Sunshine de Danny Boyle (2007)


2057, le soleil est en train de mourir et l’humanité avec lui. Une équipe d’astronautes est envoyée dans l’espace afin de réanimer l’astre. La mission consiste alors à faire exploser une charge nucléaire (équivalente à la grosseur de Manhattan) à la surface du soleil dans le but de relancer son activité.

Le pitch pourrait faire penser au nanar intergalactique de Michael Bay, Armageddon, dans lequel une équipe de bras cassés était envoyée dans l’espace pour poser une charge explosive sur le colossal astéroïde qui menaçait alors l’humanité.

Rassurez-vous, le film de Danny Boyle n’a rien à voir avec cette daube. Le cinéaste anglais réhabilite au contraire toute l’ambition propre au cinéma de science-fiction. Le genre ne nous a guère proposé de sommets ces dernières années et encore moins dès lors qu’il s’agit de voyage dans l’espace.


Pour son sixième film, Danny Boyle fait de nouveau équipe avec Alex Garland, auteur de La Plage et scénariste de 28 jours plus tard. Le duo revient à l’un des deux thèmes fétiches du cinéaste, la survie au sein du groupe (l’autre thème étant les conséquences qu’impliquent la découverte d’un magot).

De Petits meurtres entre amis (jeu de massacre pour le gain d’une valise remplie d’argent) à 28 jours plus tard (la survie de l’humanité face à un fléau inconnu) en passant par Trainspotting (survivre à la drogue) et La Plage (une chasse au trésor qui détruit l’équilibre idyllique d’un groupe), dans les films de Boyle (à l’exception de Une vie moins ordinaire et de Million), la notion de groupe est constamment mise à mal.

Dans Sunshine, l’enjeu principal est celui de la survie de l’humanité. A partir de ce postulat, le groupe est déjà menacé. La mission est plus importante que la cohésion du groupe, plus importante que l’individu lui-même. Dès lors que les péripéties s’accumulent, le sacrifice est obligatoire et l’humain confronté à un choix éminemment problématique. Faut-il accepter de laisser mourir, d’abandonner, voire de tuer de ses mains, un individu ou alors, rester fidèle à sa morale bienséante au mépris de la survie de l’humanité ?

Parce que les émotions humaines sont imprévisibles et peuvent compromettre la mission, l’équilibre du groupe est assuré par un ordinateur intelligent. Tel HAL dans 2001, l’Odyssée de l’espace, l’ordinateur est programmé pour la réussite de la mission au-delà de toutes considérations sentimentales.

Cette remarque ne doit pas faire oublier que Sunshine ne prétend pas à la même résonance métaphysique que le film de Kubrick ou de son alter ego Solaris par Tarkovski.

Sunshine se construit plutôt comme un thriller spatial. Dès lors que la mission est compromise par une erreur d’appréciation des astronautes, une série d’événements va se succéder telle une réaction en chaîne. Dès lors, la réussite de la mission, même si elle conserve sa prédominance sur tout autre intérêt du groupe, est sérieusement remise en cause. Ainsi, l’intrigue s’éparpille en de multiples directions mais au service du suspens général du film. En effet, la réussite ou l’échec du groupe face aux épreuves qu’il subit à une influence directe sur l’éventuel succès global de la mission.

En 1h40 à peine, Danny Boyle distille une intrigue foisonnante et palpitante pour un film inspiré et qui tend à réinventer la SF cinématographique.

Benoît Thevenin


Sunshine – Note pour ce film :
Sortie française le 11 avril 2007


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