Depuis son retour au cinéma en 2002, Carlos Sorin a toujours parcouru l’Argentine et plus particulièrement la Patagonie en suivant son personnage principal. De cette façon là, le cinéaste se sera intéressé aux gens simples et aura développé de belles histoires, sensibles et pleine d’empathie. Historias Minimas (2002) et El Camino de San Diego (2006) auront été de superbes découvertes. (Bombon el Perro (2004) est déjà moins convainquant.
La Fenêtre est en contradiction complète avec ces films là. Au récit mouvant auquel il nous a jusque là habitué, Carlos Sorin substitue cette fois une histoire immobile. Le film se déroule quasi exclusivement dans le huis clos d’une chambre d’une maison de repos, dans le décor paisible de la Patagonie. Un vieil homme seul au crépuscule de sa vie attend le retour de son fils que les années ont séparé. Le théâtre de son évasion intellectuelle est rudimentaire : une fenêtre par laquelle le vieil homme se souvient de sa vie.
La Fenêtre a l’avantage de sa courte durée (1h10 seulement), car le film ne passionne pas vraiment. Carlos Sorin fait le choix de l’épure et de la simplicité. Son héros est un vieil homme simple qui n’a pas vécu une vie spécialement extraordinaire. L’évocation minimaliste de ses souvenirs ne nous émeut malheureusement pas, peut-être justement parce que le récit est trop humble, trop anecdotique. Le film s’inspire des Fraises Sauvages de Bergman mais n’est absolument pas comparable en terme de profondeur, de puissance émotionnelle et même humaniste. La portée de cette Fenêtre est bien trop courte. On le regrette car Carlos Sorin nous avait joliment habitué à peindre l’âme des argentins les plus modestes avec, justement, profondeur et délicatesse. Sa sensibilité est moins prégnante ici, malgré une belle échappée dans les champs, un petit moment simple ou le spectateur prend l’air en même temps que le personnage.
B.T
La Fenêtre – Note pour ce film :
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