Quand l’embryon part braconner (Taiji ga mitsuryosuru toki) de Kôji Wakamatsu (1966)

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Cinéaste majeur, Kôji Wakamatsu reste assez méconnu en France. Il a un petit peu fait parlé de lui à l’automne 2007 avec la sortie confidentielle de ce film, Quand l’embryon part braconner. Le film a suscité une certaine polémique, parce qu’interdit aux moins de 18 ans (une pétition a ensuite permit de baisser la censure aux moins de 16 ans), interdiction qui aurait précipité encore plus l’anonymat d’un tel long-métrage, de toutes les façons pas destiné au grand public.

Kôji Wakamatsu, connu pour être le producteur de L’Empire des sens d’Oshima, est aussi le maître incontesté du Pinku Eiga, le cinéma érotique japonais, florissant dans les années 60-70. Quand l’embryon part braconner, réalisé en 1966, en est peut-être l’oeuvre emblématique.

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Quand l’embryon part braconner
est un titre qui trouve son sens dans le sous texte du film, violemment contestataire et énoncé par un cinéaste fortement engagé et qui à souvent trouvé dans les figures érotiques le moyens de développer métaphoriquement son discours. Le cinéma de Wakamatsu est souvent sadique, le viol est une figure récurrente, et les relations sexuelles généralement envisagées selon l’idée d’un combat des corps, de la lutte entre dominant et dominé.

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Quand l’embyon part braconner ne fait pas exception. Le pitch est simple : en huis clos dans un appartement, un homme violente sa partenaire, reproduisant ses souvenirs d’une vielle passion sadique. Ce qui s’avère étonnant à la découverte du film, c’est l’exceptionelle grâce du film, son côté onirique qui prend le dessus sur la simple violence, la virtuosité plastique qui sublime et sacralise même, d’une certaine manière, une pratique sexuelle socialement déviante. La charge subversive est détonante et le film assez extrême d’un bout à l’autre. Pourtant, ce qui marque en premier lieu – et au fer rouge c’est entendu – c’est ce travail cinématographique de fond, sur le son, sur la composition des cadres et sur cette photo noir et blanc baignée de lumière et sublime. Une sacré claque.

Koji Wakamatsu, 72 ans, est toujours actif. Son dernier film, United Red Army, a été présenté lors du dernier festival de Berlin, en février dernier.

Benoît Thevenin


Quand l’embryon part braconner – Note pour ce film :

Sortie française le 3 octobre 2007


Lire aussi :

  1. 25 novembre 1970, le jour où Mishima a choisi son destin de Koji Wakamatsu (2012)
  2. Cul-de-sac de Roman Polanski (1966)
  3. Ma part du gâteau de Cédric Klapisch (2011)
  4. Ces messieurs dames (Signore e signori) de Pietro Germi (1966)
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