Présentation détaillée de la 64e sélection du festival de Cannes

Pour le moment, nous n’en somme qu’au stade des promesses. On n’en pouvait plus d’attendre cette annonce, de réagir à la moindre rumeur, surtout à une époque ou avec Twitter et les réseaux sociaux, l’épreuve de la confidentialité est de plus en plus délicate. On sait enfin mais la seule liste des candidats à la Palme alimente une frénésie encore plus grande, celle de découvrir les films. Les espoirs que suscite la 64e sélection pour la Palme d’Or semblent démesurés, sur certains films au moins. Autant dire que sur place, l’agitation sera maximale, les passions aiguisées. Surtout que Thierry Frémaux et les sélectionneurs ont bâti cette sélection selon, semble t’il un bel équilibre. Revue de détail en guise de présentation.

Sélection officielle en compétion

1. Hors norme


L’année dernière à la même époque, on en était encore à spéculer sur les chances de The Tree of life d’intégrer in extremis la compétition. Pour Thierry Frémaux aussi, c’était un rêve de voir le nouveau film de Terrence Malick à Cannes. L’attente déçue de l’année dernière, car le cinéaste est pointilleux à l’extrême, à donné le La d’une compétition 2010 qui même enrichie d’un certain recul, était assez tiède. Patience est mère de vertu et The Tree of life est bien en compétition cette année. On sait même qu’il sera projeté le mercredi 18 mai à partir de 8h30 du matin, puisque sa sortie nationale est prévue à cette date. Si  The Tree of life est tant attendu, c’est d’abord parce que son cinéaste est rare et mystérieux. Le film est sont cinquième long-métrage en 38 ans, dont vingt d’inactivité entre Les Moissons du ciel (prix de la mise en scène à Cannes 1979) et La Ligne Rouge (Ours d’Or du festival de Berlin en 1999). Par son génie, sa capacité à rassembler tous les publics, toutes les générations, par sa discrétion qu’il cultive, Terrence Malick à – pour certains –  pris le relais de Stanley Kubrick pour la ceinture de plus grand cinéaste du monde en activité. Il est du genre à ne jamais décevoir et Tree of life, déjà très commenté avant même d’avoir été vu, semble être un film hors norme, de la stature d’un 2001, l’odyssée de l’espace. Dès lors, on peut tout imaginer pour The Tree of life. Que sa Palme est déjà acquise ? Qu’il est comme exclu d’emblée car un choix trop évident ? Mais non voyons ! Soyons raisonnables, faisons confiance à l’impartialité du jury que présidera Robert de Niro. Parce que, si Tree of life concentrera énormément de regards, 18 autres films (en attendant les ajouts probables dans quelques jours), sont en lice, 18 challengers dont certains très costauds aussi…

2. Le club des Palmés


On pense d’abord à Melancholia de Lars Von Trier, réalisateur mégalo s’il en est, et qui avec son film semble explorer à l’exemple de Malick, les territoires de la métaphysique. Le réalisateur de Dancer in the dark (Palme 2000) avait provoqué quelques malaises et beaucoup  de rejet/fascination avec son Antichrist, conte horrifique éminemment provocateur qui valut le prix d’interprétation féminine à Charlotte Gainsbourg en 2009. Avec Melancholia, Lars Von Trier bifurque du côté de la science-fiction pour nous raconter ni plus ni moins que la fin du monde, la planète Melancholia s’apprêtant à entrer en collision avec la Terre. Il suffit de voir la bande-annonce pour vérifier ce dont on ne doutait pas, la singularité du style de Lars Von Trier. Antichrist ne pouvait pas être un film d’horreur semblable aux autres. Melancholia ressemblera moins à un film de SF qu’à un film de Lars von Trier, d’autant que le cinéaste à le goût des trilogies et que Melancholia risque fort de s’inscrire directement dans la lignée d’AntiChrist.  Charlotte Gainsbourg est d’ailleurs de nouveau là. L’actrice française donnera la réplique à la délicieuse Kirsten Dunst (plus vue à Cannes depuis Marie-Antoinette en 2006)  et à la star de la télévision via 24h Chrono, Kiefer Sutherland. Autant de raisons d’être très impatient de voir le film.

