My Summer of love de Pawel Pawlikowski

My summer of love se situe exactement à mi-chemin entre Heavently Creatures et Fucking Amal. Avec le film de Jackson, My summer of love partage toute une thématique, une amitié adolescente passionnée qui vire au drame, même si ici, la conclusion n’a pas la même dimension tragique. Par rapport au film de Moodysson, on retrouve cette ambiance morne, le spleen d’une adolescence perturbée car en manque de repère et isolée dans un décor perdu. L’initiation lesbienne de jeunes amies est aussi le grand point commun de tous ces films.

Mona vit seule avec son frère dans un petit village paumé anglais. Ce frère est un ancien repris de justice. Il cherche en l’Eglise, une voie vers sa rédemption. Mona est ainsi comme étouffé par cette présence et cette influence. Elle traîne comme une certaine lassitude, un spleen. Le premier plan du film la montre en train de dessiner un portait sur les murs de sa chambre. L’espace est sombre, triste, irrespirable. Ce dessin est pour elle une manière de tuer le temps, de tromper son ennui.

Elle se ballade sur sa mobylette sans moteur et se repose dans les champs de blé. Une apparition lumineuse vient perturber sa quiétude. Lorsqu’elle ouvre les yeux, le soleil l’éblouie en même temps qu’elle illumine la présence gracieuse d’une jeune cavalière sur son cheval. Mona rêve t’elle ? Cette apparition est comme sortit d’un songe. Et cette rencontre va bouleverser son quotidien. Les vacances sont toujours une parenthèse dans la vie de chacun. Ces vacances là revêtent un caractère enchanté.

Tamsin est l’exact contraire de Mona. L’une est belle, chic, intelligente, cultivée quand l’autre est beaucoup plus quelconque, infantile et naïve.

Les deux se lient inévitablement. Tamsin semble cachée une blessure. Sa sœur anorexique est morte. Un rapport de fascination mutuelle s’installe. Les opposés s’attirent.

My summer of love est comme un conte. Chaque séquence à une dimension onirique. Dans son ton, son ambiance, le film rappelle Virgin suicide. Et il y a effectivement une même douceur nostalgique, mélancolique, qui émane de ce film.

La passion que se voue insidieusement les jeunes filles se matérialise, s’accentue, se rend palpable, dans des scènes aussi clichées que teintée de poésie. Tamsin fait découvrir Edith Piaf à Mona et l’entraîne dans une danse a la fois pudique et torride. Cette scène est assez fondamentale dans ce film. On entend en effet Tamsin évoquer les passions de la chanteuse française et son destin tourmenté. Cela annonce un petit peu ce qui va suivre. De plus, Tamsin transforme la vérité de la vie d’Edith Piaf. Elle la présente comme une sorte de déesse et mante religieuse. Ceci révèle beaucoup du caractère de Tamsin en même temps que la scène met en exergue la fascination que Mona lui porte.

D’autres scènes ponctuent le film de leurs dimensions chimériques : lorsque Mona essaie les robes que Tamsin lui offre. Des robes qui s’avèreront être celles de la défunte sœur ; la scène de la cérémonie incantatoire ; les parodies de L’Exorciste, le premier baiser sous la cascade ou encore lorsque Mona casse la vitre de la voiture du père de son amie. Une complicité donc, une réelle fusion. Cette complicité, on la retrouve dans la relation qu’on les deux jeunes filles avec le frère de Mona. Le sarcasme domine et qui amènera ce dernier à s’interroger sur le sens réel de sa passion pour Dieu.

Tamsin joue les allumeuses auprès de ce frère. Elle se laisse regarder nue. Le prédicateur lutte contre ses émotions. A la fin, elle va beaucoup plus loin dans son jeu et révèle la vraie nature de ce dernier. Mais ce jeu compromet la relation amoureuse des deux filles. Le frère enferme sa sœur dans sa chambre pour l’empêcher de retrouver sa camarade de ‘mauvaise influence’.

Le frère semble accepter ce qu’il est (une brute soumise à ses impulsions) et laisse sa sœur le quitter. Le silence est pesant, la scène assez intense.

Et lorsque Mona retrouve Tamsin, elle constate que la parenthèse se referme. Les parents de cette dernière son revenu. Tamsin rompt le pacte auquel elles avaient souscris – ne jamais se séparer sauf par la mort – et doit repartir au pensionnat de son lycée pour la rentrée qui s’annonce. Comble de la trahison, Mona est humiliée lorsqu’elle doit rendre un vêtement à la sœur de Tamsin. Non elle n’est pas morte. Tamsin à besoin d’inventer sa vie pour mieux rêver. Mais la rupture est consommée. Tamsin semble être pourtant sincèrement amoureuse de Mona. Et c’est parce que cette dernière l’est autant que cette double trahison est insupportable. Elles se retrouvent là où leur amour a commencé. Mais plutôt qu’un baiser, Mona tente de noyer son amour. Elle noie ‘le monstre’ en elle. Cette fois, la parenthèse – une varie parenthèse enchantée – est fermée. And life goes on…


My Summer of love – Note pour ce film : Sortie française le 22 juin 2005


Lire aussi :

  1. One summer de Yang Yishu (2014)
  2. Tout est pardonné de Mia Hansen-Love (2007)
  3. Le Père de mes enfants de Mia Hansen-Love (2009)
  4. Like someone in love de Abbas Kiarostami (2012)
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