Mr. Nobody de Jaco van Dormael (2009)

Ultime homme mortel que compte l’humanité en 2092, Nemo Nobody raconte son histoire à un jeune journaliste… une histoire fragmentée, ou ce qui s’est réellement passé se mélange sans distinction à ce qui aurait pu se passer. Nemo Nobody aurait pu vivre trois vies différentes qui toutes résulteraient d’un choix déterminant que Nemo aura pris lors de son enfance. Sur un quai de gare, alors que sa maman prend le train qui la séparera à jamais de son ex-mari, Nemo hésite entre rester avec son père ou suivre sa mère. Selon son choix, sa vie prendra différentes tournures. Il se mariera notamment avec une des jeunes voisines de son enfance, jamais la même selon son choix : Anna la romantique (Diane Kruger), Jeanne la sérieuse (Linh-Dan-Pham) ou Elise la psychotique (Sarah Polley)…

Quatorze ans après Le huitième jour, le cinéaste belge Jaco Van Dormael nous revient avec Mr Nobody, ambitieuse fresque de la vie fantasmée d’un homme qui s’apprête à mourir à presque 120 ans. L’ambition et la durée pour nous faire parvenir l’ouvrage ne suffisent pas à admirer le résultat. Mr Nobody condense pas mal de défauts et s’avère un film en tout points détestable. La construction narrative, alambiquée, cherche à perdre le spectateur et à faire passer le scénario pour ce qu’il n’est vraiment pas : malin. Mr Nobody est un film creux, qui tente de brasser des thématiques essentielles telles l’amour, la vie/la mort, le destin, sans parvenir jamais à être original, profond ou un tant soit peu intéressant.

L’ambition de mise en scène est manifeste, mais Jaco van Dormael oublie que faire du cinéma, produire de la mise en scène, ca ne se résumera jamais à la seule esbroufe visuelle. Les plans sont construit grossièrement, selon un code couleur assez agressif que l’on finit par trouver moche. Les mouvements de caméra sont souvent gratuits et font rarement sens. Jaco Van Dormael a voulu offrir un conte, raconter une jolie histoire, composer de jolies images, mais il échoue dans toutes ses tentatives.

Le film ressemble à une succession de clips, régurgite d’ailleurs tout une esthétique publicitaire jusque dans l’utilisation de standards musicaux. La bande-originale est justement ultra envahissante et résume finalement bien ce que représente le film. Les morceaux sont non seulement surutilisés à l’intérieur du film, mais sont aussi des chansons déjà entendues dans quantités d’autres films (dans des versions parfois différentes mais quand même) : Mr Sandman des Chordettes (cf les pubs Auchan) dans Retour vers le futur ou Philadephia ; Everyday de Buddy Holly, dans Big Fish ou Stand by me ; ou encore Daydream du groupe belge Wallace Collection. Ce peu d’originalité dans les choix musicaux nous fait presque nous demander ce qui a retenu le cinéaste d’utiliser Le Beau Danube Bleu pour les quelques séquences dans l’espace…

Prétentieux, vide, sirupeux et de très mauvais goût, jusque dans l’horrible vieillissement de Jared Leto, Mr. Nobody est un gigantesque ratage, un film vain et sans âme, sensible mais niais, d’apparence complexe mais faussement tordu. Mr Nobody n’est que poudre aux yeux…

Benoît Thevenin

Filmographie de Jaco van Dormael :

1991 : Toto le héros
1995 : Le Huitième Jour
2009 : Mr Nobody


Mr. Nobody – Note pour ce film :
Sortie française le 13 janvier 2010

Lire aussi :

  1. Les Murmures du vent (Sirta la gal ba) de Shahram Alidi (2009)
  2. La Fenêtre (La ventana) de Carlos Sorín (2009)
  3. Tu n’aimeras point (Einaym Pkuhot) de Haim Tabakman (2009)
  4. Moon de Duncan Jones (2009)
Email

Aucun commentaire sur “Mr. Nobody de Jaco van Dormael (2009)”

  1. Wow, t’as la rage :p
    Si je ne suis pas fan du film, je n’aurai pas été jusque là. Ca se regarde quand même avec plaisir mais pour le côté publicitaire et un peu prétentieux je suis d’accord.
    Et toi, tu aurais choisi qui entre ton papa et ta maman ? 😉

  2. Benoît Thevenin dit :

    Je commençais pas répondre « mais non j’ai pas la rage », et puis je me rend compte que oui, c’est un film qui m’a énervé 😮
    Je ne savais pas trop sur quel pied danser quand les lumières se sont rallumées, juste cette impression déjà d’avoir été complètement enfumé, d’avoir vu un truc boursoufflé et pompeux. J’ai pas un recul immense mais plus j’y pense plus j’y vois que les défauts. Après oui, ca se regarde. C’est quand même bien gonflant d’entendre MrSandman à toutes les sauces, et j’ai bien senti le temps passer.