Deux autres cinéastes dans cette sélection ont déjà gagné la Palme d’Or. Les frères Dardenne en ont même gagné deux : Rosetta en 1999, L’Enfant en 2005. S’ils la gagnent encore en 2011, ils seront seuls à remporter le prix cannois suprême une troisième fois, et s’inscriront dans le Palmarès selon une régularité mathématique qui nous obligerait à prendre rendez-vous pour 2017. On en est pas là bien sûr et les considérations mathématiques n’ont rien à faire dans un festival. Les Dardenne y ont eux toute leur place, primés ou pas.  Leurs présences à Cannes parait autant évidente que celle de Jérémie Rénier dans leurs films. Le Gamin au vélo est le quatrième  que l’acteur tourne sous la direction des frères Dardenne après La Promesse qui le révéla en 1996, L’Enfant en 2005 et Le Silence de Lorna en 2008. Les frères cinéastes dirigent en revanche pour la première fois la plus connue des actrices belges, Cécile de France.

Nanni Moretti a lui reçu la Palme en 2001 pour La Chambre du fils (et le Prix de la Mise en scène en 1994 pour Journal intime). Dans Le Caïman, son dernier film en date… et présenté à Cannes (2006), Nanni Moretti s’attaquait à Berlusconi, son meilleur ennemi. Le cinéaste s’en prend cette fois à une autre institution italienne, le Pape. Le film sort dès demain 15 avril en Italie et la bande-annonce est déjà en ligne. Fidèle à lui même Nanni Moretti versera dans la satire grinçante, confrontant le Pape (Michel Piccoli) à son psychanalyste (Moretti lui-même).

3. Les habitués


Almodovar en rêve de la Palme d’Or, et il aurait sans doute bien mérité de l’avoir en 1999, année du sacre de… Rosetta. En 2006 aussi, l’année du Vent se lève de Ken Loach, il n’est pas passé loin avec son Volver. L’aura t’il un jour ? Une nouvelle chance lui est accordée. La seule certitude que l’on à, même si Etreintes brisées nous avait un peu déçu en 2009, est que Pedro Almodovar est un immense cinéaste. La Piel que habito, adaptation de Mygale, polar du français Thierry Jonquet, s’annonce passionné et tragique. Le film marque les retrouvailles du cinéaste avec Antonio Banderas, acteur qu’il a lancé en 1982 avec Le Labyrinthe des passions. La Piel que habito est le 6e film qu’ils tournent ensemble après, aussi, le fantastique Matador (1985), La Loi du désir (1987), Femmes au bord de la Crise de nerfs (1988) et Attache-moi ! (1989). Almodovar égale donc Robert Rodriguez au nombre de collaboration avec Banderas. Six, c’est aussi le nombre de fois qu’Almodovar a dirigé Marisa Paredes, également du casting et que l’on a vu récemment dans Les Yeux de sa mère de Thierry Klifa. Le cinéaste est donc plus que jamais fidèle à ses acteurs et actrices. Penélope Cruz qui devait initialement jouer dans ce film n’est pourtant pas cette fois de l’aventure. Le personnage qu’elle devait incarner est finalement interprété par Elena Anaya, vue dans un petit rôle dans Parle avec elle (2002).

Parmi les autres habitués du festival de Cannes, on retrouve Naomi Kawase, la réalisatrice Japonaise de Suzaku (Caméra d’Or en 1997) et de La Forêt de Mogari (Grand Prix du jury en 2007) et qui viendra présenter Hanezu no Tsuki.

