement de Paris, il manque d’écraser le jeune frère de Leïla. Pour lui, c’est le coup de foudre immédiat. Leïla va elle mettre plus de temps à se rendre compte de ses sentiments, largement encouragés par son entourage dont Tina, la femme qui l’a élevée à partir de la mort de sa mère. Tina est sénégalaise et dans l’attente de papiers pour la régulariser elle et sa fille…

Il y a quatre ans, Audrey Estrougo se révélait avec Regarde-moi, romance sociale ambitieuse mais maladroite, et véritable hymne au respect et à la tolérance. Les bonnes intentions senties dans son premier film, on les retrouve dans le second.

Toi, moi, les autres se présente comme un métrage beaucoup plus léger, une romance musicale à la manière de On connait la chanson, qui n’a pas du tout la malice et la fantaisie du film de Resnais.

Audrey Estrougo cherche à tendre le miroir à la France Sarkozyste. Les allusions sont grossières, les intentions trop visibles, et s’il est louable de vouloir dénoncer la situations des sans papier en France, le message est traité trop vulgairement.

Ce n’est pas la sincérité de la cinéaste qui est en doute, mais le caractère extrêmement manichéen de l’intrigue qui noie tout intérêt. Les bonnes intentions ne suffisent pas à faire un bon film, c’est clairement le cas. Les bons sentiments dégoulinent même.

Le film en est indigeste. La romance fabriquée, énième variation de Roméo et Juliette, il est là difficile d’y croire, d’autant que l’intrigue est cousue de fil blanc, ou jaune fluo, c’est selon.

Le répertoire de chansons populaires (de Michel Delpech à Téléphone en passant par Daniel Balavoine et Claude François) – choisies avec très peu d’originalité – est massacré par les interprètes et les réorchestrations. Benjamin Siksou s’est fait connaître par la Nouvelle Star et le film ne dépasse clairement pas le niveau musical de cette émission.

En tout cas, si on ne goute pas à la Nouvelle Star et ses avatars, il est sans doute difficile d’être client de Toi, moi, les autre... Audrey Estrougo à des choses à dire, oui,  mais elle le fait bien trop mal.

Benoît Thevenin


Toi, moi, les autres – Note pour ce film :  *

Sortie française le 23 février 2011


Lire aussi :

  1. Qu’un seul tienne et les autres suivront de Léa Fehner (2009)
  2. Santas Claus (1898) et autres films par George A. Smith, pionnier magicien
  3. La Grande vie d’Emmanuel Salinger (2009)
  4. Beau rivage de Julien Donada (2011)
Email

Laisser une réponse