La Merditude des choses (Die Helaasheid der Dingen) de Felix Van Groeningen (2009)

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Les bonnes nouvelles du cinéma belge nous viennent le plus souvent de Wallonie mais « La Merditude des choses » nous arrive lui des Flandres. Le film est raconté du point de vue de Gunther, un écrivain en révolte qui raconte son enfance pour le moins folklorique dans son petit village en Belgique.

Gunther a environ 12 ans et vit dans une maison ou s’entassent son père, ses oncles et sa grand-mère. Les Strobbe sont une famille de pochtrons. Il n’y en a pas un pour rattraper l’autre. Les naissances, dont celle de Gunther, ne sont que des accidents de beuverie, activité pour laquelle ils sont d’authentiques champions. Des concours sont d’ailleurs organisés. L’environnement social dans lequel vit Gunther est déjà déterminé. Il est un mauvais élève à l’école et son destin semble sellé. Comme son père, il finira pilier de bar au Las Vegas, engrossera par hasard ou par miracle une jeune fille, et le modèle sera reproduit.

Le film nous montre une Belgique des malheureux, à qui il ne reste que la bière, les chansons à boire et le cyclisme pour égayer un quotidien tristounet dans cette campagne grisâtre. Le portrait peu glorieux qui est fait de cette famille ne verse pourtant jamais dans la peinture sociale la plus détestable. Le cinéaste a la pudeur de respecter ses personnages. Les Strobbe sont des pochtrons certes, mais ils ont leur dignité.

La quête identitaire du garçon se noie elle dans les litres d’alcool qui sont déversés à longueur de journée. Pourtant, le film est souvent drôle, mais d’un humour trash. Le cinéaste pose un regard attendrissant et bienveillant sur ces gens.

Il y a un côté inédit dans cette chronique familiale qui ne se distingue pas seulement par sa beaufitude extrême mais plutôt pour l’humanité de ses personnages. Le relation entre le père et le fils souffre d’une communication qui est difficile à établir, parce que la bière pervertit tout, parce que l’enfant n’a pas été désiré et que la mère est partie. Ce n’est pour autant jamais la sinistrose. Malgré ce contexte et les éléments de déprime générale, La Merditude des choses est un film énergique, plein de vie, enthousiaste, et devant lequel on rit donc beaucoup.

L’ambiance est à la beuverie et quiconque a déjà trouvé son plaisir en picolant un peu devrait y trouver son compte. Le film ne fait pas spécialement l’éloge de la boisson non plus, mais on se dit qu’il se dégustera d’autant mieux avec quelques copains et une bonne bière fraîche dans chaque main…

Benoît Thevenin


La Merditude des choses – Note pour ce film :

Sortie française le 30 décembre 2009

Lire aussi :

  1. Les Murmures du vent (Sirta la gal ba) de Shahram Alidi (2009)
  2. Le Ruban Blanc (Das Weisse Band) de Michael Haneke (2009)
  3. Bodyguards and Assassins (Shi yue wei cheng) de Teddy Chen (2009)
  4. Vengeance de Johnnie To (2009)
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Aucun commentaire sur “La Merditude des choses (Die Helaasheid der Dingen) de Felix Van Groeningen (2009)”

  1. Fée Paradis dit :

    Bonjour
    J’avais bien envie de voir ce film dont j’ai vu l’affiche à l’ABC (Toulouse).
    En tout cas, j’aime bien ce blog et tes choix ciné.
    Bonne continuation !

  2. dusaule dit :

    On est loin de l’image proprette et aseptisée que la Flandre belge souhaite donner d’elle même, loin aussi de la Flandre réac voire facho qui s’en dégage quelque fois. Bref, ce film humanise ce petit pays. Il est pourtant tellement flamand : il y a du Bruegel la dedans !

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