Asphalt (Der Polizeiwachtmeister und die Diamantenelse) de Joe May

Découvert par un heureux hasard, une nuit sur Arte, la vue de ces images m’a tout de suite fasciné. J’avais préalablement ouvert le programme télé et remarqué ainsi la date de naissance de ce film : 1929. Du coup, la vision de ces images kaléidoscopiques, ces mouvements de caméra me paraissaient prodigieusement novateurs pour l’époque. Et je n’étais pas arrivé là au bout de mon admiration.

Un jeune policier arrête une jeune fille apparemment bien née pour vol à la tire. Celle-ci va le séduire, jouer avec lui, le troubler. Elle se fait accompagnée chez elle et le viole littéralement…

Le film ne manque donc pas d’audace, tant narrative que visuelle. La copie du film était assez abîmée mais on remarque malgré cela un travail assez énorme sur la composition des plans : cadrages, lumière…

Ce film allemand, datant donc de 1929, il s’agit d’une œuvre labellisée UFA. La UFA c’est quand même le plus foisonnant foyer de création cinématographique de l’époque. En 27, la UFA sortait même un certain Metropolis par Fritz Lang… Le décorateur de Metropolis est justement le même que celui qui à travaillé sur Asphalt. Et le résultat est d’ailleurs tout à fait intéressant. Comme en 29, la machinerie cinématographique nécessitait de tourner en studio, le décorateur à du s’employer à construire une réplique des rues de Berlin. Or, à défaut de savoir les conditions de productions du film, et même en s’en doutant, difficile de ne pas croire en cette reconstitution. C’est vraiment du beau travail et c’est le moins que l’ont puisse dire.

Le personnage d’Elsa Krammer, la jeune voleuse, est très typique des femmes fatales qui ont fait les beaux jours du cinéma hollywoodien. L’actrice, dont le nom m’échappe, vamp’ autant le spectateur que le perso du jeune policier. La séquence de leurs baiser passionné est d’une extrême beauté. Parce que cette scène est baignée d’un succulent romantisme, avec une déclaration d’amour sincère et naïve suivie d’une réponse froide et raisonnée. La passion l’emporte et à les voir, je m’imagine assez volontiers qu’ Asphalt ait pu bousculer les mœurs de l’époque. Cela dit, la morale finale est préservée, quoique ambiguë. La violence  surgit pour les séparer, la justice triomphera et la jeune femme marquera un peu plus son caractère, sa personnalité. Elle est vraiment une héroïne dans la pure tradition, en construction alors, du film noir américain. Pure en apparence mais dangereuse, machiavélique et sensuelle, elle manipule nos sentiments, se grave sur la pellicule et s’inscrit dans nos rêves.

Le film est audacieux et novateur à tous points de vue. On pourrait presque parler d’avant-garde. Un joyau de la UFA à découvrir. Je ne connaissais pas encore Joe May, mais je suis curieux de découvrir ces autres œuvres…

Benoît Thevenin


Asphalt – Note pour ce film :

Année de production : 1929


Lire aussi :

  1. Conte de l’obscurité (Skazka Pro Temnotu) de Nikolay Khomeriki (2009)
  2. Final Whistle (Soote payan) de Niki Karimi (2011)
  3. A Deriva de Heitor Dhalia (2009)
  4. Locataires (3-iron) de Kim Ki-Duk (2004)
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