Wang Liang’s Ideal (Wang Liang de li xiang) de Gao Xiongjie


FICA Vesoul 2011 / En compétition

En Chine, le sacrifice d’un boucher pour son épouse qui ne pense qu’à elle.

Tourné et projeté en vidéo, Wang Liang’s Ideal réussit quand même à ne pas soufrir trop des limites inhérentes à ce format. Sur très grand écran, les couleurs débordent, l’image n’est vraiment pas belle, et le fait que le film soit tourné en caméra portée à vite fait d’augurer d’une épreuve pénible pour le spectateur. On oublie vite tout ça, parce que le récit est prenant et aussi parce que le réalisateur sait tenir sa caméra. En l’occurrence, là, on ne peut pas mieux dire. L’image n’est finalement pas tellement tremblotante, ou si peu.

La conscience de la faiblesse des moyens déployés pour le film s’évapore donc assez facilement. Si Wang Liang’s Ideal déroule un récit relativement convenu et sans grande surprise, on note quand même une construction narrative intelligente, un rythme plutôt bien tenu, pour un film qui réussit à capter notre intérêt.

L’histoire est celle de Wang Liang, un modeste boucher marié depuis six mois à une femme de plusieurs années sa cadette et qui refuse obstinément de s’offrir à lui. Wang Liang subit d’abord la rumeur. Il serait impuissant et ce serait la raison pour laquelle il n’a encore jamais touché son épouse. La vérité est autre. Li Qiao, qui projette de rentrer à l’université, ne veut pas prendre le moindre risque de porter un enfant et de laisser s’échapper en même temps son rêve…

Le destin va se charger d’être cruel envers chacun, mais le principal obstacle à leur union tient simplement au fait que si Wang Liang est très amoureux de Li Qiao, cette dernière n’en a elle rien à faire de lui. Li Qiao est un être méprisable et hautement égoïste qui n’aura aucun scrupule à profiter de la gentille de son mari, lequel sacrifiera tout pour elle, sans jamais aucune contrepartie. Et pire encore.

A travers la trajectoire de ces personnages, ce sont aussi les fractures d’une Chine en mutation qui s’imposent à notre regard. Un film fort qui ne laisse aucun motif pour se réjouir… Mais ça vaut le coup d’être découvert.

Benoît Thevenin


Wang Liang’s Ideal – Note pour ce film :

Année de production : 2010


Lire aussi :

  1. Visage (Face) de Tsai Ming-Liang (2009)
  2. Goodbye, Dragon Inn (Bu san) de Tsai Ming-liang (2003)
  3. I Don’t want to sleep alone (Hei yanquan) de Tsai Ming-liang (2007)
  4. Un Millier d’années de bonne prières / La Princesse du Nebraska de Wayne Wang (2008)
Email

Laisser une réponse