Paris de Cédric Klapisch

Paris est une ville visitée mille fois par ans au cinéma. Ces rues sont familières même lorsqu’on ne les a jamais empruntés. Cédric Klapisch a eu cette ambition de faire une sorte de film somme, de parcourir tous les lieux de Paris sans trahir leurs identités et en même temps ne pas tomber dans le piège du film carte-postale.

Klapisch nous présente un Paris tel qu’il le voit, le comprend et, visiblement, l’aime. Ce Paris de Klapisch est fragmenté, bouillonnant mais aussi très mélancolique, une ville ou l’on perd ses illusions. Paris est le point de rencontre entre toutes les catégories de population et l’idée du cinéaste était de bien sûr coïncider avec cette diversité là, cette fragmentation. Finalement, Paris est peut-être une mega-auberge espagnole, mais n’est-ce pas le propre des grandes villes ?


Chacune ne peut néanmoins pas être le personnage central d’un film comme celui-ci. Klapisch contourne les clichés de la ville Lumière en même temps qu’il puise forcément dans tout ce qui fait sa singularité. Chacun des personnages symbolise le quartier dans lequel il habite, une idée de Paris. Par la force des choses, ces personnages ont la fonction première de rassembler autour d’eux et c’est sans doute ce qui fait que lorsque les croisements se font, les heurts ne sont jamais très violent.

Paris est une ville parfois insupportable, à cause de ses parisiens surtout. Klapisch, pas moins que n’importe qui, en a conscience et l’insert à son récit. Sans trop insister dessus bien évidemment. Car Paris n’est pas un film social, il reste un film avant tout populaire, consensuel, qui cherche a effectuer un diaporama de ce qu’est la vie parisienne en 2008, sans pour autant plomber son récit. Dès lors, on peut reprocher au cinéaste une vision angélique des rapports humains mais ce serait faire l’impasse sur le ton très mélancolique de l’ensemble. Pas seulement parce ce que l’on pense que le personnage joué par Romain Duris va mourir, mais aussi parce que les autres personnages sont tous finalement assez perdus même lorsqu’ils sont entourés. Ils ont leurs problèmes, leurs névroses et cela les affecte. Par addition, cela affecte la tonalité générale du film.


Mais ce n’est pas préjudiciable au film car de ce point, Klapisch fait naître un espoir, un optimisme. Le film aurait peut-être du s’appeller Paris, je t’aime. Car il ne s’agit que de celà : les personnages sont au final moins importants que la ville. Klapisch chante l’amour de Paris d’abord. Et pourtant, miracle de cette sensibilité qu’a Klapisch depuis toujours, quand le film termine, nous qui somme parisiens, nous sommes content d’être là, et l’on a envie de les aimer tous ces gens qui nous entoure et que l’on a pourtant souvent tendance à maudire au quotidien. Voila peut-être le gage de la réussite de Paris.

Benoît Thevenin


Paris – Note pour ce film :
Sortie française le 20 février 2008

Lire aussi :

  1. Les Poupées Russes de Cédric Klapisch
  2. Ma part du gâteau de Cédric Klapisch (2011)
  3. Minuit à Paris (Midnight in Paris) de Woody Allen (2011)
  4. Aux yeux de tous de Cédric Jimenez (2012)
Email

2 commentaires sur “Paris de Cédric Klapisch”

  1. D’un blogueur cinéphile ex-parisien à un blogueur cinéphile parisien.

    Bonjour Benoit,
    Je découvre votre blog et je trouve excellente la presentation « Actuellement dans les salles » avec l’affiche et le lien de votre critique. Les petites étoiles blanches ou jaunes sont jolies mais pas assez nombreuses à mon gout (5 avec des demi-étoiles ou 10 pleines).

    Le titre « Paris » complete probablement une critique de ses documentaires DVD (TF1) qui pretendent faire un panorama complet d’une capitale en 1h ou 1h30.
    Pour le reste ce film a recueilli des centaines de critiques sur Allociné +/- interessantes.

    Ce film à sketchs me fait penser a une sorte de VF 2008 des Nouveaux Monstres. J’ai apprécié l’épisode avec Fabrice Luchini et Karin Viard en patrone de boulangerie.

    > Paris est une ville parfois insupportable, à cause de ses parisiens surtout.

    😆
    Trop de densité humaine dans une petite surface et une communication à la française à améliorer et diversifier entre flaterie et agressivité.

  2. Oups,
    Voilà mon blog cinema et critique sur ce film.
    http://comedieitalienne.com/2009/04/09/paris/

Laisser une réponse