Mother de Bong Joon-ho (2009)

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« Mother » est dans la lignée de « Memories of Murder », le film qui révéla Bong Joon-Ho au monde entier en 2004. Les deux films se répondent admirablement et « Mother » est parfaitement digne de son prédécesseur.

Une lycéenne apparemment innocente est retrouvée assassinée. Un garçon simplet, coupable idéal, est vite arrêté. Sa mère, pour qui son fils est tout ce qu’elle a au monde, se met en quête de prouver son innocence…

Le talent de Bong Joon-ho nous avait été révélé en 2004 avec Memories of murder – son second film après Barking Dogs Never Bitethriller épique, chef d’oeuvre du genre, et qui avait notamment été primé à Cognac. Le cinéaste coréen a depuis offert ce que l’on peut considérer sans crainte comme un fleuron du film de monstre, le génial The Host. Avec Mother, Bong Joon-ho renoue avec le crime et toujours avec maestria.

Mother partage de nombreux points communs avec Memories of murder. L’action se déroule dans un petit village, révèle le meurtre cruel d’une jeune fille, et montre une police là encore expéditive. Néanmoins, et même si dans Mother on retrouve l’esprit, le rythme et l’humour burlesque qui caractérise notamment Memories of murder, les deux films sont très différents.

Memories of murder déroulait son intrigue policière dans les années 80. L’amateurisme de la police de campagne était pointé du doigt en même temps que le film dépeignait tout un contexte de la société coréenne de l’époque. L’attention sur le fond n’est peut-être pas autant appuyée ici. Mother se déroule dans la Corée contemporaine mais on constate d’abord que la campagne n’a que peu évolué par rapport à ce que l’on apercevait dans Memories of murder. La police applique elle les méthodes modernes permises par la science, bien que Bong Joon-Ho s’en moque.

Mother est bien le récit d’une enquête mais pas selon le point de vue de la police. Le titre donne évidemment la réponse, ce sont les investigations de la mère qui nous intéressent ici. Cela dit, la mère n’est pas plus vertueuse que la Police. Si l’institution peut avoir ses préjugés, une honnête maman peut en avoir aussi. Pour elle, son fils ne peut qu’être innocent, et il est effectivement assez peu probable qu’il soit coupable. Les preuves qui l’accablent sont en plus loin d’être suffisantes.

Jusqu’ou ira la mère pour prouver l’innocence de son fils ? La réponse à cette question nourrit toute la trajectoire de l’héroïne, et donc toute la narration du film. En cela, Mother se construit et doit être envisagé comme le contre-point parfait de Memories of murder. Le cinéaste équilibre le balancier avec malice.
Mother se décline selon les thèmes affectés à Memories of murder : une dérision constante, un cynisme génial, un scénario sophistiqué qui multiplie les pistes et nous trompe en permanence. La mise en scène est en plus au niveau : discrète, élégante, sans esbroufe.

Bong Joon-ho prouve qu’il est un des très grands cinéastes de notre époque, un cinéaste populaire et intelligent qui pour l’instant réalise un sans-faute (d’autant que l’on oublie pas sa contribution exceptionnelle à Tokyo !)

Benoît Thevenin

Filmographie de Bong Joon-ho :

2000 : Barking Dogs Never Bite
2003 : Memories of Murder
2006 : The Host
2008 : Tokyo ! (segment « Shaking Tokyo »)
2009 : Mother


Mother – Note pour ce film :

Sortie française le 27 janvier 2010

Lire aussi :

  1. Tokyo ! de Michel Gondry, Leos Carax et Bong Joon-Ho (2008)
  2. Première séance cannoise
  3. Mother of tears (La Terza madre) de Dario Argento (2007)
  4. Her Mother de Yoshinori Satô (2016)
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