The Rebirth (Ai No Yokan) de Masahiro Kobayashi (2007)

Rebirth


Récompensé à Locarno en 2007, « The Rebirth » (parfois montré en festival sous le titre « Pressentiment d’amour »), nouveau film de Masahiro Kobayashi après Bashing (en compétition à Cannes 2005), est un film exigeant, minimaliste et particulièrement hermétique.

En plan fixe, une jeune femme, Noriko, répond à un interrogatoire. Sa fille adolescente à assassiné une camarade du même âge. Junichi, le père de la victime, répond lui aussi à quelques questions. La confrontation qui se joue dans le parallèle de ses deux séquences est impressionnante et l’on se demande alors ce qui pourra en découler…

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Noriko et Junichi sont deux êtres solitaires, terrassés par le même évènement. Ils vivent dans une auberge dont Noriko et la cuisinière. C’est donc elle qui prépare les repas de Junichi. Solitaires, mutiques, ils s’évitent plus ou moins volontairement.
The Rebirth se déroule sur un rythme lancinant et selon une mécanique narrative, répétée perpétuellement, d’où le risque d’éprouver radicalement la patience des spectateurs. Les vies des deux personnages sont réglées comme des réveils. La routine est implacable et il ne se passe strictement rien en facade. Les journées se répètent et rien, absolument rien, ne vient pertuber l’équilibre de ces vie mornes et saccagées. La mise en scène elle même obéit à une logique cyclique et se redéploie en permanence.

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Le jeu, s’il y en a un, consiste presque à repérer les infimes variations qui surgissent d’un cycle à l’autre. L’attention est mise à l’épreuve, très clairement, et la fine observation par Kobayashi de ces vies confine franchement à l’agacement. Le frémissement amoureux qui agite (si peu) Junichi par rapport à Noriko, est pourtant perceptible mais les enjeux, étouffés d’emblée tant les personnages sont meurtris et dénué d’une quelconque pulsion de vie, n’existent finalement pas.

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L’expérience de The Rebirth est simplement éprouvante et terriblement dépressive. Les films sur le deuil ne manquent pourtant pas. Rien que pour le Japon, Shara et La Forêt de Mogari (dans lequel jouait d’ailleurs déjà Makiko Watanabe) de Naomi Kawase ont par exemple réussit à nous bouleverser, mais là, le film de Kobayashi nous paraît simplement vain…

Benoît Thevenin


The Rebirth – Note pour ce film :
Sortie française le 27 janvier 2010

Lire aussi :

  1. Voyage avec Haru (Haru Tono Tabi) de Masahiro Kobayashi
  2. Harakiri (Seppuku) de Masaki Kobayashi (1962)
  3. Rivière Noire (Kuroi Kawa) de Masaki Kobayashi (1957)
  4. L’Un contre l’autre (Gegenüber) de Jan Bonny (2007)
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