25 novembre 1970, le jour où Mishima a choisi son destin de Koji Wakamatsu (2012)

Titre original : 11.25 Jiketsu no Hi: Mishima Yukio to Wakamonotachi

En 1985, Paul Schrader consacrait un portrait en quatre chapitres de l’écrivain nationaliste japonais Yukio Mishima. Le cinéaste américain est parvenu avec ce film à rendre compte des multiples facettes et contradictions de et dans la vie du sulfureux romancier et poète.

Elevé dans le culte de l’Empire du Japon de Hirohito, Mishima aura toujours défendu la tradition et les valeurs patriotiques nippones, ainsi que la restauration de l’Empire, tombé avec l’adoption en 1947, juste après la défaite dans la Seconde guerre mondiale, d’une nouvelle constitution. Le 25 novembre 1970, Mishima arrive à la fin de son parcours et organise avec une poignée de fidèles une tentative vouée à l’échec de coup d’Etat, prenant en otage au QG du ministère de la défense le général en chef et quelques uns des ses proches collaborateurs. Son action est un échec et face au déshonneur, Mishima se donne la mort par seppuku.

Le parcours pas moins complexe de Koji Wakamatsu s’inscrit en miroir et en contradiction complète avec celui de Mishima. Cinéaste anarchiste et libertaire, Wakamatsu aura toujours été aux avants poste de la contestation, été un des maîtres du pinku eiga, signants des films violents, pervers, sadomachistes et à fort contenu politique. Que Wakamatsu – redécouvert en France à la faveur de la réédition de Quand l’embryon part braconner en 2007, puis des sorties en salles de United Red Army en 2009 et Le Soldat Dieu fin 2010 –  s’intéresse à Mishima a valeur de véritable confrontation.

Wakamatsu livre un objet étrange et entièrement focalisé sur Mishima et les dernières heures de son existence. Le cinéaste utilise images d’archives, poèmes de Mishima, et se livre à une reconstitution au plus près, assez austère et dans un style très dépouillé, des nombreux discours tenu par Mishima devant ses militants. Ainsi, de manière lente et très progressive, Wakamatsu met en scène le cheminement idéologique de Mishima et comment il en est arrivé à marcher si résolument vers la mort. Le cinéaste décrit uniquement la dérive fanatique et illuminée de l’écrivain et fait le choix d’occulter totalement les autres aspects de la vie de Mishima, ses ambivalences, l’importance de son oeuvres, etc. Ceux qui sont à la recherche d’un portrait plus complet de Mishima n’ont qu’a se retourner sur l’excellent film de Paul Schrader, qui tout américain qu’il est, a sans doute réussit un portrait dès plus juste. L’approche de Wakamatsu est radicalement différente, mais quand même intense, exaltée et passionnante. On a là affaire à un très grand film.

Benoît Thevenin

25 novembre 1970, le jour où Mishima a choisi son destin *****

Lire aussi :

  1. Quand l’embryon part braconner (Taiji ga mitsuryosuru toki) de Kôji Wakamatsu (1966)
  2. Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet
  3. Le Jour d’après (The Day After Tomorrow) de Roland Emmerich (2004)
  4. Chaque jour est une fête… (Every Day is a Holiday) de Dima El-horr (2009)
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2 commentaires sur “25 novembre 1970, le jour où Mishima a choisi son destin de Koji Wakamatsu (2012)”

  1. Sinclair dit :

    A quand la diffusion en France? Ou alors le DVD?

  2. Bonjour, le film sortira en salles le 27 novembre 2013 sous le nom : 25 NOVEMBRE 1970 : LE JOUR OU MISHIMA CHOISIT SON DESTIN. Plus d’infos : http://www.dissidenzfilms.com

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