Nuri Bilge Ceylan, réalisateurs des Climats et des 3 Singes (Prix de la mise en scène en 2008) nous promet un film très ambitieux et que le titre suggère déjà : Il était une fois en Anatolie. Sans comparer, si le film est du niveau des Il était une fois… de Sergio Leone ou de Tsui Hark, alors oui, c’est du lourd !

Dans Aaltra, deux français allaient à la rencontre en Finlande de Aki Kaurismaki. Cette fois, le cinéaste fait le chemin inverse et s’installe au Havre, ville portuaire qui donne le titre de son nouveau film. Aki Kaurismaki n’avait plus rien réalisé depuis Les Lumières du Faubourg en 2006, présenté sur la Croisette.

Outre Nanni Moretti, un autre cinéaste transalpin sera présent et il s’agit de Paolo Sorrentino pour This must be the place (comme la chanson des Talking Heads), son premier film américain et avec Sean Penn en ex star glam-rock. Sorrentino est l’exemple type du cinéaste né à Cannes, en compétition dès son deuxième long-métrage (Les Conséquences de l’amour en 2004), de retour en 2006 avec L’Ami de la famille et primé pour sa troisième participation par le prix du jury en 2008 pour Il Divo. Le style outrancier du cinéaste napolitain pourrait encore faire des ravages.

3. Les Français


Cette année plus que d’ordinaire, nombreux étaient les candidats français pour une sélection cannoise. On en retrouve au final trois, que la rumeur à longtemps porté en compétition, moins concernant Alain Cavalier, le roi français du journal filmé. Le documentariste présentera Pater (avec Vincent Lindon), que Thierry Frémaux a décrit comme « un film extrêmement singulier ». Alain Cavalier avait reçu en 1986 le prix du jury pour le sublime Thérèse.

Entre journal filmé et auto-fiction, Maïwenn Le Besco (dite Maïwenn) a déjà réalisé deux films forts et courageux qui ont plutôt détonné dans le paysage du cinéma français (Pardonnez-moi, 2006 ; Le Bal des actrices, 2009). Son engagement et sa rage ne faisant aucun doute, Polisse a toute les chances de faire beaucoup parler de lui lors de sa présentation. Le film traite du sujet de la pédophilie par le prisme d’une équipe de journalistes télé d’investigation.

Bertrand Bonello n’est pas non plus le moins atypique des cinéastes français. Lui qui a déjà tâté toutes les sélections cannoises avec Le Pornographe (Semaine de la critique 2001) et De La Guerre (Quinzaine des réalisateurs 2008), avait déjà goûté à la Sélection officielle en 2003 avec le troublant Tiresia. Avec L’Appollonide, il pénètre l’univers des Maisons Closes au début du XXe siècle, avec un casting alléchant de jeunes actrices : Hafzia Herzi (La Graine et le mulet, Jimmy Rivière), Adèle Haenel (Naissance des pieuvres), Céline Salette (Meurtrières, Avant l’aube) et Jasmine Trinca (La Chambre du fils, Le Caïman, Romanzo Criminale). Egalement à l’affiche : Noémie Lvovsky et Louis-Do de Lencquesaing, le papa dans Le Père de mes enfants de Mia Hansen-Løve, réalisatrice dont nous regrettons l’absence de son nouveau film (Un amour de jeunesse) en compétition.

4. Les chien-fous


Après le tsunami qui a ravagé la côte du nord du Japon le 11 mars dernier, une rumeur inquiétante a surgit sur le net qui révélait la disparition supposée de Takashi Miike. Le cinéaste aux 4-5 films par an minimum (ou presque), dont les festivaliers vénitiens pensent le plus grand bien de son dernier long-métrage en date Thirteen Assassins, va en fait heureusement très bien. Miike laisse généralement assez peu insensible et verse allègrement dans les provocations en tout genre. Hara Kiri, remake du film éponyme de Masaki Kobayashi (prix du jury à Cannes en 1963) sera quoiqu’il arrive un évènement : pour la première fois, un film en 3D sera présenté en compétition pour la Palme d’Or à Cannes. Là-Haut (Film d’ouverture de Cannes 2009) figurait Hors compétition, tout comme Pirates des Caraïbes 4 cette année.

