Blackthorn de Mateo Gil (2011)

La légende de Butch Cassidy, un des plus fameux pilleurs de banques du far west américain, veut qu’il soit mort en Bolivie en 1908. Des analyses ADN auraient démenti cette hypothèse. Mateo Gil, scénariste des films d’Alejandro Amenabar et réalisateur en 1999 de Jeux de rôles avec Eduardo Noriega, imagine les vieux jours du brigand en Bolivie. Il se fait appeler Blackthorn et mène une vie paisible avec Yana (Magaly Solier), sa servante qui partage sa couche. Apprenant la mort d’Etta Place (Dominique McElligott) qui fut à la fois sa complice et sa maîtresse, il se met en quête de revenir aux Etats-Unis pour retrouver le fils qu’il aurait eu avec elle et qu’il n’a jamais connu. Son chemin croise celui d’un jeune bandit espagnol (Eduardo Noriega), lui même poursuivit par les hommes d’un riche bolivien qu’il a volé…

Western situé en Amérique du sud aux pieds de la Cordillère des Andes, Blackthorn offre d’abord à contempler des paysages somptueux. Le genre étant désormais épuisé et réduit à quelques films de temps en temps, Blackthorn permet de renouer avec la magie du western américain, de ses grands espaces, ses personnages taillés dans le marbre et la poussière, qui constituent presque, peut-être, l’aristocratie du septième art. Le film a été tourné sur place et les images sont magnifiques, conférant au film une ambiance particulière. Je n’ai qu’une culture sommaire du western mais il ne me semble pas que beaucoup de films du genre aient été tournés dans cette région à la lisière de plusieurs décors somptueux : la montagne, les vastes plaines arides et surtout le désert de sel de Uyuni, immaculé et dangereux, théâtre d’une longue et très impressionnante séquence de poursuite.

Western crépusculaire, Blackthorn oppose un Sam Shepard majestueux et magnétique à un Eduardo Noriega craintif et fourbe. Un intérêt commun force  les deux personnages à voyager ensemble plutôt qu’à s’entretuer, et au final le duo fonctionne parfaitement bien. Mateo Gil tisse une relation ambigüe entre eux, où l’amitié naissante se dispute avec la menace permanente d’une trahison de l’autre.

Là où le film est plus inégal, c’est dans les flashbacks qui ponctuent régulièrement le récit. Autant ces intermèdes éclairent le passé de Butch Cassidy et dictent le rythme de l’intrigue principale, autant ces scènes ne sont ni  exactement au même niveau de celles avec Sam Shepard, ni vraiment nécessaires (quand bien même Dominique McElligott est une femme magnifique et une bien belle révélation).

Ces flashbacks ne perturbent pas non plus l’équilibre général du film, lequel se déroule relativement tranquillement, sur un schéma classique fait de vengeance et trahison, et pour mieux ménager de très réussies scènes d’actions (dont celle du lac de sel, mémorable, ou bien la fusillade qui coûte la vie à Yana).  Au final, Blackthorn nous laisse à un très agréable sentiment, celui d’avoir vu un bon film d’abord, mais qui nourrit aussi le le désir de voir d’autres westerns, ce qui n’est pas neutre.

Benoît Thevenin

Blackthorn ****

Sortie française le 31 août 2011

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