Solitaire (Rogue) de Greg McLean (2007)

Le film de crocodile (ou de requins) est un sous-genre en soi et pour un Dents de la mer, combien de navets et nanars du style Shark Attack ? Greg McLean nous avait épaté en 2006 avec son Wolf Creek, dans lequel il détournait avec brio les écueils du très stéréotypés cinéma de tueurs en série. Avec Rogue, le cinéaste s’impose maintenant pour de bon comme un cinéaste à suivre. Au pays de Crocodile Dundee (gros succès en son temps mais piètre film convenons-en), un groupe de touriste embarque dans un petit bateau pour découvrir de près les crocodiles qui élises résidences dans la rivière. Évidemment, les choses vont mal tourner.

Les bases du film sont classiques, c’est très clair mais voilà, Greg McLean est un cinéaste doué. Le premier personnage du film, c’est cette nature hostile mais magnifique que l’homme ne domptera pas. Au mieux il s’y fera une place, pour peu qu’il fasse attention à ne pas investir les territoires alentours. Le réalisateur construit son intrigue autour de personnage parfaitement écrit, ce qui revient à dire que McLean contourne les passages obligés du film. Rogue est un film sans chichi, sans bravoure, sans caractère exceptionnel et ou les plus audacieux sont ceux qui se font croquer le plus rapidement. L’histoire qui se tisserait inévitablement dans n’importe quel film autre film du genre entre les deux stars du film (Radha Mitchell et Michael Vartan)  est ici soigneusement étouffée dans l’oeuf dès lors que tous les ingrédients (la belle guide, le pêcheur lourdingue qui la convoite, le beau touriste qui s’immisce entre eux deux) ont été réunis pour faire quelque chose de banal. C’est là toute la prouesse du film : amener le spectateur sur des chemins évidents qu’il connaît par coeur pour mieux le surprendre à ces moments précis. Greg McLean mène donc son histoire de la très exacte manière dont il nous décrit la façon dont les crocodiles eux-mêmes opèrent : surgir au moment où la banalité s’est imposé.

Rogue n’est pas un film parfait, il y a quelques moment un petit peu agaçants et les derniers plans peuvent décevoir un peu mais d’une manière générale, Greg McLean nous livre un film sauvage, instinctif et vraiment plaisant. Pour ne rien gâcher, le crocodile du film, alors qu’aujourd’hui tout est images de synthèses, est ici une créature mécanique. On ne le devine que parce que l’on voit bien qu’il ne s’agit pas d’une créature numérique mais sinon, on croit vraiment en cette créature. Alors Rogue n’est peut-être qu’un film de série B mineur, mais il s’agit surtout d’un vrai film d’aventure de qualité, ce qui est rare. En tous cas, dans le rayon crocos de vos vidéos-clubs, vous ne trouverez sans doute pas mieux.

Benoît Thevenin


Solitaire – Note pour ce film :

Sortie française le 13 août 2008


Lire aussi :

  1. Paul de Greg Mottola (2010)
  2. Le Solitaire (Thief) de Michael Mann (1981)
  3. Shrooms de Paddy Breathnach (2007)
  4. Joshua de George Ratliff (2007)
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Aucun commentaire sur “Solitaire (Rogue) de Greg McLean (2007)”

  1. Baptiste dit :

    Je ne comprends pas comment on peut plébisciter un tel navet.

    « …Pour ne rien gâcher, le crocodile du film, alors qu’aujourd’hui tout est images de synthèses, est ici une créature mécanique… »

    On ne doit pas avoir vu le même film, parce que dans celui que j’ai vu, le crocodile pue l’image de synthèse mal animée ce qui lui enlève toute crédibilité.

    Pour le reste, les acteurs ne cassent rien, les personnages sont clichés et simpliste à crever (aucune subtilité). Et pour ne rien gâcher, ceux-ci ne sont pas attachant du tout: ils se font tous bouffer les uns après les autres sans que cela ne suscite la moindre émotion.
    Bref, à l’image d’un épisode de Walker Texas Ranger, ce film est divertissant… Mais tellement nul! (Pardon, il serait plus correct de dire que j’ai détesté).
    Si vous aimez les films de croco je vous conseille Black Water; tellement plus subtile et terrifiant.

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