Le Merveilleux magasin de Mr Magorium (Mr. Magorium’s Wonder Emporium) de Zach Helm

It’s a toy story. Besoin d’une bouffée d’air frais, de légèreté, de merveilleux ? Besoin d’optimisme tout simplement, de rêver un peu ? Il n’y a en ce moment pas 36 chemins ou alors, tous mènent au Merveilleux magasin de Monsieur Magorium (MMMM). Le film est le premier de Zach Helm, scénariste malicieux et sympathique de L’Incroyable destin d’Harold Crick.

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Mr Magorium (Dustin Hoffman) est plus que le propriétaire d’un magasin, plus même qu’un simple magicien. Il est tout ça mais bien plus encore. Il est un farfelu qui prétend avoir 243 ans, possède des réconnaissances de dettes signées de la main d’Edison, à connu les personnages imaginaires des romans, s’est acheté une quantité impressionnante du même modèle de chaussure pour pouvoir les porter toute sa vie (et il porte la dernière…). Son magasin est remplit de jouets aussi vieux que lui et il s’y passe chaque seconde des choses que vous n’imagineriez jamais. L’enthousiasme débordant de Mr Magorium balance avec la timidité de Molly Mahoney (Natalie Portman), pianiste surdouée mais déçue, qui continue de jouer le même concerto de Rachmaninov mais n’arrive pas à composer son chef d’oeuvre. Molly ne rêve plus qu’à moitié. Elle est une complice absolue de Mr Magorium et de son univers fantasque mais elle éprouve le besoin de se remettre en question, d’abandonner le magasin pour se consacrer à sa musique. Magorium ne voit pas les choses sous le même angle. Il doit partir et son héritière ne peut être que Molly…

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MMMM est un film éminemment sympathique et probablement très mal distribué étant donné le peu de considération dont il aura été l’objet. Ici, nous tenterons de laver l’affront et de vous inviter à réparer le préjudice. Si le film est encore à l’affiche près de chez vous, emmenez vos enfants où même allez-y seul si vous n’en avez pas. Dans tous les cas, vous ne pourrez pas être déçu.

Avec ses mille couleurs chatoyante, son univers kitsch assumé, MMMM est un film qui s’adresse en priorité à tous ceux qui ont perdu leur âme d’enfant… Il parle évidemment très bien à ceux qui l’ont encore, mais il s’adresse bien en particulier à ceux qui ont le besoin de sourire, d’être naïf. L’ambition du film est de provoquer l’étincelle. Le message central définit bien le ton général du film. « Travailler en s’amusant, c’est fondamental » (et plus sympa que « Travailler plus pour gagner plus »). Dans MMMM, comme chez beaucoup de monde en général, les adultes ne savent plus jouer, ils travaillent et oublient qu’ils ont été des enfants. Quelle prétention insupportable que de penser qu’un jour nous ne somme plus ces garnements ! On le voit bien avec notre président cinquantenaire et ses réactions spontanées digne des coure de récrés…

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Le magasin de Mr Magarium est justement une véritable cour de récré. Les enfants ne viennent pas vraiment là pour acheter des jouets mais pour s’amuser avec toute la journée. Le magasin est magique et donc vecteur de toutes les féeries ; des féeries que seuls les chérubins semblent disposer à remarquer. Il y a dans ce magasin comme une éloge de la simplicité, en tout cas de celle de ces jouets, et donc une forme de contradiction par rapport au monde tout technologique dans lequel nous vivons et ou les jeux sont vidéos. Mais c’est bien ça qui est magique et beau : continuer de croire, même quand la réalité et dure et que l’environnement qui est le vôtre ne vous y incite pas. Le message essentiel du film est qu’il faut croire, car c’est l’étape principale amenant à voir la beauté, le merveilleux de ce qui nous entoure. Quand on cesse de croire, c’est la déprime. Chez Peter Pan, « chaque fois qu’un enfant dit « je ne crois pas aux fées », il y a quelque part une petite fée qui meurt ». Dans le magasin de Mr Magorium, quand on cesse de croire en ce monde magique, les jouets font la tête, refusent à leur tour de jouer et le magasin de sombrer, au sens littéral. Il ne suffira que d’une étincelle pour rallumer la flamme.

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Le magasin de Mr Magorium s’adresse à tout le monde. Au plus turbulent des gamins comme à l’adulte le plus endurcit par la réalité des choses. Aux enfants solitaires comme aux adultes en manque d’amour. Car dans le fond, il y a là deux miroirs. Comme lorsque la mère de notre narrateur explique à son fils que les amis ne tombent pas du ciel. Il faut croire, être un peu sûr de soi. « Commence par dire bonjour » dit-elle. Ceux qui ne trouvent pas l’âme soeur se voient là asséner une vérité d’une simplicité déconcertante. Oui, mais c’est là la substance même du film. On l’a martelé depuis le début de ce texte. « Il faut le voir pour le croire ».

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Benoît Thevenin


Le Merveilleux magasin de Mr Magorium – Note pour ce film :

Sortie française le 13 février 2008


Lire aussi :

  1. Garden State de Zach Braff (2004)
  2. Eastern Plays de Kamen Kalev (2009)
  3. Baisers volés de François Truffaut (1968)
  4. Les Murmures du vent (Sirta la gal ba) de Shahram Alidi (2009)
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