Nicolas Winding Refn n’est pas non plus le moins provocateur des cinéastes. Sa trilogie Pusher impressionne par sa brutalité. Le fantasque Bronson, tout comme, dans un registre radicalement différent, le trip du Guerrier silencieux, ont autant divisé les spectateurs qu’imprimé la rétine par leurs images parfois violentes, potentiellement choquantes, et toujours esthétisantes. Dans Drive, son premier film américain, le cinéaste danois dirige Ryan Gosling pour un résultat qui rappellera peut-être quelques souvenirs au président du jury Robert De Niro. Gosling incarne dans le film un cascadeur, chauffeur la nuit dans les rues de Los Angeles, bientôt impliqué dans une histoire trouble et nul doute que la violence brute surgira du coin d’une rue.

5. A suivre


Le réalisateur israélien Joseph Cedar débarque à Cannes avec Footnote après nous avoir impressionné avec son huis-clos militaire Beaufort en 2007. Le film avait d’ailleurs reçu cette année là l’Ours d’argent du meilleur réalisateur à Berlin. Il change cette fois de registre puisque Footnote nous est annoncé comme étant une comédie.

La britannique Lynne Ramsay, discrète depuis son fantastique premier film en 1999 (Ratcatcher), avait faillit adapter La Nostalgie de l’ange d’Alice Sebold avant que Peter Jackson ne s’empare du projet et réalise l’immonde Lovely Bones. Ce n’est peut-être pas plus mal pour elle si elle a du abandonner. Elle nous revient – non sans avoir réalisé entre temps Morven Callar en 2002 – avec We need to talk about Kevin, autour des relations entre une mère et son fils lycéen et meurtrier. Au casting, John C.Reilly, Tilda Swinton et, pour le rôle de l’adolescent, Ezra Miller, découvert dans Afterschool d’Antonio Campos et revu dans la série Californication.

Auteur en 2009 d’un des plus grands succès populaires en France avec Le Concert, le cinéaste roumain Radu Mihaileanu poursuit son parcours de cinéaste du monde, avec La Source des femmes, tourné au Maroc et qui représente du même coup et à lui seul l’Afrique dans cette compétition. Le film réunit Leila Bekhti (Tout ce qui brille) et Hafzia Herzi, laquelle défendra donc deux films de la compétition cette année !

6. Les jeunes premiers


Cette année Cannes fait le pari de deux premiers films, deux cinéastes débutants lancés directement dans le grand bain avec ce que cela suppose de cruauté. Seront-ils directement portés aux nues ou rangés aux oubliettes ?

Dans un pays marqué par la sordide histoire de Natascha Kampusch, l’autrichien Markus Schleinzer raconte avec Michael l’histoire éprouvante d’un enfant de dix ans séquestrés pendant 5 mois par Michael, un adulte de 35 ans. Markus Schleinzer signe là son premier film de cinéaste. Il a auparavant été directeur de casting sur de nombreux très bons films autrichiens qui nous sont parvenus ces dernières années, dont la Palme d’Or 2009 de Michael Haneke, Le Ruban Blanc, mais aussi La Pianiste, Lovely Rita, Dog Days, le Temps du loup, Les Faussaires, Bienvenue à Cadavres-les-bains, Women without men ou encore Le Braqueur.

