Himalaya, l’enfance d’un chef d’Eric Valli (1999)

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Au tournant des années 90/2000, le Tibet est plutôt à la mode au cinéma. Jean-Jacques Annaud (Sept au Tibet, 1997) et Martin Scorsese (Kundun, 1997), s’intéressent aux moines bouddhistes tandis que le premier cinéaste d’entre eux (Kyentse Norbu), réalise La Coupe (1999). Suivra notamment, Samsara de Nalin Pan en 2002, qui évoque le sujet tabou du désir dans la communauté des Lamas tibétains.

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Le film d’Eric Valli se démarque de tous ces films, n’évoque même pas les moines bouddhistes même si un des personnages en est un, mais élargit notre vision de la vie sur les pentes de l’Himalaya. Avant d’être cinéaste, Eric Valli est d’abord un éminent photographe. Il aura passé près de 9 mois à 5000 mètres d’altitude pour se familiariser avec les hommes qui peuplent les villages reculés dans les montagnes himalayennes du Népal. Le long-métrage qu’il nous livre est un témoignage ethnographique précieux, en même temps qu’une très belle aventure humaine.

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L’histoire est simple. Dans un village isolé du Dolpo, la survie des habitants dépend de la route du sel que doit emprunter la caravane de yachs menée par le chef du village. Le fils de ce dernier meurt au retour d’un voyage, et le vieux chef Tinlé refuse de laisser la responsabilité de la conduite de la caravane au jeune Karma qu’il tient responsable. Tinlé emmène pour la première fois avec lui son petit-fils Passang, bien qu’il ne soit qu’un enfant, car c’est à lui que reviendra bientôt la charge de ses longs et dangereux voyages…

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Les images de cette montagne aride sont magnifiques, transcendées en plus par la belle musique composée par Bruno Coulais. Rien que pour ça Himalaya impressionne mais le film  ne se résume surtout pas à une galerie d’image pittoresques et exotiques. Le photographe Eric Valli se révèle également un excellent directeur d’acteur d’autant plus que le casting est composé presque exclusivement de non-professionnels. Thilen Londhup, qui incarne le vieux chef Tinlé inssufle une énergie incroyable au récit, transmet toute la ferveur et le courage de son personnage. Récit initiatique d’une part, Himalaya est aussi une formidable aventure, entre conflit générationnel et respect des coutumes ancestrales.

Le film est produit par Jacques Perrin, dont il s’agit de la deuxième production d’envergure après Microcosmos, le peuple de l’herbe en 1996. Perrin s’est depuis fait une spécialité des documentaires à grands spectacles (Le Peuple Migrateur, La Planète bleue, Tabarly). Himalaya investi lui la fiction mais constitue tout de même un témoignage sublime, captivant et tout à fait estimable.

Benoît Thevenin


Himalaya, l’enfance d’un chef Note pour ce film :

Sortie française le 15 décembre 1999

Lire aussi :

  1. Hommage à Stanley Kubrick (26/07/1928 – 07/03/1999)
  2. Belles à mourir (Drop Dead Gorgeous) de Michael Patrick Jann (1999)
  3. Lust, Caution (Se Jie) d’Ang Lee (2007)
  4. La Petite fille de la terre noire (Geomen tangyi soneyeo oi) de Jeon Soo-il (2007)
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