Drari de Kamal Lazraq (2011)

Pour son film de fin d’étude à la Fémis, Kamal Lazraq est parti tourner à Casablanca, sa ville d’origine, une histoire inspirée par ses propres amis. Drari, mot arabe qui n’a pas de traduction française littérale, désigne une relation amicale forte et indéfectible. L’amitié entre les deux personnages, Ghali et Mohammed va en effet au-delà la bonne camaraderie. Leur relation va déjà à l’encontre des moeurs marocaines. La société de castes oblige à une séparation stricte entre chaque classe. Ghali le jardinier originaire de Ouarzazate au sud du Maroc, n’est pas sensé avoir de quelconques rapports avec le fils d’une famille bourgeoise parmi les plus respectée de Casablanca.

A travers la relation entre les deux amis, Kamal Lazraq dessine en creux une représentation de son pays d’origine, où la fracture sociale est très nette, ou les préjugés vont de paire avec la condition sociale de l’individu. Chacun, peut importe son appartenance, se retrouve prisonnier de valeurs qui ne sont pas nécessairement personnelles mais qui sont imposées par un tiers supérieur, le regard de l’autre, la peur de salir une réputation etc. (cf. la scène de la chambre d’hôtel)

L’homosexualité latente entre les deux amis est complètement étouffée dans ce contexte. Elle s’exprime dans des attitudes, des jeux (cf la scène de la piscine) ou bien dans la jalousie de Mohammed, boudeur lorsque Ghali discute simplement avec une fille que Mohammed était fier de lui présenter quelques instants auparavant, signe qu’il la convoite.

Kamal Lazraq signe un film pudique et subtil qui augure de quelques promesses. Le film a été présenté dans le cadre de la Cinéfondation à Cannes 2011 et poursuit son petit bonhomme de chemin dans les festivals, dont Entrevues à Belfort où nous l’avons vu.

Benoît Thevenin

Drari ***1/2

Lire aussi :

  1. Le Stratège (Moneyball) de Bennett Miller (2011)
  2. Le Projet Nim (Project Nim) de James Marsh (2011)
  3. Beau rivage de Julien Donada (2011)
  4. Perfect sense de David Mackenzie (2011)
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