L’australienne Julia Leigh est elle davantage connue. Si Sleeping Beauty est son premier long-métrage, elle est aussi l’auteure du Chasseur, prix Etonnants-Voyageurs en 2001 et porté au cinéma par Daniel Nettheim avec Willem Dafoe au casting (sortie à venir). Le livre a été réédité la rentrée dernière en poche chez Points. Elle a aussi publié en 2008 Ailleurs aux éditions Christian Bourgeois. Sleeping Beauty est son premier long-métrage, un conte de fée érotique avec en tête d’affiche la petite Emily Browning… Vous savez, l’héroïne de Sucker Punch qui à chaque regard caméra nous fait littéralement fondre ! Le rôle devait initialement être joué par Mia Wasikoswka, l’Alice de Burton.

Sélection officielle Hors compétition

Woody Allen est présent à Cannes quasiment tous les ans, toujours hors compétition car il ne conçoit pas l’idée d’une compétition artistique. Minuit à Paris, le premier film qu’il tourne en France, atterrit logiquement sur la Croisette pour l’ouverture du festival et va faire  l’évènement. Déjà, parce que Woody Allen attire toujours et que même ses moins bons films ne sont jamais désagréables à voir. Ensuite parce que Carla Bruni, la Première Dame de France, fait dans ce film ses vrais débuts de comédiennes dans un rôle de guide du Musée Rodin que l’on entrevoit dans la bande-annonce. La bande-annonce justement, en ligne depuis quelques semaines, n’augure pas vraiment d’un très bon accueil de la part des français au moins, tant les clichés semblent enfilés comme des perles. La fonction d’ouvrir le festival de Cannes est en plus toujours ingrate. En tout cas, Minuit à Paris sort dans les salles de toute la France le jour même de sa présentation à Cannes. Chacun pourra donc se faire rapidement un avis et prendre la mesure de la température cannoise.

Le festival sera sous la très haute influence du président de la République française. On doute qu’il soit là pour monter les marches avec son épouse le soir de l’ouverture avec le film de Woody Allen. Avec ses 20% d’opinions favorables, les risques qu’il soit conspué sur les marches sont grandes. De plus, si Minuit à Paris s’annonce ludique comme toujours avec Woody Allen, il est probable que Nicolas Sarkozy ne voit pas d’un bon oeil la présentation de La Conquête de Xavier Durringer à Cannes quelques jours après. Les médias du monde entier vont s’intéresser à son cas, à un an pile de la présidentielle qui, lui l’espère, lui permettra d’être reconduit dans ses fonctions. La Conquête, à propos de son parcours entre 2002 lorsqu’il était ministre de Jacques Chirac et mai 2007, moment de son accession au pouvoir, va de toute les manière faire énormément jaser. La bande-annonce laisse sceptique, mais le film demeure une énorme curiosité. C’est la première fois qu’un cinéaste français fait le portrait d’un président en exercice. A l’étranger, pour ce qui est de l’Histoire récente, Nanni Moretti avec Le Caïman à propos de Berlusconi et Oliver Stone avec W. L’Improbable président, à propos de George W. Bush, se sont risqués à cet exercice très particulier et peu confortable. D’ailleurs, l’un et l’autre n’ont pas livrés des films très convaincants.

Les autres films hors compétition n’auront pas le même impact politique ou médiatique. Deux grosses machines de l’entertainment hollywoodien viendront égayer le parcours des festivaliers en quête d’oxygène cinématographique. Sous entendre par là, un film léger, ça ne fait pas de mal de temps en temps. Pirates des Caraïbes 4, qui sera projeté en 3D, devrait permettre au Black Pearl d’accoster dans la Marina de Cannes pour une fête, on l’espère, d’anthologie. Le film en lui même ? On attend rien de particulier. Tout juste sommes nous certains que l’exquise Penélope Cruz comblera sans problème le vide laissé par Kieira Knightley, exemptée de ce nouveau volet. Le réalisateur des trois premiers films Gore Verbinski, a lui préféré se consacrer à Rango et laisse donc la place à Rob Marshall, (Chicago, Mémoire d’une Geisha, Nine). Ce n’est pas qu’on ait une haute estime de Gore Verbinski, mais il n’est pas sûr malgré tout qu’on y gagne au change.

