Antoine et Colette de François Truffaut (1962)

Ils font l’amour aux quatre vents
Tous les enfants du monde
Croquant la vie à belles dents
Comme une pomme ronde
Premiers baisers, bonheurs, chagrins
Garde mon coeur
Donne ta main
Ça finit mal, ça finit bien
Tendres et cruels sont les enfants
Quand deux par deux
Sur les chemins
Ils vont chanter l’amour à vingt ans

(Chanson finale du film, par George Delerue)

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Après Les Quatre Cents coups, François Truffaut déjoue les attentes et réalise un long-métrage au sujet radicalement différent, Tirez sur le pianiste, film noir d’après un roman de David Goodis. Suit immédiatement après le trio sentimental de Jules et Jim. Sitôt le tournage de ce film, Truffaut accepte la commande du producteur Pierre Roustang et planche sur un des cinq courts-métrages prévus pour composer L’Amour à vingt-ans (les autres courts sont signés par Andrzej Wajda, Marcel Ophüls, Shintaro Ishihara et Renzo Rossellini).

L’occasion est belle pour Truffaut de donner une suite aux aventures de son jeune héros des Quatre Cents Coups. L’Antoine d’Antoine et Colette est bien le petit Doinel et Truffaut reconvoque logiquement Jean-Pierre Léaud pour l’interprétation du rôle. Léaud a maintenant 17 ans.

Le court-métrage est bel et bien conçu comme une suite directe des pérégrinations du personnage. Truffaut réinsert une séquence complète des Quatre Cents Coups, à la faveur d’un souvenir raconté par René, le copain de classe du petit Doinel dans le premier des films du cycle consacré au personnage, que l’on retrouve donc (et toujours incarné par Patrick Auffay)  Le récit fait aussi référence aux parents. On apprend qu’Antoine ne s’entend toujours pas très bien avec eux et qu’il a fini par s’émanciper. Antoine vit seul dans une petite chambre qu’il loue et travaille en bas de chaîne pour une société d’éditions de disques.

Antoine et Colette 2

Antoine et Colette est berçé par le souvenir des 400 coups mais ne constitue évidemment pas le sujet véritable du court-métrage. S’il y a Antoine, il y a donc Colette (jouée par Marie-France Pisier pour son tout premier rôle). Antoine la remarque lors d’un concert à la Salle Pleyel. Les deux jeunes adultes finissent par lier connaissance, se fréquenter, et Antoine se fait même accepter par les parents de la demoiselle.

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Après deux films immédiats qui portent moins ostensiblement la marque du cinéma urbain de la Nouvelle Vague, François Truffaut retrouve non seulement son personnage mais également les rues de Paris. Le court-métrage porte indiscutablement la marque de son auteur : l’usage de la voix off, le recours aux symphonies et opéra pour la bande-originale et une certaine ambiance amoureuse, à la fois pudique, sensuelle, mais aussi grise car l’amour chez Truffaut est souvent amer.
Antoine et Colette marque une étape, non pas dans le travail de Truffaut, du moins pas directement, mais dans ce qui constituera aux films des ans et de la construction de la filmographie du cinéaste, une véritable saga autour du personnage d’Antoine Doinel. Il faudra néanmoins attendre encore six ans pour que Baisers volés arrive (68). Entre temps, Truffaut réalisera La Peau Douce (64), Farenheit 451 (66) et La Mariée était en noir (68).

Benoît Thevenin


Antoine et Colette – Note pour ce film :

Sortie française : 22 juin 1962

Lire aussi :

  1. L’Amour en fuite de François Truffaut (1979)
  2. Jules et Jim de François Truffaut (1962)
  3. Baisers volés de François Truffaut (1968)
  4. Les Quatre Cents Coups de François Truffaut (1959)

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Aucun commentaire sur “Antoine et Colette de François Truffaut (1962)”

  1. […] par consentement mutuel est acté et sert de prétexte à des retrouvailles avec Colette (Cf. Antoine et Colette), devenue avocate. Les deux se raconteront leurs vies dans une séquence lourdement symbolique […]

  2. Foxart dit :

    Ce film est si bon qu’on le souhaiterais juste beaucoup plus long… mais bon…

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