Décès de l’actrice Elizabeth Taylor (1932 – 2011)

Elizabeth Taylor, l’inoubliable Cléopâtre de Joseph Mankiewicz, a été l’une des plus belles femmes du monde, en plus d’une grande actrice, et était hier encore  une des dernières incarnations vivantes de l’âge d’or Hollywoodien. Elle est morte ce jeudi 23 mars 2011 à Los Angeles des suites d’une insuffisance cardiaque. Elle avait 79 ans.

Née à Hampstead en Grande-Bretagne de parents américains, Elizabeth Taylor a sept ans en 1939 lorsque ses parents décident de rejoindre Los Angeles pour fuir la Guerre qui éclate.  En Californie, sa maman Sara, qui est actrice, la présente aux studios de cinéma. Après un premier film en 1941 (There’s One Born Every Minute), elle obtient un second rôle auprès du jeune Roddy McDowall dans Fidèle Lassie (F. Wilcox, 1943) et ses parents signent pour elle un contrat avec la maison de production, la MGM.

Dès l’année suivante  dans le film familial Le Grand National de Clarence Brown, Elizabeth Taylor dans un rôle de jeune cavalière impressionne par sa spontanéité et son enthousiasme. Si elle est victime pendant le tournage de plusieurs chutes de cheval qui la laisseront handicapée toute sa vie par des douleurs au dos, Le Grand National fait d’elle une enfant-star et elle enchaîne à ce titre les rôles.
MGM fait cette fois d’elle l’égérie de sa franchise Lassie avec le premier rôle dans Le Courage de Lassie (46). Elle joue aussi dans le drame familial de Michael Curtiz, Mon père et nous en 47 ; dans la comédie musicale Ainsi sont les femmes de Richard  Thorpe (48) et incarne Amy, une des Quatre filles du docteur March de Mervyn Le Roy en 49. Le Roy réalisera bientôt Quo Vadis (51), auquel Liz Taylor participe mais son modeste rôle de prisonnière ne sera pas crédité.

Sublime jeune femme, elle décroche son premier rôle de personnage mature dans Guet-apens, le thriller de Victor Saville (49), auprès de Robert Taylor, célèbre homonyme avec qui elle n’a pas de lien de parenté.
En 1950, à dix huit ans à peine, elle se marie avec Conrad Hilton, héritier de la  célèbre chaîne d’hôtels de luxe. Le mariage offre une publicité particulière à son premier film tourné sous la direction de Vicente Minelli, Le Père de la mariée, sorti la même année. Le second n’est autre que la suite donnée à cette comédie satirique efficace et drôle, Allons-donc, Papa ! (1951).

Amie de Montgomery Clift, elle partage avec lui l’affiche de Une Place au soleil de George Stevens, toujours en 51, puis retrouve Richard Thorpe et Robert Taylor à l’occasion du film médiéval Ivanhoé, ou elle vole la vedette à Joan Fontaine, l’héroïne hitchcockienne avec qui elle avait déjà tourné dans Jane Eyre, quelques années plus tôt (44), mais dans un tout petit rôle. Avec Richard Thorpe, elle tournera un troisième film, La fille qui avait tout (53).

Suite à l’échec de son premier mariage, Liz Taylor convole en seconde noce dès 1952 avec l’acteur Michael Wilding, avec qui elle aura deux enfants. La romance ne durera malgré tout pas longtemps, et Liz Taylor consomme les amants et les maris. Elle trouvera bague à son doigt pas moins de huit fois, avec sept hommes différents (remariage avec Richard Burton en 75, un an après leur séparation). La vie amoureuse de Liz Taylor est quelque peu houleuse…

On lui prête notamment une relation avec le cinéaste Stanley Donen, lequel l’a dirigée en 1952 dans Une vedette disparait, ou Richard Brooks, qui lui la filme dans La Dernière fois que j’ai vu Paris (54). Elle développe aussi des amitiés platoniques fortes avec des acteurs homosexuels comme Montgomery Clift ou James Dean, avec qui elle partage l’affiche de ce qui sera le dernier film du fulgurant acteur, Géant de George Stevens en 1955.

Un autre accident de voiture faillit couter la vie à Montgomery Clift en 1957. L’acteur gardera des séquelles de cet accident mais est sauvé par Elizabeth Taylor, la première avertie et qui l’empêche de s’étouffer. Le tournage de L’Arbre de vie, superproduction qu’ils tournent ensemble sous le regard d’Edward Dmytryk, est alors interrompu. Lorsque le film sort, la performance d’Elizabeth Taylor est saluée par une nomination à l’Oscar de la meilleure actrice en 58, mais la statuette lui échappe.

Peu épargnée par les drames, Liz taylor perd en plein tournage de La Chatte sur un toit brulant de Richard Brooks (58) celui qui était son troisième époux, le producteur Mike Todd, dans un crash d’avion. Elle termine tant bien que mal le film, bénéficiant notamment du soutient de son partenaire à l’écran Paul Newman. Le film, d’après une pièce de Tennessee Williams librement adaptée, est un immense succès qui la consacre pleinement.