    Quand je pense qu’il y a un an tout juste sortait Benjamin Button… Il y a des points d’accroches entre les deux films mais c’est le jour et la nuit.

    :-(

    J’aurais sans doute jamais pu choisir entre mon père et ma mère, ca c’est sûr. Ca me fait penser à une jolie scène dans « Aie » de Sophie Fillière ou Hélène Fillière fait face à André Dussolier et lui explique qu’elle est une éternelle indécise. je viens de retrouver ça sur mon ancien blog :

    « HF : Je vous crois ? Je ne vous crois pas ? C’est pas grave en fait, tout m’est égal. Tout m’est terriblement égal. Il n’y a pas une chose au monde que je sois sûr de préférer à une autre : pas ma mère à mon père, pas mon père à ma mère, pas le poisson au poulet, pas… Bjon Borg à Jimmy Connors… J’étais toujours sur le bord de décider et hop, ça s’inverse… Pas la montagne à la mer…

    AD : Ca changera. Je vous ferez préférer des choses »

    Bon voila, une scène très simple que je trouve assez jolie. Et c’est tout le contraire MrNobody finalement

  3. Ta critique est assez rude mais bon je vais en rajouter!

    Premièrement j’ai trouvé que la similarité avec Matrix tient vraiment du plagiat manqué.

    Deuxième point le doublage des voix sur la version française par des bruxellois est vraiment dérangeant sachant que le film est joué par des acteurs anglophones.

    Mais au fond le film se laisse regarder et le sujet traité est assez original, dommage que le résultat ne soit pas à la hauteur des attentes suscitées.

  4. Benoît Thevenin dit :

    Je sais que ce n’est pas évident pour tout le monde et que de ce point de vue j’ai vraiment de la chance de vivre à Paris la majeur partie de l’année… mais j’encourage à voir les films en v.o, évidemment. Le doublage modifie en plus toujours, je crois, la perception que l’on peut avoir d’un film.

  5. Cailloux dit :

    Oui alors ce film ne m’a pas laissé que des bonnes sensations… un peu comme si on essayait d’accrocher quelquechose qui nous enervait…et c’est une realité ce film enerve.
    Cette sensation est probablement causée par le fait que l’on cherche du sens là où il n’y en a pas. FRUSTRATION…

  6. Merci dit :

    Merci Jaco pour ce splendide film.

    Tout simplement le meilleur et celui qui m’a donné le plus d’émotions jusqu’à ce jour. Bien évidemment cela n’engage que moi… Je suis très étonné de toutes ces réactions négatives et je pense que c’est bien la marque d’une grande oeuvre.

    Toutes les grandes oeuvres sont reçues soit avec émerveillement soit avec dégoût total l’un proportionnel à l’autre. Et les idées nouvelles sont toujours rejetées au début (quel est le fou qui a dit que la terre était ronde? )

    Merci pour ce chef d’oeuvre !

  7. Elow's dit :

    franchement arréte ! OK les musiques ne sont pas original mais les acteurs sont vraiment super dans leurs rôle ! L’histoire est une question que chaque enfant se pause si un imprévu doit arriver ! Alors au lieu de faire des critique médiocre, je veux bien voir si tu ferais mieux ! A plus

  8. Cailloux dit :

    Finalement à la reflexion, j’ai fini par trouver un interet réel à ce film. Certes les plans sont parfois un peu long, certains evenements pas trop compréhensibles et certaines scenes etant un peu trop habituels aux films d’amour à l’eau de rose. On a néanmoins cherché à inventer quelquechose qui n’a jamais été fait ou en tout cas qui n’a pas été assez poussé. C’est beau, c’est bien joué c’est completement décousu . Ce film doit aussi pousser l’imaginaire de celui qui le regarde, et c’etait là que je me sentais frustré, c’est un film qui necessite une ame d’enfant. Et il a vraiment été tourné, joué, mis en scene comme tel..

    A classer dans les films à voir pour rever ou bien pour retomber en enfance. Un chef d’oeuvre, peut etre pas. Mais un film completement décalé, et rien que pour ca il est à voir absolument. Et pourtant c’est peut etre ca un chef d’oeuvre,un film qui est en opposition avec ses contemporains…

  9. Benoît Thevenin dit :

    oui, enfin, les oeuvres considérées comme majeures, quel que soit l’art, sont généralement des oeuvres qui ont du sens (philosophique, politique, moral, etc.) et une esthétique qui coïncide et fait elle même sens. Moi je considère que Mr Nobody en est très très loin, que c’est juste une coquille vide. (et pas tant que ça en opposition avec ses contemporains, au contraire même)

Laisser une réponse