Hasta la vista de Geoffrey Enthoven (2011)

Le succès d’Intouchables a peut-être favorisé la sortie dans les salles françaises de Hasta la vista, long-métrage flamand de Geoffrey Enthoven, son cinquième (les autres sont inédits ici). Le film, récompensé dans divers festivals, l’a  notamment été par le public de l’Alpe d’Huez au tout début de l’année. Hasta la vista nous parvient aussi parce que Claude Lelouch a eu un réel coup de coeur pour lui. Le cinéaste a décidé de le distribué via sa société des Films 13.

Comme Intouchables – auquel on ne pense jamais en regardant le film, s’il fallait le lier à un autre, ce serait plutôt à l’excellent Nationale 7 de Jean-Pierre Sinapi et avec Olivier Gourmet – Hasta la vista est une comédie dont les protagonistes principaux sont handicapés. Trois amis, jeunes handicapés physiques et dépendants de leurs proches, décident de s’affranchir de cette tutelle et d’organiser un voyage de la Belgique vers l’Espagne. Leur but caché est de vivre leur première expérience sexuelle.

Lars, Philip et Jozef présentent chacun un handicap différent, et ont des personnalités au moins autant dissemblables. Lars est cloué dans son fauteuil roulant et est le plus raisonné d’entre eux. Jozef est presque aveugle (pas tout à fait) et le plus timide. Philip est lui paraplégique, c’est à dire celui qui est le plus dépendant de l’aide d’un tiers. Il est aussi et surtout la forte tête du groupe, insolent, cynique et même parfois méchant. Pour arriver à leur fin, ils ont besoin de l’aide d’un complice. Les choses ne se passent pas tout à fait comme prévu et c’est Claude, une mystérieuse femme pas très causante, obèse et pas glamour pour un sous, qui va les trimballer dans sa vieille camionnette.

Les personnages sont tous incarnés par des acteurs valides, et le réalisateur ne cherche pas à nous le cacher puisque dans une séquence onirique, on les voit marcher sur leurs deux jambes. On a aussi pu les croiser ailleurs, Jozef (Tom Audenaert) dans La Merditude des choses, Lars (Gilles de Schryver) dans Ben X, et Philip (Robrecht Vanden Thoren) dans Moscow Belgium. C’est peut-être là une manière d’affirmer que Hasta la Vista n’est pas du tout un film sur le handicap et réservé à des handicapés. Les personnages existent bien au-delà de leur condition physique. C’est là toute la qualité du film : il ne sont pas présentés comme des victimes, ils ont des personnalités nuancées, des rêves ordinaires. Non seulement, Geoffrey Enthoven ne les victimise pas, mais il les montre volontaires, submergés par des émotions contradictoires, et déterminés à être heureux.

Le film suscite l’adhésion car ces trois là dégagent un capital sympathie énorme. La tendresse l’emporte toujours, contrebalancée pat les emportements grossiers de Philip qui font un peu grincer des dents. Certes, l’histoire est simple et naïve, le scénario désespérément cousu de fil blanc du début à la fin… Pour autant, on s’attache véritablement à ce trio, ou plutôt quatuor, vraiment pas banal.

On comprend alors ce qui a pu séduire Claude Lelouch : ce goût de la vie, cette naïveté un peu confondante mais touchante, qui fait qu’à la fin, on est un peu triste de les laisser là.

Benoît Thevenin

Hasta la vista ***1/2

Sortie nationale le 7 mars 2012

Lire aussi :

  1. Death is my profession d’Amir Hossein Saghafi (2011)
  2. Les Géants de Bouli Lanners (2011)
  3. I Wish – Nos voeux secrets (Kiseki) de Hirokazu Kore-Eda (2011)
  4. I Carried you home (Padang besar) de Tongpong Chantarangkul (2011)
Email

Laisser une réponse