On a en revanche toute confiance en Michel Hazanavicius, l’un des pères de La Classe américaine. Ses OSS 117, hilarants et avec un certain style, sont la marque de son talent. The Artist, avec Jean « OSS » Dujardin, est une véritable curiosité, un film muet en noir et blanc qui ne manquera pas de rappeler à quelques étourdis que si le cinéma lorgne du côté de la 3D, il est un art centenaire qui faisait très bien sans dès ses débuts.

Hors compétition également, le troisième film en tant que réalisatrice de Jodie Foster, laquelle ne manquera pas de trinquer avec le président du jury de ce 64e festival en souvenirs des moments passés ici même en 1976 avec Martin Scorsese. Le Petit homme (1991) et Week end en famille (1996) nous ont laissés plutôt de bons souvenirs. Le complexe du castor nous rend donc curieux. Le film offrira aussi à Mel Gibson, héros du film, l’occasion de monter les Marches de Cannes pour ce qui sera là aussi un beau tapis rouge.

Séances de minuit :


En séance de minuit, on retrouve deux films  d’action:  Wu Xia de Peter Chan (Perhaps Love, Les Seigneurs de la guerre) est le remake de The One Armed Swordsman chef d’oeuvre du cinéma wu xia-pan réalisé en 1967 par Chang Chen. Peter Chan réunit pour l’occasion un joli casting avec Donnie Yen, la belle Tang Wei et son acteur fétiche Takeshi Kaneshiro.

L’autre film est Dias de gracia, thriller mexicain de Everardo Gout avec Eva Longoria. Dias de gracia permettra à l’actrice de monter les marches pour un vrai film et pas seulement pour la marque qui fait la fortune de Lilliane Bettencourt.

Un Certain Regard



La section est placé sous l’égide de deux pointures du cinéma mondial, tous deux Palmés à Cannes. L’un, Emir Kusturica, présidera le jury Un Certain regard. L’autre, Gus Van Sant, ouvrira les festivités avec son nouveau film Restless, que certains attendaient plutôt en première division, c’est à dire la sélection officielle bien sûr. Restless nous permettra de retrouver la charmante Mia Wasikowska.

Sans aller trop loin dans les détails de cette présentation, réjouissons nous de la présence à Cannes de quelques cinéastes que nous aimons particulièrement ici. Bruno Dumont, deux fois grand prix à Cannes (L’Humanité, Flandres) et auteur d’un très grand film en 2009 avec Hadewijch, montrera son nouveau film Hors Satan. D’autant plus quand on connait le bonhomme, le titre seul fait déjà saliver.

Kim Ki-duk, même s’il est un cinéaste très inégal et qui a souvent déçu ces dernières années, reste capable du meilleur. Pourquoi pas cette année avec Arirang ?

Un autre réalisateur coréen sera attendu au tournant , Na Hong-jin. Le cinéaste avait bluffé tout le monde en 2008 avec son The Chaser, présenté Hors compétition. Yellow Sea, son deuxième long-métrage d’action, suscite légitimement notre intérêt.

Le prix Un Certain regard avait été attribué en 2010 par Claire Denis à Hong Sang-soo, un de ceux qui tournent plus vite que son ombre. Depuis Ha Ha Ha l’année dernière et dernièrement sorti dans nos salles, le cinéaste a réalisé Oki’s Movie, qui figurait dans la rétrospective que lui consacrait la Cinémathèque française en mars.  En mai 2011, il présentera The day he arrives. Hong Sang-soo doit être un homme de très agréable compagnie. Tous les ans il est invité à Cannes.

Outre Bruno Dumont, Un Certain regard accueille cette année deux autres cinéastes français. Le premier est connu et reconnu. Le marseillais Robert Guédiguian réunit de nouveau sa troupe fétiche (Ariane Ascaride, Gérard Meylan, Jean-Pierre Darroussin) pour Les Neige du Kilimandjaro, nouvelle histoire d’amitiés et de luttes sociales.