Le ticket Tennesse Williams – Liz Taylor fonctionne admirablement. L’actrice retrouve Joseph Mankiewicz pour l’adaptation de Soudain l’été dernier, intense drame qu’elle partage avec Montgomery Clift et ou elle se confronte, avec talent et sensualité, à une impressionnante Katherine Hepburn (1959). Les deux actrices sont nommées à l’Oscars en 1960 mais le prix revient cette année là à la française Simone Signoret pour son rôle dans Les Chemins de la haute ville de Jack Clayton.

Liz Taylor reçoit finalement l’Oscar dès la cérémonie suivante en 1961 à la faveur de son personnage de prostituée dans le pourtant oubliable La Vénus au vison de David Mann.
Sa notoriété et son statut nouveau d’actrice Oscarisée lui permettent de devenir la star la mieux payée du tout Hollywood à l’occasion de la superproduction de Joseph Mankiewicz, Cléopâtre en 1963. A cette époque, Liz Taylor défraie la chronique pour sa vie privée mouvementée. Elle partage l’affiche avec Richard Burton, qui devient son amant et sera plus tard son mari. Leur relation fait scandale
Le tournage de Cléopâtre débute initialement sous la direction de Roubent Mamoulian mais la production du film est une catastrophe. Liz Taylor y va de sa contribution, bien malgré elle, en tombant malade. Elle doit subir une intervention et le film est arrêté pendant plusieurs mois. Joseph Mankiewicz reprendra le tournage en remplacement de Mamoulian et dans les studios de Cinecittà à Rome. La relation entre Liz et Richard Burton heurte le Vatican et crée la polémique, menaçant encore le film d’être interrompu. Mankiewicz parvient à achever le film, alors le plus couteux de l’Histoire du cinéma et qui faillit ruiner la 20th Century Fox. La compagnie intente un  procès contre Liz Taylor en raison de ses frasques, mais c’est l’actrice qui obtient raison. Heureusement, Cléopâtre est un immense succès à sa sortie, le plus grand de l’année 1963 aux Etats-Unis.

Liz Taylor et Richard Burton se marient en 1964. A partir de là, ils ne tournent presque plus l’un sans l’autre. Leur passion amoureuse se reflète à travers  les sept films qu’ils font ensemble après Cléopâtre,  et avec comme succès notable celui du cruel Qui a peur de Virginia Woolf ? de Mike Nichols. Pour ce film, Liz Taylor n’hésite pas à s’enlaidir et sa performance est récompensée par un second Oscar en 1967.
Burton et Taylor ont aussi joué dans La Mégère apprivoisée de Franco Zeffirelli, d’après Shakespeare et qu’ils produisent ensemble (67) ; puis Burton dirige son épouse dans Docteur Faustus qu’il réalise la même année.

Liz Taylor joue aux côtés de Marlon Brando (qui remplace alors Montgomery Clift initialement choisit) dans le troublant Reflet dans un oeil d’or de John Huston pour ce qui est peut-être son plus grands rôle (68). Elle  tourne ensuite deux fois sous la direction de Joseph Losey (Bloom en 68 et Cérémonie Secrète en 69). En 1970, elle retrouve son réalisateur de Une place au soleil et Géant à l’occasion de Las Vegas, un couple mais le film est un échec public et critique. D’une manière générale, ses films marchent moins bien auprès des spectateurs.
Elle continue cependant de recevoir des récompenses : l’Ours d’argent de la meilleure actrice au festival de Berlin pour Hammersmith Is Out de Peter Ustinov en 1972 ; le Golden Globe de la meilleur actrice pour son rôle dans Les Noces de cendres de Larry Peerce en 1973.

En 1976, elle tourne L’Oiseau bleu de George Cukor ou elle partage l’affiche avec Jane Fonda et Ava Gardner et quatre ans plus tard en 1980, elle joue dans Le Miroir se brisa, adaptation d’Agatha Christie par Guy Hamilton, avec Rock Hudson, Kim Novak et Tony Curtis.
Le film est quasiment son dernier. On la revoit chez Zeffirelli en 1988 (Toscanini) ou dans l’adaptation du dessin-animé Les Pierrafeu par Brian Levant en 1994, qui lui vaut le Razzy de la pire actrice, mais Liz Taylor n’apparait sinon plus que dans quelques téléfilms ou séries.

En marge de sa carrière, Elizabeth Taylor s’est engagée avec ferveur dans la lutte contre le SIDA, maladie qui a notamment emporté son ami Rock Hudson. Elle est à l’origine de la création de l’American Foundation for AIDS Research (amfAR) en 85, et fonde son propre organisme, The Elizabeth Taylor AIDS Foundation en 1991.

Victime toute sa vie de nombreuses et lourdes maladies qu’elle a toujours surmonté (cancer de la peau, tumeur au cerveau, pneumonie, scoliose…), les médecins lui diagnostique une insuffisance cardiaque en 2004. C’est cette maladie là qui finira par l’emporter le 23 mars 2011 à l’Hôpital Cedars-Sinaï de Los Angeles où elle avait été admise un mois auparavant.

Benoît Thevenin

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