Largo Winch 2 de Jérôme Salle

Largo Winch a été la porte d’entrée vers le marché américain pour le scénariste de bandes-dessinées Jean Van Hamme. Héros internationaliste, Largo propose en effet tous les atouts pour une adoption au-delà des frontières de l’Europe francophone. L’adaptation au cinéma a réunit plus d’un million de spectateurs dans les salles françaises et cumulé une quinzaine de millions de dollars de recette dans le monde. Un succès somme toute relatif mais qui a aiguisé l’appétit des gens derrière.

Le ticket initial Salle-Sisley est reconduit. Tomer Sisley n’est pas blond pour un sous mais il trimballe sa beaugossitude à en faire pâlir presque les différents James Bond. La comparaison est franchement indigne. Tomer Sisley n’a pas un quart du charisme des 007 successifs, sauf peut-être Timothy Dalton et encore.
Torse nu pendant l’essentiel du premier film, Largo Winch a réenfilé le costume dans le second, fort qu’il est de la prise en main du groupe industriel Winch suite à la mort de son père adoptif. La succession attise les convoitise.

Face à lui, dans LW2, il fallait une caution glamour de standing et les producteurs de chez Wild Bunch ont frappé fort. Certes Sharon Stone n’a jamais été une grande actrice, certes sa carrière est au point mort, à tel point qu’elle trouve le temps d’accepter un rôle secondaire dans un film d’aventure français. Mais elle est une star, une vraie, du genre mythique avec son personnage dans Basic Instinct de Paul Verhoeven qui a marqué l’imaginaire collectif. Sans faire injure à Kristin Scott Thomas, qui avait un rôle équivalent dans Largo Winch 1, Sharon Stone est une star internationale d’une toute autre stature.

Jérôme Salle avait déjà augmenté le potentiel glamour de Sophie Marceau avec Anthony Zimmer, son premier long-métrage de réalisateur, lequel avait constitué une plutôt bonne surprise. Avec Largo Winch 2 Jérôme Salle mise tout ou presque sur Sharon Stone. C’est sur elle qu’il faut capitaliser vis-à-vis de tout ceux qui ont été amoureux d’elle dans les années 90 et qui quelque part le sont encore dès lors qu’elle réapparait médiatiquement.

C’est par une plongée sur son décolleté généreux que nous découvrons la première apparition de Sharon. Elle incarne une procureur à la Cour Pénale Internationale très soupçonneuse quant aux activités humanitaires de Largo Winch et quant à la transmission de l’héritage par son père qui fait de lui le numéro un du groupe W.
Diane Francken (S. Stone) est d’emblée présentée comme une sorte de mangeuse d’hommes. Elle est sensée jouer d’égal à égal avec Largo…

Jérôme Salle place alors tous ses premiers pions sur la réminiscence du personnage  culte de Catherine Tramell dans Basic Instinct. Dans son second plan, Sharon Stone  a revêtu un tailleur blanc qui n’est pas sans rappeler celui porté dans Basic Instinct. Dans le troisième plan, elle est assise face à Tomer Sisley, légèrement surélevée face à lui et les jambes écartées. Le plan est de profil mais on ne peut s’empêcher alors de penser que seul Tomer Sisley sait à cet instant si, cette fois, Sharon Stone porte une culotte…

Jérôme Salle orchestre un jeu de séduction qui est alors fortement référencé… mais de façon too much. Dire que l’on y croit qu’à moitié est un euphémisme.

Autre point concernant Sharon Stone : elle est filmée constamment en étant surexposée à la lumière. C’est là une manière artificielle de la rajeunir et que l’on peut imaginer actée dans le contrat qui la lie à la production.

Tout n’est cependant pas basé sur cette unique relation. Largo est amoureux d’une magnifique jeune femme birmane, Malunaï (Mamee Napakpapha Nakprasitte) et c’est son amour pour elle qui va guider d’une façon générale son action.
Largo Winch 2 se déroule entre le centre d’affaire de Genève et la jungle Birmane, déjà théâtre des exploits de John Rambo. Largo sera moins barbare que le fameux mercenaire américain, et les militaires sont là moins sanglants et plutôt attirés par les pots-de-vins. N’empêche qu’il y aura confrontation et donc des scènes d’actions dont on voit bien que Jérôme Salle à voulu les filmer proprement, sans toutefois y arriver toujours. Jérôme Salle cède trop facilement à la mode des scènes d’actions illisibles, ou la caméra s’agite autant pour prétendre un effet de réalisme et d’immersion que pour gommer l’impression d’un découpage pour le moins brouillon.

Largo Winch 2 contient plus d’action que dans le premier film mais ce n’est pas pour autant un gage de rythme haletant. Il y  un problème sur le papier déjà avec la durée du film (2h) car on sait que pour ce genre de métrage, où la durée standard est plutôt 1h40, les vingt minutes en plus se justifient rarement. Ici, ce n’est pas le cas, et le film souffre clairement d’un rythme qui n’est pas toujours bien tenu. En terme d’efficacité pure, Jérôme Salle peut sans doute mieux faire.

Largo Winch 2 se veut un divertissement honorable et admettons quand même qu’il l’est. On ne lui demande que ça et c’est un objectif peu souvent accompli dans le cinéma d’action français. Tant pis pour les running gags pas drôles de Gauthier (Nicolas Vaude), tant pis pour Laurent Terzieff qui méritait une bien meilleure sortie que celle-ci, assez pathétique le concernant. Largo Winch 2 balance entre tiède et froid, et l’impression générale s’en ressent forcément. On a déjà vu ça mille fois, et la mille et unième n’est ni pire ni meilleure que les autres avant.

Benoît Thevenin


Largo Winch 2 : **1/2

Sortie française le 16 février 201

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2 commentaires sur “Largo Winch 2 de Jérôme Salle”

  1. valerie dit :

    Hé bien tu es bien courageux! Je ne serais pas allée voir ce film même si on m’avait payée pour. 1 parce qu’ayant lu ado les aventures de Largo Winch, j’en ai une vision précise dans ma tête et que même les posters du film n’ont rien à voir avec.
    2 parce qu’ayant croisé Tomer, je sais que ses dents raillent le parquet et qu’une huître a plus d’humanité et de charme que lui.
    Bravo

  2. selenie dit :

    On peut lire par-ci par-là que c’est un bon mixte entre James Bond et « Jason Bourne »… Mouais moi j’y vois plutôt entre Agatha Christie dopé au « Fast and furious » ! Les flashbacks ne sont là que pour bien être sûr que le clampin moyen va comprendre l’intrigue et Sharon Stone semble se demander ce qu’elle fait là (elle n’est pas aidé par ses tenues, elle n’a jamais été aussi peu glamour). 0/4

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