Pierre Schoeller, auteur du très beau Versailles (Quinzaine des réalisateurs 2008) avec Guillaume Depardieu, signe lui son deuxième long-métrage, L’Exercice de l’état, à propos de la gestion politique d’un fait accidentel grave. On y retrouvera notamment Olivier Gourmet, Michel Blanc et Zabou Breitman.

Parmi les autres cinéaste en lice dans cette section, signalons les présence avec leurs nouveaux films de :
– la libanaise Nadine Labaki (Caramel, Quinzaine 2007) avec  Et Maintenant on va ou ?
– l’allemand Andreas Dresen (Septième ciel, UCR 2008) avec Halt auf freier Strecke
– le singapourien Eric Khoo, auteur des très beaux Be with me (2006) et My Magic (Compétition officielle 2008), qui signe là un film d’animation intitulé Tatsumi.
– le chilien Cristian Jiménez (Illusiones Opticas, 2010) avec Bonsai
– le norvégien Joachim Trier (Nouvelle Donne, 2008) avec Un 31 août à Oslo
– le roumain Catalin Mitulescu (Comment j’ai fêté la fin du monde, UCR 2006) avec Loverboy
– l’américain Sean Durkin, qui signe avec Martha Marcy May Marlene son premier film de réalisateur mais qui c’est déjà fait remarqué en produisant deux révélations cannoises des dernières annéesn Afterschool d’Antonio Campos en 2008 (UCR) et Two Gates of Sleep de Alistair Banks Griffin en 2010 (Quinzaine).
– le sud africain Oliver Hermanus (Shirley Adams, 2009) avec Skoonheid
– l’australien Ivan Sen avec Toomelah, film aborigène sur la communautée aborigène, deux ans après, dans la même section, la claque Samson et Delilah de Warwick Thornton.
– les brésiliens Juliana Rojas et Marco Dutra avec Travailler fatigue
– le mexicain Gerardo Naranjo (Drama/Mex, Semaine de la critique 2006) avec Miss Bala

A priori, la sélection n’est pas encore définitive. Quelques films, sans doute parce qu’ils ne sont à l’heure actuelle pas encore certains d’être prêts dans les temps, seront peut-être ajouté au line up dans les prochains jours.

La composition des jury sera elle aussi annoncée dans quelques jours.

En l’état, le programme du 64e festival de Cannes est déjà très alléchant. Il y aura sans doute des déceptions, des coups de coeur pour des films qu’on attendait pas ou peu, mais en tout cas on devrait se régaler. Laterna Magica sera là encore une fois et, même si pour cette année ça promet d’être plus compliqué que lors des éditions précédentes (pour une simple question de badges), on partagera autant que possible nos impressions sur le festival et tous ces films.

Line up complet

Film d’ouverture :

Minuit à Paris de Woody Allen (USA /Hors Compétition) 1h40


Compétition :

La Piel que habito de Pedro Almodovar (Espagne) 2h00

L’Apollonide – Souvenirs de la maison close de Bertrand Bonello (France) 2h02

Le Gamin au vélo de Jean-Pierre et Luc Dardenne (Belgique) 1h27

Il Etait une fois en Anatolie de Nuri Bilge Ceylan (Turquie) 2h30

Hanezu no Tsuki de Naomi Kawase (Japon) 1h31

Pater de Alain Cavalier (France) 1h45

Footnote de Joseph Cedar (Israël) 1h45

Le Havre de Aki Kaurismäki (Finlande) 1h43

Sleeping Beauty de Julia Leigh (Australie) 1h44

Polisse de Maïwenn (France) 2h01

The Tree of life de Terrence Malick (USA) 2h18

La Source des femmes de Radu Mihaileanu (Maroc) 2h15

Hara Kiri : death of a Samurai de Takashi Miike (Japon) 2h06

Habemus Papam de Nanni Moretti (Italie) 1h42

Melancholia de Lars Von Trier (Danemark) 2h10

We need to talk about Kevin de Lynne Ramsay (Grande-bretagne) 1h50

Drive de Nicolas Winding Refn (USA) 1h35

This must be the place de Paolo Sorrentino (USA) 1h58

Michael de Markus Schleinzer (Allemagne) 1h34

Hors-Compétition :

