Jesus Henry Christ de Dennis Lee (2012)

Première séance au Champs-Elysées Film Festival et on ne peut pas dire que ce soit l’engouement. A peine 15 personnes dans une grande salle du cinéma Publicis. Il faut bien dire que l’on est un jour de semaine en plein après-midi. Et puis c’est un second film d’un inconnu (Dennis Lee) avec un casting plus habitué aux seconds rôles (Toni Colette et Michael Sheen). Bref il n’y a aucune attente particulière autour de ce film sinon celui d’être agréablement surpris.

Jesus Henry Christ est l’adaptation en long-métrage du court-métrage du même nom réalisé par Dennis Lee en 2003. On y suit le petit Henry, 12 ans, un enfant surdoué (il aurait même le QI le plus élevé du monde !) mais qui, malgré son intelligence, est perdu dans une famille éclatée et commence à interroger ses origines, sa mère (Tonie Collette) l’ayant élevé seule. C’est alors qu’il va rencontrer Audrey, une jeune fille de son âge, stigmatisée à l’école car son père (Michael Sheen) a écrit un livre sur l’homosexualité des enfants en utilisant l’image de sa fille pour la couverture. Les deux binômes (Henry et sa mère, Audrey et son père) vont peu à peu se rapprocher.

On est vraiment ici dans le pire du cinéma indépendant américain. Le thème principal est un plagiat de celui de Little Miss Sunshine (déjà avec Toni Colette), à savoir une galerie de personnages volontairement anticonformistes et freaks qui cherchent le bonheur. On retrouve d’ailleurs cette même hypocrisie consistant à créer des personnages singuliers pour les remettre de force dans les moules de la convention. Il fait partie de ce cinéma indépendant qui s’est totalement aliéné au cinéma hollywoodien. Ce faux cinéma indépendant en porte toutes les traces. Son sujet familial, sa construction empruntée (en ce sens, le début où Henry nous conte l’histoire de sa famille en forme de petites vignettes, fait très Amélie Poulain et manque totalement d’originalité), ses raccourcis scénaristiques tout simplement honteux (à ce niveau-là le film atteint des sommets) et sa forme d’une banalité effarante. Cela manque de cœur, de sincérité et de spontanéité à tous les niveaux.

Catalogue de mauvaises idées Jesus Henry Christ est un type de film fascinant par son accumulation de tentatives ratées. Tout semble voué à l’échec dans ce film (dont probablement la pire, une séquence entière jouée en espagnol – avec un accent incompréhensible – dans une espèce de parodie de télénovela, pathétique). Sa poésie de pacotille, son humour décalé qui tombe à plat (quand il n’est pas involontairement raciste via un personnage blanc qui « joue » comme un noir) et sa prétendue irrévérence à travers ses personnages soi-disant différents se vautre lamentablement dans une conclusion mielleuse et écœurante.

Pour cette première tentative le Champs-Elysées Film Festival nous a gâté avec cette production américaine au ras des pâquerettes qui ne méritait pas tant d’honneur. On se demande un peu ce qui peut motiver la sélection d’un tel film, consensuel, faussement indépendant et raté à tous les niveaux, alors qu’il y a certainement de petits films (probablement imparfaits eux aussi) qui auraient largement plus mérité une telle exposition. Espérons que les films suivants soient d’un autre calibre.

Grégory Audermatte

Jesus Henry Christ *1/2

Lire aussi :

  1. Décès de l’Ami américain Dennis Hopper (1936 – 2010)
  2. Bad Blood (Mit Moon) de Dennis Law (2009)
  3. The Perfect family d’Anne Renton (2012)
  4. Not Waving but drowning de Devyn Waitt (2012)
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