Le Voleur de lumière (Svet-ake) de Aktan Arym Kubat


Cannes 2010 / Quinzaine des réalisateurs

Vesoul 2011 / Film d’ouverture

Dix ans après « Le Singe », Aktan Abdykalykov nous revient avec un film signé sous le nom d’Aktan Arym Kubat. « Le Voleur de lumière » a été initialement présenté à la Quinzaine des réalisateurs 2010 et fait ce mardi l’ouverture du 17e festival des Cinémas d’Asie de Vesoul. (Sortie nationale le 2 mars)


Cela faisait dix ans que nous attendions des nouvelles du cinéastes kirghiz auteur, entre autre du Fils Adoptif (1998). Si ses premiers films (avec La Balançoire en 1993 et Le Singe en 2001) ont été signés du nom d’Aktan Abdykalykov, Le Voleur de lumière, son nouveau métrage, nous parvient avec inscrit au générique le nom d’Aktan Arym Kubat…

Pour ceux qui ont eu le bonheur de découvrir les premiers films du cinéastes, son histoire personnelle est connue, son oeuvre étant jusque là autobiographique. S’il a choisit de porter ce nouveau nom, c’est pour rendre hommage à son père biologique. Abdykalykov était son nom d’enfant adopté.


La confusion éventuelle étant levée, passons au Voleur de lumière. D’une certaine manière, en changeant de nom, Aktan Arym Kubat s’est en même temps émancipé quelque peu du travail effectué avec sa trilogie autobiographique. Le récit est cette fois moins personnel mais on retrouve en même temps, le caractère léger et foncièrement espiègle qui caractérise son oeuvre depuis le début.

Le Voleur de lumière raconte l’histoire simple, dans la campagne kirghize, d’un petit électricien bricoleur qui devient le Robin des bois de son village. Il trafique les compteurs et détourne les lignes afin que les plus démunis bénéficient des bienfaits de l’électricité. Le personnage est incarné par Aktan Arym Kubat lui même. Lorsqu’on le rencontre, on ne peut s’empêcher de penser que ses films, et en particulier ce Voleur de Lumière là, lui ressemblent : espiègles, attachants et toujours optimistes.


Lorsque le film a été présenté à Cannes 2010 pendant la Quinzaine des réalisateurs, le Kirghizistan était un pays coupé en deux. Le peuple venait de se soulever contre le régime autoritaire du président Bakiev, et de violents heurts causaient la morts de dizaines de manifestants.

Le Voleur de lumière rend d’une certaine manière compte de la situation du pays, même si de façon lointaine et symbolique. Le village est isolé de la capitale qui parait a priori inaccessible. Néanmoins, une opposition se crée de fait entre les villageois plutôt pauvres et le pouvoir d’Etat, contrôlé par l’argent, tourné vers le progrès par le libéralisme économique, et représenté ici par ces hommes qui viennent jusqu’au plus profond des steppes kirghizes pour contrôler et réglementer l’usage de la production nationale d’électricité.

Le personnage du voleur de lumière devient dès lors comme le trait d’union entre les deux intérêts. Parce qu’il défend bien sûr les gens de son village, il passe son temps à oeuvrer contre le pouvoir. Les situations burlesques se créent d’elles-mêmes et sous l’apparence d’un film naïf se dessine quelque chose de plus profond. Attachant et généreux, Le Voleur de lumière nous va droit au coeur.

Benoît Thevenin


Le Voleur de lumière – Note pour ce film :

Sortie française le 2 mars 2011


Lire aussi :

  1. American Splendor de Shari Springer Berman et Robert Pulcini (2005)
  2. Septième ciel (Wolke 9) d’Andreas Dresen (2008)
  3. Mysterious Skin de Gregg Araki
  4. Simon Werner a disparu… de Fabrice Gobert (2010)
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