Pirates des Caraïbes 4 : La Fontaine de Jouvence de Rob Marshall (USA) 2h20

Le Complexe du Castor de Jodie Foster (USA)  1h40

The Artist de Michel Hazanavicius (France) 1h40

La Conquête de Xavier Durringer (France) 1h45

Séances Spéciales :

Labrador de Frederikke Aspöck (1er film / Danemark) 1h30

Le Maître des forges de l’Enfer de Rithy Panh (Cambodge) 1h45

Michel Petrucciani de Michael Radford (USA) 1h30

Tous au Larzac de Christian Rouaud (France) 2h00

Séances de minuit :

Dias de gracia de Everardo Gout (Mexique) 2h13

Wu Xia de Peter Ho-Sun Chan (Hong Kong) 2h00

Un certain regard

(Jury présidé par Emir Kusturica)

Restless de Gus Van Sant (Film d’Ouverture) (USA) 1h31

The Hunter de Bakur Bakuradze (Géorgie) 1h50

Halt auf freier Strecke d’Andreas Dresen (Allemagne) 1h35

Hors Satan de Bruno Dumont (France) 1h50

Martha Marcy May Marlene de Sean Durkin (1er film / USA) 1h41

Les Neiges du Kilimandjaro de Robert Guédiguian (France) 1h47

Skoonheid de Oliver Hermanus (Afrique du sud) 1h38

The day he arrives de Hong Sang-Soo (Corée du sud) 1h19

Bonsai de Cristian Jiménez (Chili) 1h42

Tatsumi de Eric Khoo (Singapour) 1h34

Et Maintenant, on va où ? de Nadine Labaki (Liban) 1h50

Arirang de Kim Ki-Duk (Corée du sud) 1h40

Toomelah de Ivan Sen (Australie) 1h46

Un 31 août à Oslo de Joachim Trier (Norvège) 1h35

L’Exercice de l’Etat de Pierre Schoeller (France) 1h55

Travailler fatigue de Juliana Rojas et Marco Dutra (Brésil) 1h40

Miss Bala de Gerardo Naranjo (Mexique) 1h53

Loverboy de Catalin Mitulescu (Roumanie) 1h35

The Yellow sea de Na Hong-jin (Corée du sud) 2h20

Lire aussi :

  1. Cannes 2009 : Présentation détaillée de la 62e sélection
  2. Présentation de la sélection du 63e festival de Cannes
  3. Cannes 2009 : Présentation de la sélection Un Certain Regard
  4. Cannes 2009 : présentation de la sélection de la Quinzaine des réalisateurs
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2 commentaires sur “Présentation détaillée de la 64e sélection du festival de Cannes”

  1. dasola dit :

    Bonjour, je constate que c’est encore un peu les même réalisateurs qui sont sélectionnés pour la compétition officielle: Dardenne, Von Trier, Almodovar. Tout cela ne se renouvelle pas beaucoup. Je suis toujours plus intéressée par les sections parallèles qui recèlent souvent des films très intéressants. Wait and see. Bonne fin d’après-midi.

  2. Bonjour,
    Ce mail pour vous faire savoir que la table ronde critique Kaboom l’émission devient une quotidienne pendant toute la durée du festival de Cannes.
    N’hésitez pas à venir faire un tour sur http://www.kaboomemission.com !
    Bien cordialement,

    L’équipe Kaboom

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